THE LOST KING
de Stephen Frears ***(*)
Avec Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd, Mark Addy
Philippa est mal considérée dans son boulot. Sans doute est-ce dû à son SFC (syndrome de fatigue chronique) qui l'handicape parfois.
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de Stephen Frears ***(*)
Avec Sally Hawkins, Steve Coogan, Harry Lloyd, Mark Addy
Philippa est mal considérée dans son boulot. Sans doute est-ce dû à son SFC (syndrome de fatigue chronique) qui l'handicape parfois.
Rater un film de Michael Winterbottom ? Jamais ! Il suffit de regarder la filmo du garçon très choupi de sa personne au demeurant pour comprendre dans quelle(s) aventure(s) cinématographique(s) il nous balade. Une fois encore le pari est audacieux, original et inédit puisque réalité et fiction s'y emmêlent au point de se confondre. La fiction peut se résumer au fait que deux (vrais) acteurs effectuent un périple d'une semaine dans de beaux et romantiques restaurants du Nord de l'Angleterre pour y goûter des plats. Au départ, Steve Coogan devait partir avec sa petite amie mais à la dernière minute, elle a souhaité "faire un break" et repartir vers son amérique natale. Il a donc élu (en cinquième choix...) un autre acteur, Rob Brydon et la différence voire l'antinomie des deux garçons donc très ciné-compatibles donne lieu à de sévères engueulades et des sommets d'incompréhension réussis et drôlatiques.
Ce film était à l'origine une mini-série qui est passée sur la BBC et réunissait donc ce duo comique très à l'aise dans l'impro et le non-sens. Il se dégage de ce road-movie touristique et gastronomique un charme réel qui donne une envie folle de (re)découvrir l'Angleterre tellement magnifique et de goûter ses plats car contrairement à une fausse idée toute faite et trop facilement reçue, on y mange très bien. Voir les deux garçons est également très réjouissant. L'un est déprimé parce que sa carrière est au point mort (il semblerait que Steve Coogan passe tous les castings de Michael Sheen et que ce soit ce dernier qui obtienne les rôles...) et que sa petite amie l'ait (provisoirement) quitté, l'autre incorrigible optimiste mène une vie de famille (et sexuelle) très épanouie.
Alors oui, c'est beau, les sens sont en éveil et c'est drôle. Mais le gros hic... c'est que l'humour anglais est ici très anglais et que les innombrables (battles d') imitations de stars britanniques auxquelles se livrent les deux rigolos ne sont pas toujours accessibles à nous autres pauvres français. Sans bouder un réel plaisir à retrouver l'excellent Steve Coogan... ce film aurait peut-être quand même dû rester insulaire !
Lors d’une interview à quelques jours du vote à l’ONU pour ou contre la guerre, le Secrétaire d’Etat Britannique Simon Foster commet une grosse bourde en employant un mot inapproprié. Le film décrit les réactions en chaînes et en cascades entre Londres et Washington pour tenter de contrer, comprendre ou rattraper la gaffe qui aboutira finalement à l’invasion de l’Irak…
On entre à Downing Street et à la Maison Blanche comme jamais auparavant. Ce n’est pas tant la visite des locaux qui surprend mais plutôt la bande de furieux limite psychopathes qui y sont installés. Entre les politiques, leurs conseillers, les secrétaires, les sous-secrétaires, les luttes, les haines, les coups bas, trahisons et autres peaux de bananes sont l’ordinaire et le quotidien. Les politiques n’ont d’autre ambition que le pouvoir. Les jeunes aux dents longues qui en approchent les arcanes sont prêts à tout pour se faire remarquer. Et au milieu de ce chamboule-tout réjouissant circule une espèce de conseiller en communication, intermédiaire entre tous les sous-fifres et le patron du 10 Downing Street. Responsable de la bonne marche de l’ensemble, ce bonhomme survolté pratiquement capable dubiquité tant il semble être partout et au courant de tout a une caractéristique bien spécifique : il est incapable de s’adresser à quiconque sans l’éreinter sous des tombereaux d’insultes.
Et c’est drôle. Très.
On ne peut que rire et s’esclaffer à la débauche d’injures, au flux ininterrompu de menaces, grossiéretés et autres noms d’oiseaux proférés ici. Toutes les phrases mériteraient de figurer dans un best of ou de devenir cultes. L’envie de prendre des notes pour se distinguer dans les « dîners en ville » démange tant l’imagination pittoresque et métaphorique est délirante et peu commune. Si le nombre de « fuck », « as » et « shit » est incalculable, les images fleuries et colorées abondent également et c’est un régal absolument hilarant.
Evidemment, il faut être prévenu. Apparemment une dame assise pas loin était plutôt « chocking » si j'en juge par le nombre de "rrrrooo" que j'ai entendus, alors que moi j’explosais littéralement de rire !
On rit donc, beaucoup et fort.
Et puis, la décision est prise après un vote et quelques manipulations de la vérité : « il y aurait » devient « il y a »… il n’en faut pas plus pour envahir l’Irak.
Et soudain on est glacé d’effroi.
Une nouvelle fois, le cinéma nous rappelle (comme s'il en était vraiment besoin) que le monde et son avenir, donc le nôtre, sont entre les mains d’une bande de tarés incurables.