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lee marvin

  • LUMIERE 2009 GRAND LYON FESTIVAL - L'évadé d'Alcatraz, A bout portant, Il était une fois en Amérique...

    A ceux qui souhaitaient continuer la visite de Lyon je suis au regret d'annoncer que j'ai fait beaucoup moins de tourisme puisque j'ai passé environ 8 heures en salle et que c'était merveilleux. Je vais faire un bref commentaire sur les films que j'ai vus pour éviter d'accumuler encore du retard...

    L'heure H du jour J approche... un seul nom est sur toutes les lèvres : CLINT. Tout le monde veut LE rencontrer. J'espère que la ferveur ne va pas l'impressionner et le forcer à faire demi-tour. Pour l'instant, je vous invite à déguster mon coktail de ce troisième jour de festival où manger, dormir deviennent des éléments accessoires, voire très secondaires de la vie ! Et n'hésitez pas à me laisser des commentaires sans vous laisser dérouter par l'étrangeté de ceux qui ont sévis il y a peu.

    Je ne quitte donc plus les lunettes que Thierry m'a offert et qui me donnent bonne mine ! Lui, par contre, est toujours fringant comme un jeune homme et je lui ai trouvé une ressemblance inouïe avec Laurence Olivier, vous ne trouvez pas vous ? :

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    C'est au cinéma CNP Terreaux que je me suis rendue pour voir L'évadé d'Alcatraz :
    Avant la projection deux représentants du personnel de cette salle nous ont fait lecture des revendications qu'ils posent suite au mouvement de grève auquel ils ont mis fin hier (qu'ils en soient remerciés). Ce cinéma désormais sans subvention ne peut plus envisager d'investissements ni sur la salle ni sur le matériel. Quant au personnel il doit faire face aux suppressions de postes et notamment celles du personnel de sécurité. En outre, ils n'ont pas non plus de médecine du travail ce qui est pourtant une obligation pour toute entreprise...
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    L'évadé d'Alcatraz de Don Siegel ***
    est donc la dernière collaboration entre Clint Eastwood et Don Siegel. Après ce film Clint a démarré une carrière d'acteur/réalisateur qui le placera au sommet où il se trouve actuellement. Avant ce film, il n'était pas question de dire du "Bien" de Clint Eastwood verrouillé dans son rôle de Dirty Harry... ensuite, reconnu comme un "auteur", il devient pratiquement interdit d'en dire du "Mal".
    Dans cette prison qui a réellement existé et qui depuis est devenue un site touristique très visité mais néanmoins protégé pour sa faune et sa flore, étaient placés les multirécidivistes de l'évasion des autres prisons des Etats-Unis. Son environnement, la Baie de San Francisco était en lui-même une prison naturelle car compte tenu du vent, de la force des vagues et de la température de l'eau, et bien que la côte ne soit qu'à 1,5 kms il était théoriquement impossible de s'en échapper.
    Ce film est donc l'histoire vraie de Franck Morris, le seul prisonnier à s'être éventuellement évadé. Son corps n'ayant jamais été retrouvé, il est possible d'envisager qu'il ait survécu.
    Puisque le titre ne permet aucun doute, on sait dès le départ que le film ne sera pas une étude des conditions de détention mais les préparatifs  minutieux de l'évasion avec les moyens du bord très très réduits : petite cuillère et papier mâché... Mais il faut reconnaîre que le détenu Morris, c'est Clint, roi de la débrouille et du système D, et que sur son dossier est mentionné : "INTELLIGENCE SUPERIEURE". Mention qui chagrine le directeur de la prison (Patrick Mc Gohan, absolument prodigieux dans le rôle !).
    Quant à Clint, déjà, encore et toujours charismatique, mystérieux et lymphatique, c'est avec une grande économie de mots et de gestes qu'il impose son séduisant et flegmatique personnage. Sans oublier de proférer nonchalemment des horreurs telles que "I hate negros" (ce que les mal comprenant continuent de prendre au premier degré) et de démontrer le contraire, évidemment, mais sans discours (ce que les mal voyant ne peuvent percevoir.. logique !).
    Divertissant et efficace de bout en bout, ce film vaudrait pourtant uniquement pour son admirable et anthologique scène initiale : Clint nu comme un vers, droit SANS ses bottes parcourt nonchalemment, langoureusement tous les couloirs de la prison qui le mènent à sa cellule, et la caméra lui tourne autour... amoureusement ! (non, Fred, on ne voit pas sa zizouille !).
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    Je me suis ensuite rendue au cinéma Pathé Bellecour (vous le connaissez déjà, je vous l'ai montré hier)... et là j'étais trop émue (Thierry, arrête de me suivre...) pour prendre une photo correcte de cette belle salle. Regardez vous-mêmes :
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    C'est moche et flou non ?
    Il faut dire que pour nous présenter :
    A bout portant (The Killers - 1964) de Don Siegel ***
    il n'y avait rien moins que Thierry Frémaux et un autre cinéaste-cinéphile-passionné-passionnant Régis Vargnier (dont "'Indochine" et encore plus "Est-Ouest" font partie des films que j'ai le plus aimés/vus dans ma vie). Quelle chance nous avons !
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    Thierry Frémaux n'hésitera pas à interrompre le film déjà démarré après avoir constaté une erreur de format... enfin, un machin technique qui fait qu'il nous a tenu compagnie en attendant de faire redémarrer le bobinot dans le bon format...
    C'est décidé désormais j'emmenerai TOUJOURS un Thierry Frémaux avec moi au cinéma. Car dans mes salles de Province il arrive que je signale un problème en régie ("Allo Simone, je ne vous entends plus, à vous Cognacq Jay !") mais en général, j'ai l'impression de déranger et jamais on ne remet le film au début. Bon, voilà, ça c'est réglé, je n'y reviens plus.
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    Avec pareille entrée en matière, l'envie de voir le film est décuplée et le bonheur est intégral de découvrir cette pépite noire, cette histoire de tueurs à gages à la poursuite d'un homme à tuer qui se laisse abattre sans broncher. Cette surprise inattendue attise la curiosité du duo de tueurs nés dont les loulous de "Pulp fiction" qui parlent beaucoup avant d'agir doivent être les héritiers. Ils veulent en savoir plus sur cet homme et les raisons de son suicide déguisé.
    Ils vont aller de surprise en surprise, tomber sur l'histoire d'un plan, véritable machine parfaitement huilée, suivie des inévitables trahisons et surtout sur une femme fatale, opportuniste et vénéneuse, ange et démon. Il n'y aura AUCUN survivant à cette mécanique de précision mais ce qui est absolument fascinant au-delà de tout dans ce film extraordinaire c'est la qualité de l'interprétation. Lee Marvin a la classe folle d'un géant qui a bourlingué et qui mène son rôle très haut. Son accolyte est un inconnu (pour moi) Clu Gulager dont on se demande pourquoi il n'a pas fait une carrière de premier plan tant il est drôle, beau et d'une modernité hallucinante.
    John Casavetes, cigarette aux lèvres, fiévreux, à la fois macho et amoureux sacrifié est magnifique. Quant à Angie Dickinson, d'une beauté, d'une douceur, d'une élégance absolues, elle est le poison sublime de ce film de (mauvais) garçons...
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    A peine le temps de manger un sandwich et me voilà de retour en salle près d'Hélène Eastwoodienne très prêteuse qui accepte que je dise "Notre Clint" mais plus "Mon Clint"... et qui me fait des imitations hilarantes de Clint mâchouillant son cigare : "My mule don't like folks laughin' at him".
    Et devinez qui présente le film ???
    Vous allez dire "non, encore ??? Pas lui ???".
    Si.
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    Même en ombre chinoise il imprime bien la pellicule non ?
    Il est accompagné de la délicieuse Marjane Satrapi, complètement emballée par le Festival.
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    Si, c'est bien elle, mais ils avaient tout éteint.. pourtant elle est vraiment très jolie. Et en la voyant descendre les escaliers j'avais envie de lever le poing et de crier "A bas le Shah, à bas le Shah..." :-) Mais je sais me tenir quand il le faut.
    Pour elle qui a tant fréquentés les festivals, elle affirme que celui-ci est le plus formidable qu'elle ait connu car il est simple, cinéphile et populaire et que les nombreux artistes présents n'ont aucune promotion à assurer.
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    Il était une fois en Amérique de Sergio Leone *****
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    Et là, il faut bien reconnaître que c'est un choc et je m'aperçois à quel point il peut être bon de revoir un film car même si je l'avais aimé, je l'ai redécouvert avec enchantement. Et le lendemain mon exaltation pour cette splendeur visuelle, narrative et auditive s'en trouve intensifiée.
    On s'attend à une sombre, violente histoire de mafieux et à leur réussite flamboyante durant la prohibition et on se retrouve face à une aventure ordinaire d'une mélancolie démesurée. C'est un film à vif, écorché vif, avec des personnages faibles, médiocres qui ont passé leur vie à la râter et qui ont fracassé leurs rêves trop grands pour eux, à la réalité. Ce sont des losers magnifiques, tragiques, pathétiques hantés par les démons qui les rongent et ne les quittent pas. Sur des erreurs et des malentendus, tout est anéanti, l'amitié, l'amour et leur enfance brisée, inexistante.
    Ainsi que le disait Marjane Satrapi, chaque plan est essentiel, indispensable. C'est une véritable leçon de cinéma d'une beauté bouleversante dont les images, les personnages et la musique, véritable "instrument" scénaristique sont inoubliables.
    Un quart de siècle a passé sur ce film qui ressemble à un classique mais qui pourtant sublime une indéniable modernité. Il n'a pas pris une ride et pourrait sortir aujourd'hui. Il faut dire qu'il rassemble des atouts incontestables...
    Sergio Leone y démontrait un sens de la narration et du flash-bach absolument sidérant. C'est étourdissant cette façon qu'il a d'installer l'histoire sans se soucier de chronologie mais en nous entraînant néanmoins dans un suspens de tous les instants, à la poursuite de ces anti-héros dont aucun n'est réellement aimable mais tous grandioses.
    Il faut dire aussi que sans doute grâce à une direction d'acteurs irréprochable, le réalisateur offre ici à bien des acteurs leur meilleur, leur plus grand rôle. Robert de Niro et James Woods sont au zénith. On comprend moins que de sublimes, et convaincantes actrices comme Tuesday Weld ou Elizabeth McGovern dans des rôles douloureux soient pratiquement tombées dans l'oubli. Au moins peuvent-elles avoir la satisfaction d'être dans ce film sublime dont elles sont à jamais indissociables !
    Nous avons eu la chance de voir la version internationale de 3 h 40 alors que les Etats-Unis ne proposent que celle de 2 h 45. Peut-être un jour pourrons-nous voir celle de Sergio Leone qu'il a "concentrée" en 4h30, car quitter ces personnages est un crève-coeur.
    Et après une courte nuit de sommeil, résonne encore quelque part la sonnerie d'un téléphone comme une agonie, une vie de remords et de chagrin...
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    Aujourd'hui est un autre jour !
    J'essaierai demain de vous relater cette journée.
    Si vous souhaitez avoir des nouvelles du Festival, peut-être pouvez-vous vous connecter à 17 h 05 sur France Inter pour l'émission de Laurent Delmas et de Christine Masson
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    Moi, j'y serai.