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sous les bombes

  • Sous les bombes de Philippe Aractingi ***

    Sous les bombes - Nada Abou Farhat et Georges Khabbaz Sous les bombes - Nada Abou Farhat

    Pour éloigner son petit garçon de 6 ans des disputes conjugales, Zelna, qui vit à Dubaï, l’a envoyé chez sa sœur dans un petit village du Sud du Liban. Or, nous sommes en juillet 2006 et Israël bombarde le Liban qui devient en quelques jours un champ de ruines. Zelna arrive à Beyrouth le jour même du cessez le feu et part, angoissée, à la recherche de son fils. Seul un chauffeur de taxi, Tony, acceptera contre une grosse somme d’argent de l’emmener dans la zone très dangereuse qu’est devenu le sud du pays.

    La complicité qui naît peu à peu entre la mère angoissée et le chauffeur de taxi vénal alors que tous les deux « s’utilisent » d’une certaine façon, n’est pas la partie la plus réussie du film. Je dirais même qu’elle est superflue et donne au film un côté maladroit regrettable. Car ce que ces deux là ont vécu et vivent encore est suffisamment insupportable et profond sans avoir besoin d’y ajouter une tentative de romance à l’eau de rose…

    Cela étant dit, venons en à l’essentiel de ce film assez admirable dans son genre, ni vraiment fiction, ni vraiment documentaire mais un peu les deux.

    Le réalisateur nous plonge, nous immerge brutalement et sans ménagement dans une réalité, un quotidien qu’on a la chance, le bonheur… dois-je dire le luxe de ne pas connaître de ce côté-ci de la planète. Un jour des bombes tombent, sur la maison, l’école, dans la rue et Philippe Aractingi filme les réactions épouvantées des libanais surpris dans leur routine. Confortablement installé dans le fauteuil du cinéma, on ne peut s’empêcher de sursauter et de trembler.

    Et lorsque la pluie de bombes cesse, que reste t’il ? Des décombres, des débris… « Là, c’était ma chambre » dit une jeune fille hagarde devant son immeuble éventré. Un petit garçon de 11 ans dira « j’ai déjà connu deux guerres. Celle-ci était la pire, elle a duré 33 jours, l’autre n’avait duré que 16 jours ! ». Zelna et son chauffeur traversent les villages en ruines de ce pays qui compte ses morts une fois encore. Zelna cherche les survivants, son fils, sa sœur, sa famille et se heurte successivement au découragement, à la détresse, à l’angoisse puis à l’espoir quand on lui annonce avec certitudes que son fils est vivant…

    Tout au long de cet étrange road movie de cauchemar, le réalisateur maintient jusqu’à la dernière seconde une sorte de suspens (la partie "fiction") qui ne détourne jamais l’attention du spectateur de l’horreur de ce que traversent les personnages (la partie « documentaire »). Il maîtrise les deux et miracle, ne sombre jamais dans le mélo et le pathos malgré la tournure bouleversante et poignante que prennent certains évènements.

    Ce film impressionnant, éprouvant, plein de dangers, de colère et d’incompréhension vous laisse clouer au fauteuil. Il est, comme on l’a rarement vu, un témoignage sur la bêtise, l’absurdité des guerres et surtout la souffrance insondable, injuste, inqualifiable des innocents et des survivants.

    Sous les bombes