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vincent delerm

  • Vincent Delerm

    Certaines savent qu’hier pour différentes raisons, j’étais « à l’ouest », je me suis donc complètement plantée dans les horaires, les adresses de salles et les titres de films… De fait, je n’ai rien vu en scope mais je n’ai pas perdu ma journée pour autant, ou plutôt ma soirée. Loin s’en faut.

    Vous me direz…

    si, vous me direz :

    « quel rapport y’a-t-il entre un concert de Vincent Delerm et le cinéma ? ».

    Et je répondrai « tout, absolument tout ». Car Vincent Delerm a dû être cinéaste dans une vie antérieure, ou bien il le sera dans la prochaine.

    Evidemment j’y suis allée toute seule comme une grande car je suis entourée de gens comme vous et vous qui ont pris Vincent en horreur et qui ne se donneront pas la peine de découvrir qu’entre ses albums (que je vénère) et la haute tenue de ses concerts (que j'idolâtre), il y a un univers inimaginable. Je suis déçue de ne pas réussir à convaincre les « contre » mais je comprends aussi car même si on me démontrait le talent incontournable de certain(e)s (pour les noms, il faut demander gentiment… je balance des horreurs pour presque rien !), il faudrait me torturer pour que j'aille les voir.

    Mais revenons-en plutôt à Vincent Delerm. Comment parler d’un album et d’un spectacle qui s’ouvrent par ces mots « Tous les acteurs s’appellent Terence… » ? Sans doute faut-il commencer par dire que l’artiste qui scénarise généralement ses spectacles et dont la réputation sur scène n’est plus à faire, a choisi d’orienter définitivement et exclusivement celui-ci vers le cinéma. Et c’est éblouissant du début à la fin.

    Un écran apparaîtra parfois en fond de scène. En ouverture, le lion de la MGM rugira comme si on y était et à la fin un générique façon vieux film des années du muet énumère toutes les personnes que Vincent Delerm remercie ou qui ont contribué à l’album ; ce qui est très malin et beaucoup moins fastidieux qu’un énoncé au micro d’une liste de gens qu’on doit applaudir et dont on ne sait qui ils sont.

    Vincent Delerm est cinéphile mais il vit dans la vraie vie aussi. Comme moi, disons pour faire court. Le voir et l’entendre sur scène c’est donc trouver des échos à la fois dans la banalité du quotidien grâce à la finesse et la profondeur de son écriture et dans le rêve du grand écran grâce à la beauté et l’intelligence des décors et de la mise en scène. Des silhouettes en carton grandeur nature représentent des stars hollywoodiennes mais leurs visages ont été remplacés par ceux des deux musiciens et du chanteur. Ils les amènent eux-mêmes sur scène. Les hommages au cinéma se succèderont, au cinéma de Lelouch « Deauville sans Trintignant » et la merveilleuse voix de l’acteur, à François Truffaut grâce à une reprise de « L’amour en fuite » de Souchon (présent aussi par la voix) qui s’achèvera sur la tirade de Jean-Pierre Léaud qui martèle « Antoine Doinel… Antoine Doinel, Antoine Doinel, Antoine Doinel… », puis Woody Allen, François De Roubaix, Jacques Tati, Fanny Ardant… Les souvenirs défilent dans la tête, s’imposent, on se souvient, et la musique et les paroles se mêlent aux images.

    Mais aussi, mais surtout, un concert de Vincent Delerm c’est, contre toute attente pour beaucoup j’imagine, plus de deux heures où l’on éclate de rire comme il arrive rarement dans des concerts. Le chanteur ponctue son spectacle d’histoires, d’anecdotes et c’est toujours plein de finesse, d’ironie mais aussi d’énormément d’autodérision. Il faut le voir se moquer de lui-même parce qu’il n’a pas trouvé les bons mots qui rendent intelligents lors d’une interview… comme si le fait d’être « une vedette » vous permettait brusquement d’avoir un avis sur tout. C’est tordant quand il évoque grâce au « Monologue Shakespearien » les âneries qu’on peut entendre à la sortie d’un film ou d’un spectacle.

    Moi-même en sortant de la salle et alors que j’étais sur mon petit nuage (et que j’y suis encore), j’ai entendu :

    « … oui… mais bon… je ne me suis pas sentie prise dans une mouvance… euh ! tu vois quoi ??? ». (Inutile de vous dire que cette personne gît désormais dans le caniveau).

    C’est doux, tendre, infiniment nostalgique, drôle et respectueux. Et parfois une folie douce s’empare de Vincent et de son piano, un ragtime, on s’agite, on tape des mains et on chante, on chante… Car le public (très très féminin) connaît son Vincent sur le bout des lèvres. Mais ce spectacle n’est pas uniquement fait pour les filles de 1973 qui ont de plus en plus, plus de trente ans… Cela dit quand il demande de chanter tour à tour, cela donne :

    - « maintenant les filles de 1973 uniquement ? »… (un joyeux vacarme) ;

    - « les filles des années 70 ? » (beaucoup de bruit),

    - « les filles des années 60 ? » doute de Vincent (un bourdonnement),

    - « les filles… des années 50 ??? » surprise de Vincent (yeeeeeeeeeepaaaaaaaaaaah… un murmure !!!),

    - « euh… les filles des années 40 ??????????? »… silence.

    On sort… Enfin JE suis sortie de la salle, gaie comme un pinson, légère, joyeuse, radieuse, charmée, comblée, ravie et… calme, comme je ne l’ai pas été depuis 12 ans 5 mois et 48 jours... avec en boucle l'album "15 chansons" qui tourne dans la voiture.

     Merci et vivement qu'il revienne.

     

     

    P.S. : Vincent était déçu et un peu en colère car la distribution de « Michoko » qu’il prévoit à chaque concert pendant son faux entracte (hilarant et faux car il ne quitte pas la scène) lui a été refusée et il s’est aperçu aussi que les billets avaient été vendus plus cher qu’ailleurs !!! M’étonne pas moi.

    P.S. 2 : mes photos sont toutes pourries, je n'ai pas l'appareil qu'il faut pour ce genre d'évènement... donc, voilà, je peux juste mettre le plafond genre chapelle Sixtine de la salle. Pas prétentieux pour deux sous dans le coin ...

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  • Vincent Delerm

    Politesse et respect de gentleman, et de mémoire de « concerteuse » c’est la PREMIÈRE fois que je « surprends » un artiste à arriver à l’heure !

    Vincent Delerm pousse l'insolence jusqu’à être là avant d’y être car :

    rideau blanc sur la scène, un film de et sur Vincent est projeté : Vincent joue au ping-pong, Vincent joue au foot, Vincent nage… et déjà c’est drôle. Une partie de son public conquis l’attend. L’autre partie (qui accompagne les afficionados) sera rapidement sous le charme dès qu’à son piano il nous ravira les oreilles de quelques piqûres d’araignées. Moi j’y étais seule, sous le charme, en harmonie complète avec une salle comble avec qui Vincent Delerm installe instantanément une complicité, qui en dehors des chansons que l’on fredonne par cœur, est faite d’histoires drôles, de jeux de mots (très très lourds parfois…), de charades… une véritable conversation. C’est d’autant plus rare que cela semble un authentique besoin chez ce chanteur élégant, heureux d’être là comme s’il s’agissait de son premier concert.

    Cinéphile (chaque chanson est un « film » où plane une ombre) et musicien, il virevolte d’un instrument à l’autre, il occupe tout l’espace, sans jamais interrompre l’échange qui ne se limite jamais à quelques paroles polies entre chaque chanson.

    Il évoque son enfance, son adolescence qui forcément font écho à celles de chacun d’entre nous. Il parle de son époque, de sa ville, de ses amours enfantines, c’est ironique et délicat. Vincent est pudique, rêveur mais c’est aussi un clown. Il invite le public à chanter. Jamais il ne se fait prier, le public. Vincent réduit l’effectif : c’est au tour des « scorpions » de chanter, puis des « scorpions ascendant scorpions », puis des « scorpions qui ont le Bafa »…

    Les rappels se multiplient. Il revient toujours heureux, car j’en suis sûre à présent, c’était son premier concert ! Et le comble, c’est que c’est lui qui finit par nous remercier pour cette belle soirée.

    Hier soir, j’ai rencontré un Prince !