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  • UN SINGE EN HIVER

    d’Henri Verneuil ****

    un singe en hiver -

    Encore un miracle du septième art. Moi qui suis allergique au degré terminal aux poivrots et autres pochtrons qui prétendent que la moindre fiesta ne peut se faire sans être imbibé jusqu’aux yeux, qui affirment qu’on ne peut décoller du réel en dessous de trois grammes par litre, je me prosterne néanmoins devant ce film qui fait l’éloge de la cuite, l’apologie de l’ivresse ! Un véritable plaidoyer pour l’ivrognerie.

    Il faut dire que les deux pochards ici présents élèvent la biture à un niveau artistique qui enivre !!! Et le singe égaré, comme on en rencontre en Orient au moment des premiers froids, c’est Jean-Paul Belmondo qui confirme la révélation qu’il fût dans « A bout de souffle » et tient toutes les promesses de l’acteur majuscule qu’il a toujours été. (Ah oui, j’aime Belmondo, le saviez-vous ?).

    A force de voir et revoir ce film… l’histoire passe carrément au second plan (pourtant elle est belle et forte) et je ne vois plus que la rencontre de deux acteurs-monstres sublimes et d’un dialoguiste hors pair qui leur a mis en bouche une avalanche de répliques cultes qu’ils savourent et nous servent avec délectation. L’un vieillissant, Gabin, qui n’a pas eu son compte d’imprévus, « j’en redemande » hurle t’il, et semble passer le flambeau à l’autre, Belmondo, admirable. Il le prend sur son cœur : « dans mes bras fils, tu es mes vingt ans ! ». La tendresse et l’admiration que ces deux géants se portent sont palpables à l’écran.

    Le mieux pour vous redonner l’envie d’avoir envie est d’entendre ceci :

    « Depuis qu’il a arrêté de boire, il a viré sournois ».

    « Le picon bière, ça pardonne pas. C’est de ça que mon pauvre papa est mort ».

    "- Oui monsieur, les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qu'ont toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients, ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs. Ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges !

    - Excuse-moi, mais nous autres, on est encore capables de tenir le litre sans se prendre pour Dieu le Père.

    - Mais c'est bien ce que je vous reproche. Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond vous méritez pas de boire. Tu t'demandes pourquoi y picole l'espagnol ? C'est pour essayer d'oublier des pignoufs comme vous. »

    « Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Wang Ho veut dire fleuve jaune et Yang Tse Kiang fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez compte de l'aspect grandiose du mélange : un fleuve vert, vert comme les forêts comme l'espérance. Matelot Hénault, nous allons repeindre l'Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de merde ! »

    « Mais c'est d'ta faute ! Si tu buvais plus vite, elle serait déjà là ! Les choses entraînent les choses... Le bidule crée le bidule... Y a pas de hasard ! Allez ! On rentre à la caserne ».

    Et puis à la toute fin Albert et Gabriel se séparent dans un train pour ne plus jamais se revoir sans doute : une poignée de mains, le sourire ému de Belmondo, le regard attendri du jeune pour le vieux… et la dernière image emplie de la détresse de Gabin, seul sur le quai…

    … « et le vieil homme entra dans un long hiver ».

    Un miracle qui vous fait descendre le Yang-Tsé-Kiang et voir Manolete !

    Albert : « A la gloire des fusiliers marins d'Extrême-Orient !

    Gabriel : A Manolete ! Tué à Linarès par le taureau Isleiro ! »

    En résumé, le bidule crée le bidule.

    Je vous dis : MAGIQUE ! Tchin.

     

  • ENCORE UN HÉROS ! JEAN MARAIS

    Vous étiez pour moi l'homme idéal. Séduisant, charmant, délicat, spirituel, etc. Vous avez tellement incarné pour moi cet homme que j'aurais aimé aimer que...

    Personne d'autre ne vous a remplacé dans ma vie. » !!!

    Ce sont les paroles d’une « fan » encore un peu plus ravagée que moi car si je fus longtemps inconsolable, j’ai trouvé apaisement (si pas consolation) auprès de Paul Newman, de Clint et tant d’autres !!! Si Jean Marais est responsable de ma frivolité et de mon inconstance, je suis coupable du reste...

    J’ai longtemps été convaincue que Jean et moi convolerions en justes noces dès que ma métamorphose de vilain petit canard en élégant cygne serait accomplie. Un écart d’âge de plus ou moins un demi siècle !!! Qui s’en préoccupe ? Pas moi, et pas lui en tout cas. J’ai vite compris que dans « Peau d’Âne », il ne rêvait que d’épouser sa fille et que dans « Le bossu » il réalisait l’exploit incestueux même si Aurore de Nevers n’est que sa fille adoptive !!! Que toutes les péronnelles des années 50, 60 et 70 se pâment à son approche ou convulsionnent entre ses bras en minaudant « Philiiiiiipe ! » m’importait peu. J’avais confiance.

    Un jour il m’est apparu dans une brume ouatée face à Madeleine Sologne (soit), en pull jacquard, et ce fut le choc, foudroyant et définitif : le coup de foudre « L’Eternel retour »

    Cet apollon au corps d’athlète devient l’emblème d’une génération et croise Jean Cocteau avec qui il formera un couple qui deviendra aussi célèbre que son équivalent hétéro Renaud-Barrault. Il aime les garçons, il aime Cocteau, qu’importe c’est un héros et en 1941 il « corrige » le critique antisémite Alain Laubeaux de la revue « Je suis partout » qui s’était moqué de Cocteau. Truffaut s’est inspiré de ce coup de gueule dans une scène du « Dernier métro ».

    Cocteau dit de lui qu’il est : "Le type de l'acteur-poète qui ne profite pas des oeuvres en virtuose, mais ne cherche qu'à les servir." Et oui, il porte et élève tous les films vers le haut. Cocteau a raison et moi j’attends mon tour.

    C’est Jacques Demy en 1970, filmant un hommage à Cocteau qui lui offre un rôle royal afin qu’il soit enfin le mythe mérité. Dans Peau d'âne, il joue le père incestueux de Catherine Deneuve, et il est parfait dans ce registre mi-poétique mi-grave

    Avant cela, il m’aura fait rêver. Il avait la fougue de Belmondo dans les cascades, la beauté de Delon (mais la sienne n'a jamais fané), l'ambiguïté de Gérard Philippe, la répartie d'un Serrault, le comique distancié d'un Bourvil. Il était parfait, il était complet. Sa voix brisée, son physique inouï, son jeu à la fois inspiré et détaché m’éblouissaient.

    Après la secousse de « L’éternel retour », je l’ai découvert au pied d’un escalier géant et dans le double rôle de « L’Aigle à deux têtes » il m’a conquise définitivement. J’ai constaté et apprécié plus tard qu’il pouvait être léger et le voilà à jamais et pour toujours le seul Comte de Monte Cristo, Le Bossu, le Capitaine Fracasse, le Masque de Fer, et tous les remakes n’y pourront rien. Personne n’a prononcé comme lui ces paroles « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère viendra à toi ».

    La splendeur des splendeurs demeure évidemment « La Belle et la Bête » (dans un triple rôle cette fois, Merci Cocteau) que l’on peut revoir et revoir sans jamais se lasser. Emerveillé par l’histoire quand on est enfant, méditant sur cette histoire d’amour et sur la différence quand on est adolescent (est-il sûr d’ailleurs que la Belle soit satisfaite de la métamorphose ultime de la Bête qui abandonne sa gangue d’être de douleur pour devenir un prince pâle et falot ?), on y voit plus tard un jeu sur l’humanité et l’animalité qui sont les deux pôles de tension qui charpentent le film.

    Et puis le miracle s’est accompli : nous nous sommes rencontrés ! Nous avons été voisins à Montmartre. Notre toute première fois fut bouleversante, inoubliable et définitivement frustrante. Lorsque je l’ai vu venir vers moi, tout ce qui l’entourait était baigné par cette même brume ouatée dans laquelle il m’était apparu la première fois et qui rendait la scène irréelle. Le « color by de Luxe » avait disparu et tout était noir et blanc comme dans le souvenir de mon éternelle attente.

    Tout auréolé de sa crinière, je le jure, il marchait au ralenti. Certaines auraient parlé peut-être, d’autres se seraient évanouies sans doute… et moi, qu’ai-je fait ??? Je me suis transformée en statue de sel, figée, la mâchoire pendante, les yeux exorbités à la Marty Feldmann : j’étais l’incarnation du glamour !!! Il n’a perdu aucun de ses moyens devant cette vision d’horreur et quand il est passé à ma hauteur, son merveilleux sourire tout dévoilé, il a ri… Oui, messieurs, dames Jean Marais a ri en me voyant la première fois. Pas un éclat de rire méprisant ou blessant ou moqueur, non, non, un beau rire en un seul son « Ah ! », un éclat de rire bienveillant, amical et gentil. Le croirez-vous qu’en vous le racontant, j’en ai les larmes aux yeux ???

    Nous nous sommes croisés régulièrement ensuite, on se souriait, on se disait « bonjour » en voisins courtois, j’allais le voir au théâtre, je lisais ses livres. Puis il est parti vivre à Cannes, et mourir d’une crise cardiaque… normal pour cet être aérien et magnifique qui disait de lui même : "Je me fous de la postérité" et aussi « Ma vie est une énorme injustice : je suis trop heureux. »

    Et voilà de quoi je suis coupable : je ne lui ai jamais dit que je l’aimais.

    jean marais -

  • UN AN, UNE NUIT

    d'Isaki Lacuesta **(*)

    Un an, une nuit

    Avec Nahuel Perez Biscayart, Noémie Merlant, Quim Guttiérez, Alba Guiler

    Ramon et Céline sont au Bataclan avec un couple d'amis et assistent à concert du groupe Eagles of death metal.

    Pas de chance, c'est précisément ce soir là du 13 novembre 2015 que de sinistres crevures décérébrées ont choisi pour mener leur croisade contre l'Occident décadent. Les quatre amis en réchappent, Ramon et Céline rentrent chez eux et chacun va vivre son TSPT (troubles du stress post traumatique) à sa manière. Alors que Ramon multiplie les crises de panique, parle beaucoup, est incapable de se concentrer, quitte son travail, Céline tombe dans un déni total, souhaite passer à autre chose, soutient néanmoins comme elle peut Ramon mais voudrait ne plus entendre parler de ce soir là. Elle n'en a d'ailleurs parlé à personne mais s'affole lorsque le 14 juillet suivant un camion fou s'élance dans la foule sur la Promenade des anglais à Nice. Ses parents habitent Nice...

    Ce film arrive après le relativement récent Revoir Paris, qui évoquait la même horreur mais côté restau. C'est toujours ballot d'arriver après. Le film d'Alice Winocour fut encensé par une critique quasi extatique et pas celui-ci. Etrange, car selon moi les deux films se ressemblent comme deux jumeaux (sauf que Noémie n'est pas Viriginie...). Il évoque également le parcours d'un couple et n'est pas plus convaincant et pas plus émouvant. Même s'il fait peur lorsque peu à peu au cours du film et de flash-backs, l'attentat est reconstitué sans pour autant montrer les terroristes pas plus que l'amas de corps au sol. Comme le suggèrent les policiers venus secourir les participants au concert réfugiés dans les locaux techniques il vaut mieux ne pas regarder en bas. Et même si le sentiment d'empathie sincère envers toutes les victimes mortes et survivantes est très fort tout au long de la projection.

    Le film est adapté du livre que Ramon Gonzalez un survivant a écrit. Mais à l'écran, premier handicap, le couple ne fonctionne pas. Noémie et moi ne serons pas réconciliées avec ce film mais mettre dans son lit et dans sa vie de cinéma le merveilleux acteur Nahuel Perez Biscayart... ça ne marche pas. Elle, grande, solide et lui minuscule, frêle... le couple dysfonctionne physiquement et dysfonctionnera intellectuellement au cours de cette année nécessaire pour revivre, intégrer voire évacuer ce qui s'est passé cette nuit là. Vous allez me dire (n'est-ce pas ?) qu'il ne faut pas s'arrêter au physique. C'est difficile quand la différence et le dysassortiment (fait de ne pas être assortis) est de cette ampleur au point d'être gênants. Elle a toujours l'air d'être sa grande soeur et lui un petit oiseau.

    Passé (difficilement) cet obstacle, le film n'est évidemment pas inintéressant. Haché par de nombreux flash-backs terrifiants mais je le répète, seule la terreur des survivants qui ne savent quoi faire est montrée, pas les actes terroristes eux-mêmes, il s'attarde longuement, très longuement sur la tentative de reconstruction pour l'un, de "faire comme si" pour l'autre sans qu'aucun des deux personnages ne semble montrer la moindre évolution, la moindre réflexion. Ils restent comme campés sur leurs positions. Jusqu'à un virage brutal qui renverse totalement et inexplicablement la vapeur. Noémie/Céline semble subir comme un électrochoc au point qu'un quart d'heure avant la fin et alors qu'au début on voit clairement Ramon et Céline rentrer chez eux sous leur couverture de survie, il semble que Ramon soit mort. Je n'ai vraiment pas compris ce moment comme si on devait se dire à cet instant : "ah ok, Ramon est mort, c'est pour ça qu'elle va pas bien dans sa tête Céline". Mais non.

    Noémie Merlant est sans doute formidable mais elle ne m'atteint pas cette fille et lorsqu'elle se fâche, elle prend un incompréhensible accent britannique assez rigolo. Nahuel Perez Biscayart est par contre sans la moindre hésitation formidable et sait comme personne retranscrire la souffrance irraisonnée mais bien réelle d'une crise de panique.

    La dernière scène est très jolie, apaisante, rassurante mais les 2 h 10 pour y arriver piétinent et sont interminables.

    Le film sur le traumatisme des attentats reste pour moi le bouleversant Amanda de Mikaël Hers.

  • UN MÉTIER SÉRIEUX

    de Thomas Lilti *

    UN METIER SERIEUX, THOMAS LILTI, CINEMA, Vincent Lacoste, François Cluzet, Adèle Exachopoulos, Louise Bourgoin, William Lebghil, Lucie Zhang, Théo Navarro-Mussi

    Avec Vincent Lacoste, François Cluzet, Adèle Exachopoulos, Louise Bourgoin, William Lebghil, Lucie Zhang, Théo Navarro-Mussi

    C’est la rentrée des classes, la soupe à la grimace, pour Pierre (François Cluzet, histoire-géo), Meriem (Adèle Exarchopoulos, maths), Fouad (William Lebghil, anglais comme une vache espagnole), Sandrine (Louise Bourgoin, S.V.T.), Alix et Sofiane (EPS), tous enseignants dans un collège de banlieue à différents stades de leur carrière professionnelle.

    Et pour Benjamin (Vincent Lacoste), petit cartable sur le dos comme un enfant (smiley qui se tape la tête), c'est la toute première rentrée en tant que professeur de mathématiques contractuel et remplaçant.

    Comme vous pouvez le constater au nombre très limité d'étoile(s), je n'ai pas aimé ce film. Je m'y suis même profondément ennuyée. Les enseignants me diront peut-être ce qu'ils en ont pensé. Je l'ai trouvé moi, complètement à côté de la plaque et se limitant à un empilement de situations qui ressemble rapidement à un catalogue de l'enseignant dans tous ses états. Qu'il y ait entraide et cohésion au sein de l'établissement et dans la salle des profs, ok, on valide. Mais que les profs soient constamment collés les uns aux autres au point de se ramener en voiture chaque soir (Cluzet fait littéralement office de transport en commun), que deux d'entre eux partagent un logement comme une coloc' d'étudiants, qu'ils s'invitent à tour de rôle TOUS ENSEMBLE, jouent au Trivial Pursuit en buvant des bières... on doute ! Sans oublier la sortie pour faire du surf (que vient faire cette scène dans ce film ???), sortir de l'eau en urgence pour éviter les baïnes, s'apercevoir qu'un prof est manquant, mais aussi le burn-out qu'on sent arriver comme un tank dès que Louise Bourgoin entre en scène, l'idylle impossible ou éventuelle entre au moins quatre (2 X 2) collègues... N'en jetez plus la cour est pleine. Dois-je parler de l'alerte incendie ou intrusion ou attentat ??? Comme les profs, mal formés, mal informés, on n'y comprend rien. N'oublions pas non plus l'inspection caricaturale au possible où l'inspectrice assassine littéralement la prof.

    Ok, j'ai bien compris que le réalisateur a voulu mettre l'accent sur la solidarité entre ces collègues mais en se concentrant sur les profs, il limite son film à cela et on finit par ne plus croire à cette cohésion sans faille et de tous les instants. A une exception près (une honte de conseil de discipline où les délibérations consistent à mettre un bulletin dans une enveloppe et sceller ainsi le sort d'un collégien), les élèves sont inexistants. Ils sont pourtant nombreux, bruyants mais transparents.

    Tout ici est survolé et abandonné. Même la gifle d'une prof à un élève est laissée en plan... scène suivante, on n'en parle plus. Les problèmes de la vie personnelle de certains évoqués sans nuances ni profondeur (le personnage de Louise Bourgoin se fait frapper par son fils... sans suite). Je n'en pouvais plus de ces approximations, de ce survol sans queue ni tête.

    Je n'avais déjà pas beaucoup aimé les précédents films de Thomas Lilti. Hippocrate comme Médecin de campagne m'avaient déplu et mortellement ennuyée. Je crois qu'il faut que je m'abstienne à l'avenir et évite en règle générale les "films de métier". Pourtant, celui d'enseignant est un que j'admire et qui me passionne et pour lequel j'ai un profond respect. Mais le réalisateur coincé dans une vision étriquée du prof sans vie personnelle, toute entière consacrée à la camaraderie, une vie vouée exclusivement à un sacerdoce pour échapper au quotidien d'une vie familiale ratée me semble vraiment une vison limitée et expéditive. Le fait d'écarter tout ce qui fait que l'éducation nationale est au bord de la crise de nerfs, voire du gouffre (classes surchargées, bâtiments mal entretenus, manque d'effectif, classes sans prof, absence de remplaçants, parents ingérables, dépression, suicide...) est un choix du réalisateur certes mais rend (à mes yeux) ce film qui se veut un observatoire réaliste vraiment pas sérieux du tout. Accabler l'inspectrice, ridiculiser le principal et surtout son adjoint, ne nous donner aucun repère quant au cours de l'année qui passe, ne pas s'attarder dans la cour de récréation... tout manque à ce film qui pourtant dure 1 h 41 (longue) où finalement rien n'est dit et rien ne se passe.

    Côté réalisation, en plus de sauter continuellement du coq à l'âne sans nous donner la possibilité de suivre au moins en profondeur un ou deux parcours, j'ai trouvé le film très laid visuellement. J'ai d'abord cru qu'il évoquait les années 70 ou 80, bien ternes. En apercevant un portable, j'ai compris qu'on avait dépassé les années 2000, puis qu'il était parfaitement contemporain (malgré la voiture de François Cluzet... scènes pas drôles). Je me suis quand même demandée si Thomas Lilti avait mis les pieds dans un collège récemment ? Pour en fréquenter régulièrement, je peux assurer que les élèves de troisième ne sont absolument pas habillés avec des fringues de récup' de l'Armée du salut. Mais c'est quoi ces looks ??? Idem pour les profs. Passons, je suis snob.

    La petite étoile est pour Vincent Lacoste et Adèle Exarchopoulos qui sont les plus crédibles et attachants. Et pourtant ils assurent n'avoir pas dans la vraie vie eu une carrière scolaire époustouflante. Preuve qu'ils sont d'excellents acteurs. Le pire étant (évidemment) William Lebghil, toujours bloqué dans une éternelle adolescence et qui campe un professeur d'anglais absolument improbable à l'accent à couper au couteau : N'IMPORTE QUOI !

  • UN COUP DE MAÎTRE

    de Rémy Bezançon ***

    UN COUP DE MAÎTRE, Rémy Bezançon,  Bouli Lanners, Vincent Macaigne

    Avec Bouli Lanners, Vincent Macaigne, Bastien Ughetto

    Arthur, propriétaire d'une galerie d'art a quelques soucis avec un des artistes qu'il représente.

    Renzo Nervi que jadis la critique encensait et dont l'oeuvre était réclamée à travers le monde est devenu amer, misanthrope et franchement invivable depuis la mort de son épouse. Il ne se remet pas de ce drame et depuis se montre intransigeant, ingérable et son inspiration est également en berne. Mais Renzo n'a qu'un ami sur terre et il s'agit d'Arthur qui ferait tout pour sortir son ami de cette mauvaise passe. En grandes difficultés financières, les deux amis vont élaborer un plan astucieux mais diabolique que ceux qui n'ont pas vu le film argentin du même titre (Mi Obra Maestra en VO) de Gaston Duprat dont celui-ci s'inspire auront le plaisir de découvrir. Le film se scinde ainsi en deux parties franchement distinctes : avant et après le plan.

    Ne vous fiez pas à l'affiche qui annonce (me semble-t-il) une grosse farce. Le film développe une belle originalité en traitant l'amitié véritablement comme une comédie romantique. Le lien très fort qui unit Arthur et Renzo impressionne par sa profondeur, sa sincérité et sa générosité. Il faut qu'Arthur aime Renzo de tout son coeur pour accepter toutes les provocations que ce dernier multiplie en refusant de jouer le jeu social. La légère critique du milieu de l'art contemporain est assez savoureuse et le réalisateur pointe les égarements d'un milieu qui devient un commerce et où les ambitions mercantiles prennent le pas sur le talent. Renzo est donc présenté comme un artiste "pur" qui ne réussit pas à se fondre dans le moule qu'on voudrait lui imposer. Refusant toute compromission, sans filtre et suicidaire, le comportement de Renzo donne au film une dimension dramatique et émouvante que le twist (qui arrive un peu tard) va transformer en comédie.

    Mais quelque soit le registre dans lequel évoluent les deux personnages principaux (les autres sont réduits à des silhouettes anecdotiques), Bouli Lanners et Vincent Macaigne font merveille et donnent à leur duo une complicité et une alchimie rares. On imagine sans peine Bouli Lanners (peintre à ses heures dans la vraie vie) en artiste tourmenté et intransigeant. Et Vincent Macaigne qui après le formidable Médecin de nuit s'est débarrassé de ses oripeaux de has-been aux cheveux gras et à la logorrhée fatigante, campe LE meilleur ami que l'on rêve d'avoir. Dans la comédie comme dans l'émotion, il est parfait et juste.

    Il est clair que le film repose entièrement sur leur duo qui fonctionne admirablement. Ils sont si différents et parviennent néanmoins à donner vie à ce "couple" lumineux. Leur charme, leur humour, leur démonstration de la loyauté en amitié et les beaux instants d'émotion emportent l'adhésion sans réserve.

    P.S. : j'aimerais votre avis. j'ai trouvé les oeuvres que l'on voit dans le film très moches, de vraies "croûtes" (sauf celle du début et la fin où les deux garçons sont de dos dans la forêt). Qu'en pensez-vous ?

  • INCHALLAH UN FILS

    de Amjad Al Rasheed ***

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    Jordanie / France / Arabie saoudite / Qatar 

    Festival Effervescence de Mâcon - Avant première

    SORTIE EN SALLE le mercredi 6 mars 2024

    Avec Mouna Hawa, Haitham Ibrahem Omari, Yumna Marwan

    Nawal et son mari ont une fille et essaient d'avoir un deuxième enfant. Bien que jeune, le mari de Nawal meurt dans son sommeil. Cela se passe à Amman de nos jours en Jordanie.

    Le temps des condoléances passé où chacun affirme à Nawal qu'il est là pour elle en cas de besoin, la jeune femme va devoir affronter le système injuste d'une société encore patriarcale où en l'absence d'héritier mâle, le patrimoine du couple revient à la famille du défunt. Autant dire que les promesses font long feu et que face à l'absurdité et à l'injustice administratives Nawal se retrouve bien seule. Sans compter que son beau-frère réclame une dette impayée et qu'il peut également en cas de défaillance devenir le tuteur de sa nièce et l'enlever à la garde de sa mère... Nawal a beau faire valoir ce qui ressembleraient à des droits, elle a participé au paiement du crédit de l'appartement, elle travaille (elle est infirmière mais sans contrat de travail...), elle a apporté des biens et de l'argent en dot au moment du mariage, rien n'y fait. D'ailleurs, aucun document officiel ne confirme ses affirmations. Les lois et Dieu, tellement commode à invoquer quand cela arrange les hommes, sont inflexibles.

    Nous allons de surprise en consternation devant ce film présenté comme une course contre la montre stressante au cours de laquelle Nawal n'obtiendrait qu'une aide précieuse qu'elle refuse puisqu'il s'agit de son collège kiné qui est amoureux d'elle. Malgré la gentillesse et la sincérité du garçon, l'aide ne serait peut-être pas gratuite. Pas de solidarité à attendre des femmes comme de son frère qui attendent de Nawal qu'elle rentre dans le rang et pourquoi pas se trouve rapidement un nouveau compagnon comme font toutes les veuves, sans faire de vague.

    Nawal est une femme qui lutte pour sa survie et son indépendance. Sur son chemin semé d'embûches, aucune place ne lui est accordée pour son chagrin. Elle avance, fonce même pour faire face à un enchevêtrement de situations de plus en plus absurdes. Dans son combat, elle semble n'avoir que des ennemis au sein même de sa propre famille. Le scenario infiniment réaliste et intelligent ne l'épargne pas et accumule les obstacles qui finissent par ressembler à des pièges.

    Si seulement elle avait un fils, les soucis disparaîtraient comme par enchantement !

    C'est complètement dingue et l'on est tendu d'un bout à l'autre de cette histoire où l'on a envie d'aimer, de soutenir et de secourir cette femme digne et courageuse. La voir couvrir ses magnifiques cheveux à la hâte même lorsqu'elle est chez elle dès qu'un homme fait une apparition est une des moindres aberrations qui jalonnent ce film admirable.

    A Amman capitale de la Jordanie, toutes les ruines antiques semblent disparaître sous les tentacules d'une ville moderne en perpétuelle construction. La ville est un des personnages du film.

  • UN BEAU MATIN

    de Mia Hansen Love ***

    UN BEAU MATIN de Mia Hansen Love, cinéma, Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud

    Avec Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud

    Sandra est une jeune veuve, interprète, elle élève sa fille d'environ 10 ans et s'occupe quasi quotidiennement de son père Georg atteint d'une maladie dégénérative qui le rend progressivement de plus en plus dépendant.

    Autour de George gravitent également son autre fille Esther et son ex femme Françoise (mère des deux filles). Mais c'est Sandra, fusionnelle avec son père qui semble le plus impliquée et bouleversée par l'état de santé déclinant de ce dernier. Il était prof de philosophie, la pensée et les livres étaient au coeur de sa vie. Cette abondante bibliothèque d'ailleurs est au centre des préoccupations de Sandra qui ne veut en aucun cas la voir disparaître quand la mère serait d'accord pour s'en débarrasser. Les appartements parisiens de chacun ne peuvent accueillir tant d'ouvrages.

    Parallèlement à ce drame annoncé, le "placement" du père dans un établissement médicalisé puis sa mort, Sandra croise par hasard la route de Clément, un ami de son défunt mari qu'elle avait perdu de vue depuis des années. Il est marié, père de deux enfants et exerce la fonction énigmatique de cosmochimiste. Sandra et Clément vont entamer une relation amoureuse faite de sensualité et de connivence.

    Comme il arrive parfois dans la vie, celle de Sandra tente de s'équilibrer entre la possibilité d'un bonheur à venir et l'imminence d'un chagrin inconsolable. Entre les visites dans les Ehpad parisiens tous plus sinistres les uns que les autres, le fait de vider l'appartement du père, trouver des acquéreurs pour les livres, soutenir Georg de plus en plus absent mentalement, Sandra toujours vaillante, sac au dos telle une adolescente, fonce et agit, démontre une compassion sans faille et s'investit de tout son être dans sa relation avec Clément.

    Dans ce milieu bourgeois, tout est feutré et délicat, intelligent et doux, le chagrin silencieux. Aucune hystérie, jamais. Néanmoins, le thème et la partition sont poignants sans tomber jamais dans le pathos. Les larmes affleurent aux paupières de la spectatrice et se figent.

    Ce film sensible et déchirant est dominé par un trio d'acteurs formidables et chics. Nicole Garcia énergique, solide, lumineuse, Léa Seydoux vacille sans flancher, souffre, a peur sans exubérance, aime avec passion. Mais surtout Pascal Greggory et sa belle voix grave, maigre, faible, voûté, désarmant de douceur, impressionnant de solitude angoissée est bouleversant.

    Je ne suis pas prête d'oublier son "Schubert c'est devenu trop lourd pour moi" et surtout son : "j'ai froid dans la tête"...

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  • VERS UN AVENIR RADIEUX

    de Nanni Moretti ****

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    Avec Nanni Moretti, Margherita Buy, Silvio Orlando, Mathieu Amalric, Barbara Bobulova, Valentina Romani

    Sur le tournage de son prochain film Nanni.... pardon Giovanni est confronté à de multiples problèmes.

    Il ignore (mais va apprendre) que Paola sa femme (et productrice depuis 40 ans) voit un psychanalyste depuis plusieurs mois dans l'objectif de l'aider à le quitter, sa fille renonce à voir en boucle avec lui les films qui faisaient jusque là partie d'un rituel familial (Lola de Jacques Demy devant un bol de glace), son actrice principale ne cesse de remettre en cause les intentions de son personnage (elle est persuadée qu'il s'agit d'un film d'amour alors que Giovanni tourne un film politique), son producteur français lui cache qu'il n'a en fait plus d'argent, l'inculture de ses collaborateurs sur le tournage le navre. Pour surmonter ces crises, Giovanni va devoir sérieusement remettre en question sa vison des choses, son intolérance et sa façon de se comporter avec tout son entourage.

    A l'instar de certains de ses collègues récemment (Spielberg, Gray) Nanni Moretti vient nous clamer son amour du cinéma, tout en mélancolie, en musique et en chansons parfois. Il nous immerge dans le tournage d'un film dans le film, nous montre l'envers du décor, l'avant et l'après tournage d'une scène et tout le mécanisme implacable de la fabrication d'un film comme une entreprise à gérer et où le patron-réalisateur, maître incontestable de l'entreprise doit répondre à la moindre question, trouver l'argent, tout en s'inquiétant de l'avenir de son couple et de sa fille. Vies privée et professionnelle sont incontestablement intriquées.

    Le réalisateur n'essaie pas de se faire pardonner ses offenses mais semble réellement prendre conscience de l'attitude tyrannique et du climat de tension qu'il fait régner autour de lui, au boulot comme à la maison. Personne jusque là n'a osé lui révéler quel être despotique il est, pourtant accro aux anti-dépresseurs et aux somnifères, ce dont personne ne se doute. Alors narcissisme, nombrilisme, auto-promotion ou congratulation, si ce cinéma auto-fictionnel vous déplaît, passez votre chemin car Nanni Moretti se met en scène presque comme jamais et se filme dans moult situations où son air égaré, totalement abasourdi fait pour moi merveille mais pourrait en irriter certains. Je pourrais passer des heures à le contempler jouer et encore plus à l'écouter parler. De sa voix éraillée et parfois tonitruante il assène de façon dictatoriale en appuyant sur chaque syllabe la moindre de ses volontés. Et la langue italienne sonne parfaitement à mes oreilles pour éructer sa vision du monde comme sa détestation totalement irrationnelle des sabots (en gros, si un pied est couvert devant, si l'on ne voit pas les orteils, il doit être couvert derrière).

    Mais sous couvert de farce parfois mais aussi de moments que j'ai trouvés magiques : chanter Freedom d'Aretha Franklin (la seule qu'il tolère pouvoir découvrir ses pieds !) en voiture, embarquer son équipe dans une sorte de sama (la danse des dervish tourneurs (qu'il a reprise sur les marches du Palais des festivals à Cannes)), marcher en groupe triomphalement et en souriant, le réalisateur se souvient de l'Italie communiste de sa jeunesse, des chars russes en Hongrie. Il invite pour l'évoquer un cirque de Budapest qui se mettra en grève pendant le tournage par solidarité avec son peuple qui souffre, se désole encore en découvrant que la jeunesse italienne actuelle pense qu'il n'y a eu de communistes qu'en Union Soviétique. Il convoque aussi ses fidèles acteurs, le génial Silvio Orlando (notamment cardinal terrible de la série (que je vous recommande) The young pope), la merveilleuse Margherita Buy. En invite de nouveaux tels que Mathieu Amalric (rôle pas indispensable) et Valentina Romani très très bien dans le rôle de sa fille qui présente son amoureux et bientôt futur époux à ses parents (scène hilarante). Il convoque également Renzo Piano qui vient à son secours pour lui expliquer certains ressorts de la violence au cinéma. Et au cours d'une scène incroyable Nanni intervient sur le tournage d'un autre film réalisé par un jeunot qui s'écoute penser et que sa femme produit. Il interrompt le tournage pour tenter de comprendre la valeur morale d'une séquence de meurtre dans un film. C'est tordant. Il évoque Kieslowski, Cassavetes et passe un coup de film à Marty Scorsese... Alors, trop de name-drooping pour certains ? Hommage et respect pour moi.

    En en guise de pepperoni sur la pizza, une balade nocturne à trottinette dans les rues de sa Rome adorée pour aller en repérage d'un quartier qui ressemblerait à Budapest.

    L'imagination et la démonstration ne s'arrêtent pas là. Au volant de sa voiture il souffle les répliques à un jeune couple au bord de la rupture qui se dispute, il joue au foot et nous emporte dans son joyeux bric à brac plein d'humour et d'autodérision que certains appelleront sans doute narcissisme. Il se moque de Netflix et ridiculise ses représentants présentés comme des commerciaux débiles. Follement drôle et mélancolique, Nanni Moretti n'a pas fini de m'enchanter et je suis sortie de la séance joyeuse comme si j'avais participé à la belle parade finale car peut-être que c'est finalement la joie qui va l'emporter, on peut rêver.

    Contrairement à nombre de films actuels, celui-ci m'inspire un seul reproche : il est beaucoup trop court. Comme dans une vieille pub de 1979, j'ai juste envie de dire à Nanni :

    "ils sont bons tes films Monsieur Moretti, tu pourrais pas les faire un peu plus longs !"

  • UN HIVER À YANJI

    d'Anthony Chen *

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    Avec Zhou Dongyu, Liu Haoran, Chuxiao Qu

    Yanji se situe au nord de la Chine à la frontière avec la Corée. Je le précise pour les incultes comme moi qui ne peuvent pas situer.

    Allez, je suis mignonne, Yanji c'est là au point rouge (et y'a le nom écrit aussi en gros) :

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    Et cela a son importance puisque certains dialogues sont en chinois, d'autres en coréen. Mon attirance pour les films asiatiques depuis... très longtemps, me permet même à présent de distinguer les deux.

    Standing ovation.

    Merci.

    Haofeng, jeune homme perdu à lunettes (et à moustache moche) se trouve encore plus perdu dans un mariage très tradi avec robes qui tournent pleines de couleurs. Il fait la connaissance de Nana une nana sans lunettes mais triste aussi. Elle est guide touristique, elle a mal au pied et y porte une grosse cicatrice. Nous comprendrons plus tard l'origine de la cicatrice. Le duo se transforme en trio puisque Nana y intègre Xiao son ami cuisinier, un peu moins neurasthénique que les deux autres mais pas franchement le boute-en-train de folie non plus. 

    Après les merveilleux Ilo Ilo et Wet season, c'est avec une grande impatience que je me suis précipitée sur ce film. Hélas la magie des deux précédents n'a pas agi ici et c'est avec un ennui certain que j'ai attendu le dégel. Xiao a une moto et c'est cool car à trois sur une moto, cela permet de faire de joyeuses virées au restau, dans des boîtes de nuit, de s'alcooliser cul-sec, finir la nuit dans son vomi e tutti frutti. Pourquoi ces trois là sont aussi tristes et sans réaction est à peine abordé dans le film. On sent bien qu'ils sont à la recherche d'un sens profond à leur existence mais l'absence de vitalité et de charisme des personnages m'a tenue complètement à l'écart de leurs petites tribulations dont l'apogée tient en une course dans une librairie (tellement laide qu'elle pourrait donner envie de cesser la lecture) où le but est : çui qui vole le plus gros livre a gagné ! La scène se termine... allez tant pis, je spoile, t'façon vous n'irez pas voir le film, à la caisse !

    Sur un coup de tête, encore plus désoeuvrés qu'à l'ordinaire, ils décident de se rendre au Mont Chanbai (ou Mont Paektu pour les intimes) là où il y a un lac céleste. C'est là :

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    c'est vous dire si on a hâte de faire la balade. Ce mont est le point culminant en Corée (2 744 mètres d'altitude quand même). C'est un lieu sacré et le gardien de cette réserve naturelle avertit notre trio : "la météo change vite à cet endroit, appelez-moi si vous avez un problème". La promenade, pas facile, ça grimpe, ils n'ont pas choisi la version touristique facile, devient vite éprouvante. Et je ne vous cache pas que c'est le moment le plus attrayant de l'histoire qui se solde pas un big big maousse f*@¤§!g fog et une improbable rencontre avec effets spéciaux tellement ratés, visibles, moches que j'ai failli pouffer. J'ai préféré me contenter d'un "mais noooooon !" intérieur plus discret. J'adore dire "mais noooon". Et d'une, c'est hyper tendance, et de deux... c'est méga tendance.

    J'ai entendu parler de Jules et Jim concernant ce film sous prétexte qu'il y a une fille et deux garçons trois possibilités... (si vous en voyez davantage faites-le moi savoir, je suis pas une tronche en probabilités). Jules et Jim est loin d'être mon Truffaut préféré mais franchement Nana, la nana ici n'arrive pas sous la semelle de Jeanne Moreau, les deux loustics ont encore des preuves à faire et surtout m'étonnerait que Jules, Jim et Catherine seraient retournés chez papa maman. Tant pis, je re-spoile mais parfois comme disait ma mère-grand : "quand y'a d'l'abus, y'a d'l'excès" (vous avez trois heures).

  • INCHALLAH UN FILS

    de Amjad Al Rasheed ***
    Inchallah un fils

    Avec Mouna Hawa, Haitham Ibrahem Omari, Yumna Marwan

    Nawal et son mari ont une fille et essaient d'avoir un deuxième enfant. Bien que jeune, le mari de Nawal meurt dans son sommeil. Cela se passe à Amman de nos jours en Jordanie.

    Le temps des condoléances passé où chacun affirme à Nawal qu'il est là pour elle en cas de besoin, la jeune femme va devoir affronter le système injuste d'une société encore patriarcale où en l'absence d'héritier mâle, le patrimoine du couple revient... à la famille du défunt !

    Autant dire que les promesses font long feu et que face à l'absurdité et à l'injustice administratives Nawal se retrouve bien seule. Sans compter que son beau-frère réclame une dette impayée et qu'il peut également en cas de défaillance devenir le tuteur de sa nièce et l'enlever à la garde de sa mère... Nawal a beau faire valoir ce qui ressemblerait à des droits, elle a participé au paiement du crédit de l'appartement, elle travaille (elle est infirmière mais sans contrat de travail...), elle a apporté des biens et de l'argent en dot au moment du mariage, rien n'y fait. D'ailleurs, aucun document officiel ne confirme ses affirmations. Les lois et Dieu, tellement commode à invoquer quand cela arrange les hommes, sont inflexibles.

    Nous allons de surprise en consternation devant ce film présenté comme une course contre la montre stressante au cours de laquelle Nawal n'obtiendrait qu'une aide précieuse qu'elle refuse puisqu'il s'agit de son collège kiné qui est amoureux d'elle. Malgré la gentillesse et la sincérité du garçon, l'aide ne serait peut-être pas gratuite. Pas de solidarité à attendre des femmes comme de son frère qui attendent de Nawal qu'elle rentre dans le rang et pourquoi pas se trouve rapidement un nouveau compagnon comme font toutes les veuves, sans faire de vague.

    Nawal est une femme qui lutte pour sa survie et son indépendance. Sur son chemin semé d'embûches, aucune place ne lui est accordée pour son chagrin. Elle avance, fonce même pour faire face à un enchevêtrement de situations de plus en plus absurdes. Dans son combat, elle semble n'avoir que des ennemis au sein même de sa propre famille. Le scenario infiniment réaliste et intelligent ne l'épargne pas et accumule les obstacles qui finissent par ressembler à des pièges.

    Si seulement elle avait un fils, les soucis disparaîtraient comme par enchantement !

    C'est complètement dingue et l'on est tendu d'un bout à l'autre de cette histoire où l'on a envie d'aimer, de soutenir et de secourir cette femme digne et courageuse. La voir couvrir ses magnifiques cheveux à la hâte même lorsqu'elle est chez elle dès qu'un homme fait une apparition est une des moindres aberrations qui jalonnent ce film admirable.

    A Amman capitale de la Jordanie, toutes les ruines antiques semblent disparaître sous les tentacules d'une ville moderne en perpétuelle construction. La ville est un des personnages du film.