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UN MÉTIER SÉRIEUX

de Thomas Lilti *

UN METIER SERIEUX, THOMAS LILTI, CINEMA, Vincent Lacoste, François Cluzet, Adèle Exachopoulos, Louise Bourgoin, William Lebghil, Lucie Zhang, Théo Navarro-Mussi

Avec Vincent Lacoste, François Cluzet, Adèle Exachopoulos, Louise Bourgoin, William Lebghil, Lucie Zhang, Théo Navarro-Mussi

C’est la rentrée des classes, la soupe à la grimace, pour Pierre (François Cluzet, histoire-géo), Meriem (Adèle Exarchopoulos, maths), Fouad (William Lebghil, anglais comme une vache espagnole), Sandrine (Louise Bourgoin, S.V.T.), Alix et Sofiane (EPS), tous enseignants dans un collège de banlieue à différents stades de leur carrière professionnelle.

Et pour Benjamin (Vincent Lacoste), petit cartable sur le dos comme un enfant (smiley qui se tape la tête), c'est la toute première rentrée en tant que professeur de mathématiques contractuel et remplaçant.

Comme vous pouvez le constater au nombre très limité d'étoile(s), je n'ai pas aimé ce film. Je m'y suis même profondément ennuyée. Les enseignants me diront peut-être ce qu'ils en ont pensé. Je l'ai trouvé moi, complètement à côté de la plaque et se limitant à un empilement de situations qui ressemble rapidement à un catalogue de l'enseignant dans tous ses états. Qu'il y ait entraide et cohésion au sein de l'établissement et dans la salle des profs, ok, on valide. Mais que les profs soient constamment collés les uns aux autres au point de se ramener en voiture chaque soir (Cluzet fait littéralement office de transport en commun), que deux d'entre eux partagent un logement comme une coloc' d'étudiants, qu'ils s'invitent à tour de rôle TOUS ENSEMBLE, jouent au Trivial Pursuit en buvant des bières... on doute ! Sans oublier la sortie pour faire du surf (que vient faire cette scène dans ce film ???), sortir de l'eau en urgence pour éviter les baïnes, s'apercevoir qu'un prof est manquant, mais aussi le burn-out qu'on sent arriver comme un tank dès que Louise Bourgoin entre en scène, l'idylle impossible ou éventuelle entre au moins quatre (2 X 2) collègues... N'en jetez plus la cour est pleine. Dois-je parler de l'alerte incendie ou intrusion ou attentat ??? Comme les profs, mal formés, mal informés, on n'y comprend rien. N'oublions pas non plus l'inspection caricaturale au possible où l'inspectrice assassine littéralement la prof.

Ok, j'ai bien compris que le réalisateur a voulu mettre l'accent sur la solidarité entre ces collègues mais en se concentrant sur les profs, il limite son film à cela et on finit par ne plus croire à cette cohésion sans faille et de tous les instants. A une exception près (une honte de conseil de discipline où les délibérations consistent à mettre un bulletin dans une enveloppe et sceller ainsi le sort d'un collégien), les élèves sont inexistants. Ils sont pourtant nombreux, bruyants mais transparents.

Tout ici est survolé et abandonné. Même la gifle d'une prof à un élève est laissée en plan... scène suivante, on n'en parle plus. Les problèmes de la vie personnelle de certains évoqués sans nuances ni profondeur (le personnage de Louise Bourgoin se fait frapper par son fils... sans suite). Je n'en pouvais plus de ces approximations, de ce survol sans queue ni tête.

Je n'avais déjà pas beaucoup aimé les précédents films de Thomas Lilti. Hippocrate comme Médecin de campagne m'avaient déplu et mortellement ennuyée. Je crois qu'il faut que je m'abstienne à l'avenir et évite en règle générale les "films de métier". Pourtant, celui d'enseignant est un que j'admire et qui me passionne et pour lequel j'ai un profond respect. Mais le réalisateur coincé dans une vision étriquée du prof sans vie personnelle, toute entière consacrée à la camaraderie, une vie vouée exclusivement à un sacerdoce pour échapper au quotidien d'une vie familiale ratée me semble vraiment une vison limitée et expéditive. Le fait d'écarter tout ce qui fait que l'éducation nationale est au bord de la crise de nerfs, voire du gouffre (classes surchargées, bâtiments mal entretenus, manque d'effectif, classes sans prof, absence de remplaçants, parents ingérables, dépression, suicide...) est un choix du réalisateur certes mais rend (à mes yeux) ce film qui se veut un observatoire réaliste vraiment pas sérieux du tout. Accabler l'inspectrice, ridiculiser le principal et surtout son adjoint, ne nous donner aucun repère quant au cours de l'année qui passe, ne pas s'attarder dans la cour de récréation... tout manque à ce film qui pourtant dure 1 h 41 (longue) où finalement rien n'est dit et rien ne se passe.

Côté réalisation, en plus de sauter continuellement du coq à l'âne sans nous donner la possibilité de suivre au moins en profondeur un ou deux parcours, j'ai trouvé le film très laid visuellement. J'ai d'abord cru qu'il évoquait les années 70 ou 80, bien ternes. En apercevant un portable, j'ai compris qu'on avait dépassé les années 2000, puis qu'il était parfaitement contemporain (malgré la voiture de François Cluzet... scènes pas drôles). Je me suis quand même demandée si Thomas Lilti avait mis les pieds dans un collège récemment ? Pour en fréquenter régulièrement, je peux assurer que les élèves de troisième ne sont absolument pas habillés avec des fringues de récup' de l'Armée du salut. Mais c'est quoi ces looks ??? Idem pour les profs. Passons, je suis snob.

La petite étoile est pour Vincent Lacoste et Adèle Exarchopoulos qui sont les plus crédibles et attachants. Et pourtant ils assurent n'avoir pas dans la vraie vie eu une carrière scolaire époustouflante. Preuve qu'ils sont d'excellents acteurs. Le pire étant (évidemment) William Lebghil, toujours bloqué dans une éternelle adolescence et qui campe un professeur d'anglais absolument improbable à l'accent à couper au couteau : N'IMPORTE QUOI !

Commentaires

  • Je serai moins sévère que toi, mais je comprends tes arguments et partage certaines de tes impressions. Notamment celle d'un film trop concentré sur le mal-être des profs. Les élèves sont effectivement transparents et c'est bien dommage, mais il est clair et assumé que Thomas Lilti, réalisateur et scénariste, a voulu faire un film sur les profs. Est-ce réaliste de les voir si soudés ? J'y ai cru, même si j'imagine bien que ce n'est pas le cas dans tous les établissements.

    Quand tu dis qu'on saute du coq à l'âne, je comprends bien ce ressenti, mais perso, je ne trouve pas. C'est simplement qu'une fois encore, on a un film choral construit comme une série : une anecdote sur un personnage, et on passe à un autre, une anecdote sur le nouveau personnage, et on arrive à un troisième, et ainsi de suite... avant de boucler la boucle et de recommencer ou d'offrir aux personnages quelques scènes communes (pas toujours vraisemblables, je te l'accorde).

    William Lebghil n'innove pas beaucoup, tu as raison. Mais ne lui reproche pas son accent à couper au couteau : Thomas Lilti raconte en interview qu'il trouvait drôle de confier le rôle du prof d'anglais à un comédien qui le parle mal ! L'effet comique est de fait assez raté...

    Vincent et Adèle jouent sans doute les meilleurs personnages du film et font très bien leur job.

  • Tous tes "contre" arguments me confortent. Tu as trouvé les mêmes faiblesses (voire aberrations) mais elles t'ont moins gêné que moi. Je comprends.
    Je trouve que William Lebghil est en règle générale un très mauvais acteur. Lui donner le rôle d'un prof d'anglais qui sait à peine parler anglais n'est en effet pas drôle et le décrédibilise encore plus à mes yeux. Par sûre que l'argument du réalisateur m'ait convaincue.
    Je pense qu'il doit y avoir de la solidarité dans tous les établissements (et des animosités aussi), mais se concentrer uniquement là dessus comme si les profs exerçaient ce métier juste pour échapper à leur "no life", je n'en pouvais plus.
    Ton Bouli a une jolie scène, mais encore une fois le personnage est bien caricatural. Le réalisateur a beaucoup de choses à régler avec papa :-)

  • Tu n'es pas le premier avis négatif que je lis sur ce film, avec à peu près les mêmes reproches. Pas envie du tout d'y aller.

  • En général je ne perds plus mon temps avec les films qui me semblent présenter si peu d'intérêt, mais là j'avais envie de pousser mon petit coup de gueule. Ce n'est ni du ciné, ni du documentaire... ce n'est pas drôle et pas follement intéressant. Reste Vincent et Adèle.

  • Bonjour Pascale, j'étais certainement de bonne humeur mais j'ai aimé ce film avec tous ses défauts, et il y en a. Le reproche que je ferai vraiment, c'est que tout est survolé et certaines choses restent sans suite mais bon. En tout cas, je ne me suis pas ennuyée une minute et mon ami non plus. Du même réalisateur, j'avais aimé Première année. Bon après-midi.

  • Rebonjour dasola. Je n'étais pas de mauvaise humeur mais ce film m'y a mise. Heureusement cela de dure pas. Je me suis beaucoup ennuyée car passer d'un personnage à l'autre sans les rendre attachants ou intéressants, je me suis vite lassée. Je crois que je n'aime pas le cinéma de ce réalisateur.

  • En sortant de la séance, lors de notre "pot de débriefing" avec dasola, j'ai évoqué entre autres le fait que l'on aurait pu avoir, dans ce même collège (élèves et équipe pédagogique), toute une saison de feuilleton TV, voire même plusieurs saisons... qui auraient pu permettre "d'aller au bout" de chacune des histoires (mais je suppose que, la série TV sur la "simple vie" au collège, sans zombies ni vampires, ça a déjà dû être fait par ailleurs).
    Peut-être le film, avec tous ses défauts soulignés dans l'article (et je suis assez d'accord sur le contenu du film tel que je l'ai regardé, mais pas assez "cinéphile" pour juger vraiment des qualités des acteurs ou du réalisateur) est-il destiné à jouer un rôle de "poil à gratter", pour que ceux qui le voient se disent justement, a contrario, qu'il montre un collège qui était encore "possible" il y a 10 ou 15 ans, mais qui ne l'est plus aujourd'hui. "Un métier sérieux", oui... Qui donc devient encore prof "par vocation", aujourd'hui? Je suppose, j'espère, qu'il en existe, parmi ceux qui ont fait leur première rentrée en 2023. Je ne suis pas certain que ce soit la majorité du genre.
    PS: avec vos problèmes "free", recevez-vous vos mails?

  • Effectivement, décliner ce film en série comme Lilti l'a fait pour Hippocrate aurait sans doute été une bonne idée et au moins je n'aurais pas eu à supporter ce tout petit film.
    Je trouve que ce film ne démontre rien. Ni que c'était mieux avant ou pire aujourd'hui. Il met tous les profs dans une bulle comme si c'était un être unique. Je trouve que c'est n'importe quoi.
    Je suis très cinéphile mais ne "vois" pas forcément les défauts de réalisation. Là, j'ai trouvé l'image laide et la juxtaposition de situations mal "montée".
    P.S. : j'ai bien reçu le mail (hier) et une seule fois. J'y réponds rapidement.

  • Moi aussi je serai moins sévère...
    Même si je passe sur certaine invraisemblance (cette cohésion des profs, jusqu'à se retrouver le soir chez les uns ou les autres, mouais, ça fait pas trop climat actuel)... bref...
    moi j'y suis allé pour les acteurs-actrices, des personnes que j'aime bien...
    A commencer par la première scène de Cluzet qui m'a bien fait sourire... La voix d'Adèle, la tristesse de Louise... (je regrette juste le passage trop éphémère de Bouli pour une seule scène, j'aurais aimé plus, je l'aime bien celui-là)
    Voilà juste un film, ni mauvais, ni excellent... mais la voix d'Adèle...
    je t'aurais bien is une petite musique pour finir mais je trouve plus ma cassette de Cabrel... Et puis je préfère la voix d'Adèle...

  • grosse déception, un foutoir en faite
    lilti a du talent mais là il est tombé dans une routine que c'est gênant pour lui
    Lebghil c'est simple: interdiction de tourner des films, au coin direct

  • Complètement à côté de la plaque le Lilti.
    Et le Lebghil, il doit avoir un super carnet d'adresses et de bons copains.

  • C'est vrai que toutes ces accumulations de scènes et situations fait que l'on ne va jamais jusque au bout à chaque fois.... Les tags sur un mur, la gifle etc
    Les pseudo amourettes ne servent à rien.. L'entente entre profs est vraiment poussée à l'extrême ! La sortie surf correspond à une classe mer (classe de neige en été) mais est mal exploitée. D autant plus qu'on entend certains rires de collègues lorsque Louise B parle du nettoyage des plages...
    2 profs de sport mais pas plus de prof d anglais ou de français ( dans le collège ou je travaille 3 profs de sport 4 d'anglais et 5 de français pour environ 550 élèves comme dans le collège du film).
    Quelques petites invraisemblances : le sujet du brevet où est indiqué le nom du collège dessus. Le brevet est un diplôme national il n'y a jamais le nom d'établissement scolaire dessus. Et l'inspectrice qui passe de Louise-Svt à Adele-maths...
    Manque quelques personnages clefs je trouve : documentaliste, Infirmière scolaire, adjoint d'éducation très peu présent, élèves en situation de handicap et leurs accompagnants ( Aesh dont je fais parti) et tout le personnel non scolaire que l'on trouve dans un collège.
    Bon malgré tout j'aime quand même allez voir un film qui se déroule dans mon domaine professionnel. Voir comment tout cela est vu par des yeux extérieurs.

  • Les yeux extérieurs d'une personne qui n'a sans doute pas mis les pieds dans un collège.
    Tout est survolé et caricatural dans ce film. Plus j'y pense, plus il m'agace.
    Et l'entente des profs à ce niveau, ce n'est plus de la cohésion mais du copinage d'ados incapables de vivre seuls en dehors de leur lieu de travail.
    Merci pour tous ces détails.

  • Hello Pascale :) J'avais plutôt bien aimé les films précédents du réalisateur. En revanche, je ne suis pas tentée par celui-ci et ton avis me conforte dans l'idée d'en faire passer d'autres en prio. Surtout que niveau box office il se débrouille bien sans moi.

  • Coucou Aurore.
    Avec ce film comme avec tous les Lilti, j'ai l'impression de vraiment perdre mon temps. J'espère ne plus me laisser tenter par ses films.

  • En général, je fuis les films qui me rappellent le boulot. Et pourtant, va savoir pourquoi, j'étais tenté par celui-ci. Le nom de Lilti sur l'affiche peut-être...
    Mais vu la note que tu lui colles, et les com qui pointent les grosses erreurs sur le sujet (la même inspectrice qui fait math et svt ???), ça me refroidit direct. On peut avoir des amis parmi ses collègues de travail, mais à ce point là, c'est de l'esprit de corps, c'est presque de la camaraderie militaire. Et puis, je pense que les vrais problèmes sont ailleurs : les parents intrusifs et casse-bonbons, la non prise en charge du handicap au nom de l'inclusion, des programmes aberrants,... Bref, j'arrête mon discours de syndicaliste.

  • Ce film est à fuir à tous points de vue. Je pensais qu'en sortant de l'hôpital Lilti s'améliorerait. C'est pire.
    Seuls Adèle et Vincent s'en sortent avec les honneurs, sans doute parce qu'ils étaient cancres dans leur folle jeunesse.
    Esprit de corps ou camaraderie militaire... cette fusion est vraiment tarte. On dirait des moutards qui ont été punis et jouent au Trivial Pursuit pour se consoler.
    Continue la lutte camarade, El pueblo unido jamás será vencido.

  • Toujours impressionné je suis par tes talents polyglottes.

  • Je trouve que tu n'en parles pas assez d'ailleurs dans ton interview ;-)

  • Si j'évoquais tous mes talents, l'interview serait interminable :-)))

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