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Yuki et Nina de Hippolyte Girardot et Nobuhiro Suwa ***

Yuki & NinaYuki & Nina

Il est français, elle est japonaise. Ils ne s’entendent plus, ne se comprennent plus, ne s’aiment plus et vont se séparer. Ils ont une petite fille, Yuki 9 ans parfaitement bilingue et la mère décide de retourner vivre au Japon en l'emmenant. Mais Yuki ne veut pas être éloignée de son père ni de sa meilleure amie Nina avec qui elle partage tout, les jeux et les confidences. Nina non plus ne veut pas perdre son amie.

Ce film étrange, dans le sens exotique et rare du terme, avec deux enfants dans les rôles principaux ne s’adresse bizarremment pas prioritairement aux enfants mais aux parents. Car ce sont bien eux qui posent les fondations de ce que sera l’avenir. Les décisions, erreurs, délicatesses et maladresses des adultes vues par le regard de Yuki et Nina peuvent non seulement faire réagir les adultes que nous sommes mais aussi les faire s’interroger sur les douleurs et bouleversements qu’ils ont vécus. Ce ne sont pas forcément des épreuves mais pas non plus des parties de plaisir, et c’est de toute façon ce qui fait que les adultes sont ce qu’ils sont.

Dans un premier temps, les deux amies confiantes (elles ne peuvent pas être séparées) essaient par la manière douce de convaincre les parents de Yuki de rester ensemble. Elles « confectionnent » une lettre presque anonyme qu’elles signent « la fée de l’amour ». C’est ainsi que les deux réalisateurs donnent à leur film une direction Le courrier bouleversera les parents de Yuki mais n’aura finalement aucun effet sur la décision. Alors que Yuki s’affirme de façon directe mais simple et douce « je n’irai pas au Japon », Nina pousse une vraie colère face à l’incompréhension et à l’obstination des adultes. C’est d’ailleurs Nina plus active que son amie qui incitera celle-ci à passer au plan B.

Les deux petites filles vont donc fuguer et sac au dos avec le matériel de survie (des doudous) elles vont, après avoir pris le train, errer un temps dans une forêt. A ce moment on entre véritablement dans l’aspect le plus irréel et en même temps le plus réaliste du film. Evidemment on tremble avec et pour les fillettes dans cette forêt magnifique mais qui pourrait être hostile, où les fougères sont presque aussi grandes que les enfants, où chaque bruit dans le silence prend des proportions terrifiantes, mais on pense aussi inévitablement au Petit Chaperon Rouge au Petit Poucet et plus encore lorsque Yuki passera de l’autre côte du miroir de la forêt à Alice au Pays des Merveilles.

Le visage de la petite Yuki (Noé Sampi) douce et rêveuse et la volonté de l'énergique Nina (Arielle Moutel), leurs conversations de chipies, leurs fourires, leur présence prouvent que les enfants au cinéma peuvent parfois accomplir des miracles.

Que de trouvailles dans ce film franco-japonais à plus d'un titre, à l’épilogue suffocant de beauté, au final de conte de fées où la caméra s’éloigne des personnages et qui nous laisse mélancoliques et songeusr en nous rappelant avec beaucoup d’élégance que l’enfance et les paradis perdus ne sont jamais bien loin…

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