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Qu’un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner ****

Qu'un seul tienne et les autres suivrontQu'un seul tienne et les autres suivrontQu'un seul tienne et les autres suivront

Que peuvent bien avoir en commun Stéphane qui va accepter un marché bien tordu pour essayer de se sortir de la mouise, Zohra algérienne qui vient en France pour comprendre comment et pourquoi son fils est mort et Laure jeune fille de 16 ans incomprise qui va s’amouracher d’un jeune rebelle un peu révolutionnaire ?

Simplement et accidentellement, ils vont tous se retrouver à faire la queue pour entrer au parloir d’une prison du sud de la France. Et ce film, le premier d’une jeune réalisatrice de 28 ans nous y conduit de façon magistrale après nous avoir fait partager un peu la vie de chacun des personnages pendant deux heures exceptionnelles. Et ses personnages, elle les aime, elle ne les stigmatise pas, ne les juge pas et du coup on entre avec une facilité déconcertante en empathie avec eux.

Réussir un film choral est un exercice de haute voltige et Léa Fehner le maîtrise admirablement. Les trois personnages principaux n’ont rien à voir les uns avec les autres, ne se rencontrent pas, leurs histoires n’ont rien en commun, sauf peut-être la tragédie, l’événement ou la décision qui va les mener au parloir, mais elles nous sont racontées avec une fluidité, une cohérence et une progression dramatique tellement maîtrisées qu’elles forcent l’admiration.

De prison il est question et pourtant on n’y passe relativement peu de temps. Tout se joue également à l’extérieur, car la prison ne détruit pas uniquement ceux qui y sont entre les murs. Mais la réalisatrice tourne autour du bâtiment imposant et monstrueux, nous laissant découvrir le no man’s land où il est construit mais aussi percevoir les bruits tellement caractéristiques tels que les clés qui tournent dans les serrures, les portes qui claquent et les cris qui fusent constamment.

Par touches successives, la réalisatrice décrit les moments où la vie de chacun va basculer pour parvenir à son épilogue et on aimerait pouvoir prolonger encore cet accompagnement et savoir ce qu’ils vont devenir.

La maîtrise de son sujet et de sa réalisation n’est pas le seul atout de Léa Fehner et elle peut y ajouter une direction d’acteurs hors pair. Elle a tiré le meilleur des quelques joyaux qui composent son extraordinaire casting. La petite Pauline Etienne en ado/adulte « pas si jeune que ça » est toujours d’une justesse impressionnante, Farida Rahouadj incarne à elle seule toutes les femmes maternelles/« maternisantes » du cinéma, Julien Lucas le jeune médecin mufle, macho se transforme imperceptiblement et succombe presque à son insu, Marc Barbé est un élégant manipulateur tout en finasseries, Vincent Rottiers voyou charmeur souvent au bord de l’implosion, et bien sûr surtout Reda Kateb, déjà particulièrement remarquable dans « Un prophète », il prouve ici ce qu’est un Acteur tout en douceur...

Mais au fond il n’est pas étonnant qu’avec un titre aussi magnifique Léa Fehner ait réussi un film qui y ressemble, humain, intense, fiévreux et chaleureux.

Commentaires

  • Effectivement, la geôle n'est pas toujours là où on le croit...
    Reda Kateb se prépare à une superbe carrière, je croise les doigts pour lui... Je ne dis rien mais à la fin... waouh ! il est remarquable et les autres ne le sont pas moins. Je trouve que le cinéma français commence enfin à reprendre des marques plus qu'intéressantes.

  • Comment qu'tu causes trop bien. D'ailleurs j'allais le dire. Mais le Reda, au début, à la fin et au milieu... il est waouh ! Quand il pleure, quand il calme sa chérie, quand il veut la récupérer et puis pas, quand il lui dit "euh y'en a marre là !", quand il hésite, quand il renonce, quand il y va finalement et puis à la fin waouh waouh wouah triple.
    Je l'ai entendu dans le poste vendredi, il est waouh quand il cause aussi !
    Waouh quoi !

  • Finalement j'aime bien te lire aussi quand tu as beaucoup aimé.
    C'est un premier film impressionnant. Il aurait certainement eu un prix où tu sais....

  • ah bon, j'suis pas obligée d'aller voir RTT pour amuser la galerie ?
    Merci.

  • J'voudrions pas dire mais j'vais le faire quand même
    Le Reda sait causer parce qu'il a quand même une sacrée carrière au théâtre, je crois donc qu'il n'y a pas de secret...
    Enfin, moi, j'dis ça, j'dis rien...
    Tu vas voir RTT ?
    Tu crois qu'on pourrait lancer un top 10 des acteurs qu'on n'A PAS ENVIE DE REVOIR en 2010 ?

  • Il est trop marrant ton top ten.
    C'est toi qui le jette ?
    Euh, qui le lance !
    Ah oui, le Reda fait théâtreux ??? Ben. En tout cas il assure ! Et un max encore !

  • mais aussi dans la main je subodore

  • Euheuh.. dans la main, normalement i fond pas, mais bon... je peux pas te faire un dessin.

  • Enfin vu ce soir (à mon rythme, comme d'hab!) et beaucoup aimé!
    Des parcours durs, des personnages attachants, un ton un peu désenchanté...
    Un film très humain en somme, avec un casting en or, c'est vrai (j'ai adoré Farida Rahouadj et le Kateb, of course, hyper juste et quelle gueule!).

  • Tu as le cerveau lent on le sait ! Et la petite Paupau t'en fais quoi ? Quant à Kateb, c'est vrai que c'est bien qu'on lui donne des rôles qui ne cadrent pas avec sa tête de dur. Il est d'une douceur ici je trouve. Formidable.

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