Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

BULLHEAD de Michael R. Roskam ***

Bullhead : photo Matthias Schoenaerts, Michael R. Roskam

bullhead de michael r. roskam,cinéma,matthias schoenaerts,jeroen perceval,jeanne dandoy

Dans une ferme de la Flandre belge profonde, la famille Vanmarsenille élève du bétail et l'engraisse aux hormones. Le fils Jacky se fait subir le même traitement que les animaux et s'injecte les substances qui lui ont donné une apparence imposante voire monstrueuse. Il collabore avec un vétérinaire corrompu et est sur le point de conclure un marché avec le plus important trafiquant d'hormones du pays. Mais un policier est assassiné et le fameux trafiquant rapidement soupçonné. L'enquête policière s'approche de plus en plus de Jacky qui risque d'être inquiété. Dans le même temps refait surface l'ami d'enfance Diederick que Jacky n'avait pas revu depuis 20 ans et avec lui des souvenirs et des secrets profondément enfouis. Faire ressurgir cette époque douloureuse va être éprouvante pour Jacky.

Je le dis pratiquement à chaque fois, mais le cinéma belge est différent de tous les autres et d'une qualité exceptionnelle. Récemment "Le grand tour" de Jérôme Le Maire ou "Les géants" de Bouli Lanners ont été des chocs. Et ce "Bullhead" ne s'écarte pas de cette règle d'un cinéma singulier même s'il peut être comme ici très dérangeant. Par l'attitude insaisissable, la violence parfois inexpliquable du "héros", ce qu'il fait subir à son corps, le drame invraisemblable dont il a été la victime, que l'on découvrira et permettra une amorce d'explication. Mais aussi par la bêtise, la laideur et la brutalité de la plupart des personnages secondaires. A la fois polar dans le milieu totalement inhabituel de la mafia des hormones et tragédie intime d'un homme dont le destin a cruellement basculé dans l'enfance, ce film évoque ces films américains qui dépeignent une humanité de l'Amérique profonde pas reluisante comme si elle avait été oubliée du reste du monde. Autour de l'affaire mafieuse et policière, on assiste au calvaire d'un homme meurtri et l'on découvre comment un petit garçon au visage d'ange est devenu cet animal effrayant.

Filmé ample et lyrique dans une campagne dissimulant mal la violence des pratiques de ses habitants, la caméra se ressert et se concentre parfois sur le corps et le visage étonnants d'un acteur impressionnant dans tous les sens du terme. On a hâte de retrouver (dans le prochain Jacques Audiard me souffle t'on dans l'oreillette) Matthias Schoenaert qui n'est pas de ceux que l'on peut oublier. Il donne au film tout son souffle et son rythme, tendu et lent parfois puis brusquement violent. Et lorsqu'il se retrouve seul chez lui, désespéré, qu'il cogne ses poings dans l'air, pleure recroquevillé dans sa baignoire ou qu'il est égaré face à la fille qui le fascine bien qu'elle soit d'une fadeur exceptionnelle, on souffre avec lui. Ce garçon bouleversant est de ces monstres impossibles à détester.

Commentaires

  • Ouaiche, Schoenaerts livre une prestation exceptionnelle et Roskam fait des merveilles pour un premier film ! Quelle maîtrise ! Je crois qu'il s'agit plus d'un portrait d'homme perdu qu'un film de mafia, en fait. J'ai beaucoup aimé le prendre sous cet angle.

    Parmi les petites choses que j'ai trouvé très bien, il y a aussi la sombre crétinerie des deux garagistes wallons. Je me suis cru chez les Coen, une référence que Roskam semble revendiquer. Pour le reste, c'est presque du Scorsese, porté par des images que j'ai trouvé très fortes. Le fait que la fille soit fade, comme tu dis, ajoute au pathétisme de ce personnage brisé.

    Non ? J'en fais trop ?

  • non non t'en fais pas trop. J'ai moi aussi parlé de Scorsese à mon "voisin de gauche" ! C'est sûr qu'ils sont perdus pour la science tous ces mecs. Quant à la fille, elle semble s'en être sortie mais quelle "pauvreté" aussi

  • Je ne sais pas qui le tient, mais il est vachtement bien, ce blog ciné.

  • Bah voilà, tout le monde parle de ce film, et je ne le verrai pas parce qu'aucun ciné de la région ne le diffuse. Et quand je dis région, je parle au sens administratif du terme. Et il s'agit quand même d'un film encensé partout et qui gagne des prix dans tous les festivals. A quand un film sur la mafia des distributeurs ?

  • Bernard : je rêve ou c'est un compliment ??? Y'a longtemps que tu as consulté ?

    Nataka : tu vis dans quel trou ma pauvre ?

  • Dans un trou qui s'appelle le Grand Ouest. Je crois que 2 ou 3 chaines de cinéma ont le monopole en Bretagne, et la qualité du service ne s'améliore pas.

  • Je crois que ça fait longtemps qu'on n'avait pas été en désaccord (ah si, "Cheval de guerre", remarque il y a une logique:-)), mais j'ai réellement détesté ce film. La réalisation est d'une prétention sans nom. J'ai l'impression que chaque plan est là pour nous dire "voyez comme je vous montre l'animalité de cet homme". C'est vrai que c'est bien joué et que ses multiples prix d'interprétation sont justifiés... En tout cas, âmes sensibles s'abstenir!

  • Une de mes 2, 3 claques de ce début d'année :)
    Prétention ou Chef d'Oeuvre... souvent l'un est pas loin de l'autre.
    ce soir, Tatsumi...

  • Pas prétention en tout cas !
    Alors t'as arrosé le 8X4ème ?

  • ouaip pas du tout de prétention... Sandra elle dit n'imp' :)
    le 8x4eme anniversaire Mercredi, oui, petit restau entre amis, avec un petit mal de tête vendredi matin... mais la soirée vraie sera samedi soir.
    Zoub

    Tatsumi : dur, pas simple du tout à suivre, des histoires assez malsaines dans l'ensemble... j'ai pas trop accroché son approche du manga, même s'il est le premier à faire du manga pour adultes, je préfère l'oeuvre de Jirô Taniguchi, l'est plus rêveur, comme moi.

  • Sandra : des réalisations prétentieuses comme ça j'en veux encore !

    Jordane : oui laisse la dire , elle préfère les canassons !
    T'es toujours plongé dans tes dessins animés !

Les commentaires sont fermés.