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LE PASSÉ de Asghar Farhadi **

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Marie souhaite que son divorce d'avec Ahmad soit prononcé afin d'épouser Samir.

 Ahmad, retourné en Iran, son pays d'origine, après la rupture, revient à Paris pour quelques jours et découvre la relation de Marie ainsi que ses rapports conflictuels avec sa fille aînée Lucie (la jeune Pauline Burlet, très bien), ado tourmentée... qui rentre de plus en plus tard. Marie ne cesse de faire et de défaire une vie amoureuse cahotique. D'un premier mariage elle a eu deux filles. Le père est totalement absent. Aucun enfant n'est né de son union avec Ahmad, mais elle est enceinte de Samir qui a également un fils de son union précédente. Ahmad a vite fait de se rendre compte à quel point la situation est complexe d'autant que Lucie n'accepte pas du tout le nouveau compagnon de sa mère et encore moins son prochain mariage. Alors, Marie demande à Ahmad de l'aider à comprendre pourquoi sa fille désapprouve Samir. Elle lui reprochera plus tard de ne pas se mêler de ses affaires. Les secrets et les non-dits vont peu à peu surgir ou réapparaître, compliquant encore une situation déjà bien embrouillée... Et les personnages vont découvrir qu'il n'est pas si simple de faire table rase d'un passé dont les attachements et ruptures ne sont pas résolus ! En fait, je résumerais ce film simplement en disant que les protagonistes de l'histoire sont tellement englués dans un présent sinistre, qu'ils ne peuvent que se retourner sur leur passé. Ce qu'ils vivent est si effroyablement cafardeux qu'ils ne peuvent que faire leur cet aprhrorisme : "on sait ce que l'on perd mais pas ce que l'on gagne".

Difficile de parler d'un film tellement encensé quand on est resté complètement à l'extérieur. Ce n'est ni la faute de la réalisation ni de celle des acteurs, parfaits ! Mais je dois bien avouer que la magie de l'implacable Une séparation (précédent film du réalisateur) n'a pas opéré cette fois. Je serais moins catégorique que mon voisin de gauche qui a soupiré au bout d'une heure et demie (le film dure 129 loooooooongues minutes) : "on s'en fout un peu, non ?", mais une chose est sûre, il m'a été absolument impossible de m'attacher à un seul des personnages quoique Ahmad... Pourtant je me suis accrochée dans l'intention de vivre une nouvelle expérience renversante. Mais non. Je n'ai pas eu vent d'un suicide collectif de la part des acteurs ou de spectateurs donc je pense que tout le monde a survécu à l'épreuve mais c'est ce qui m'a le plus gênée au fond, ce film est plombant, déprimant, désespérant. Dans Une séparation il y avait pourtant de lourds fardeaux aussi : une séparation donc, un vieux quasi grabataire, un jeune homme dépressif, une femme voilée obligée de mentir, des enfants contraints de choisir entre leurs parents, le poids d'un pays et de ses traditions, l'emprise d'une religion qui emmûrent les femmes... pas franchement de quoi se taper sur les cuisses. Et pourtant le film n'était jamais accablant. Au contraire, c'est un chef d'oeuvre. Ici tout pèse des tonnes et en premier lieu l'ambiance délétère asphyxiante. On sait, à moins de vivre sur Mars, que le réalisateur iranien a placé son intrigue cosmopolite à Paris et en banlieue. Et on ne le remerciera jamais assez d'avoir fait de ses personnages des gens "normaux" avec des emplois de gens ordinaires (Marie est employée dans une pharmacie, Samir tient une blanchisserie, Ahmad... on ne sait pas... psychologue peut-être tant il sait sonder l'âme humaine et proposer les bonnes réponses aux mauvaises questions). Mais il ne lui suffisait pas d'installer tout ce monde dans une maison de banlieue cafardeuse et en travaux (comme la vie du trio oui merci j'ai compris !) au fin fond d'une impasse de Sevran (pardon aux Sevranistes), il fallait aussi qu'elle soit au bord d'une voie ferré. Bref, pour le cadre c'est bon, c'est moche !

Avec le retour d'Ahmad et la signature de cette convention de divorce le passé ressurgit mais surtout le présent montre son vrai visage et comme l'écrivait Anatole France (oui ben, j'ai le droit) : "L'amour du passé est inné chez l'homme... Le présent est aride et trouble, l'avenir est caché". Ce film le démontre magistralement mais de façon implacable et démoralisante, oui j'insiste, démoralisante. Mais s'il se contentait d'être déprimant... je peux supporter et sortir d'apnée dès que je sors de la salle. Mais à l'instar d'un précédent film encensé à ma grande surprise, je pense que ce Passé est censé parlé d'amour et à aucun moment on n'en voit la trace. Evidemment il y a la toute dernière scène, la dernière image, la dernière réplique... mais chut, on ne peut rien dire. Mais là encore, j'ai eu la sensation que le personnage se réfugiait, dans le sens de s'enfuir, pour se dérober à un présent qui ne convient pas ! Samir, Marie et Ahmad semblent plein de douleur, d'agressivité même, d'amertume, de tourments... mais pas guidés par leur coeur et leurs sentiments. Et le réalisateur empile comme un mille feuilles sans fin les questions, les rebondissements, les revirements, les atermoiements, les hésitations... Il y a beaucoup de portes, de fenêtres, qui s'ouvrent, se ferment, se claquent, refusent de s'ouvrir. Et je n'ai pu compter le nombre de fois que chaque personnage avance et s'éloigne, lentement, s'arrête et fait demi-tour ! Au bout d'un moment, mon voisin et moi nous disions : "ah il/elle va faire demi-tour !!!"

Et le mille feuilles finit par retomber comme un soufflé !

Alors évidemment il y a les acteurs magnifiques (Bérénice !), impressionnants et notamment, et surtout le charismatique Ali Mosaffa véritable remède et antidote, ne serait-ce que grâce à sa voix merveilleuse, à tous les malheurs existentiels. Un prix d'interprétation ? Et quelques scènes dont celle entre Samir (Tahar Rahim, adulte et intense) et son fils dans le métro. Et aussi en deux scènes très fortes, Sabrina Ouazani démontre à quel point, depuis l'Esquive, elle est la championne du monde pour raconter et décrire un événement.

Mais pour résumer d'un seul mot : déception !

Commentaires

  • Oh là là, j'ai été bien moins déçue que toi, j'ai bien retrouvé les mêmes embrouillaminis que dans les films précédents. Alors il manque peut-être le décor plus exotique de l'Iran, Les couples font preuve de la même immaturité, et ne s'inquiètent guère des conséquences sur les enfants. Le personnage de Bérénice Bejo m'a paru imbuvable, je ne sais pas comment Amhad a fait pour la supporter jadis. Et puis Ali Mosaffa, il est trop craquant cet homme-là !!! Et tout ce monde se chamaille sans arrêt, c'est sûr ce n'est pas très rigolo, mais ça tient mieux la route que bien des films français.

  • ça manque d'amour et c'est plombant !

  • Bon ben je vais éviter alors. Les films de famille déprimants je le vis actuellement en live

  • Là, c'est plus les histoires de couples !
    Mais ça pèse des tonnes !

  • J'ai vu la bande annonce, ça a l'air relou et pesant, ça donne pas envie.

  • Pas vu la BA... je vais aller voir pour voir (!!!) si ça illustre bien la relouitude du bousin !

  • ben moi, ça m'a carrément donné envie d'aller le voir ton article !!! hihihi, j'adore les ambiances plombées...et on ne dit pas non à Tahar Rahim.

  • Tahar est parfait. Bérénice aussi. Et Ali plus que parfait...
    et pourtant !

  • Très bien, le gamin... les autres font le boulot, Bérénice est quand même une bonne actrice, et Rahim en glande pas une.
    C'est vrai qu'il n'y a pas d'amour, dans ce film, Rahim et Béjà on l'air vraiment de se faire chier ensemble.

  • Assurément leur "couple" ne vend pas du rêve et le gamin je lui aurais bien coller deux baffes !

  • donc tu m'as donné envie, et je dois dire, je suis entièrement d'accord avec toi. C'est un drame parfaitement ficelé mais où est l'amour entre Samir et Marie? ils ont l'air de se faire chier ensemble, un truc de dingue !!! et faut qu'il fasse attention le beau Tahar, faire la gueule n'est pas synonyme de jeu profond/intense/césarisablequesaisjeencore?, là en l'occurrence il est à côté de la plaque, sauf peut être la scène du trom, et encore, l'enfant fait tout. Bérénice est bien mais bon, le rôle n'est pas dur, même moi je peux le faire. Tirer la tronche et être en colère c'est facile, le truc c'est qu'elle ne fait rien passer comme émotion, on y croit pas...au contraire de Ali Mosaffa, qui lui, nous fait faire un tour d'arc en ciel avec sa voix douce et ses yeux tendres. Le prix d'interprétation, c'est à lui que je l'aurai donné moi. Même plus...

  • Donc, on est d'accord, y'a pas d'amour et Ali est grand !!!

  • oui mais Tahar est petit.

  • tout minus !
    Pas trop crédible dans le rôle de l'amoureux et du papa...
    mais la dernière scène est belle.

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