Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

MARIUS - FANNY de Daniel Auteuil ***

  victoire belezy,  victoire belezy,

Vous ferai-je l'affront de vous résumer les amours de Marius et Fanny ?

Non quand même pas ! Chacun sait que dans ces années 30 sur le Vieux Port de Marseille, le Bar de la Marine est tenu par César et son fils Marius. Mais Marius ne se sent aucune disposition particulière pour reprendre le moment venu l'affaire familiale. Marius a le regard fixé sur l'horizon et sur le navire La Malaisie qui parcourt les mers du monde. Son rêve est d'embarquer pour plusieurs mois, voire des années mais il est torturé à l'idée de faire de la peine à son père qui l'a élevé seul et puis il y a Fanny qui l'aime depuis l'enfance. Lorsque Fanny s'amuse à flirter avec Maître Panisse qui souhaite l'épouser, Marius devient fou de jalousie et renonce à son départ. Mais le temps passe et Fanny consciente que Marius n'est pas heureux et que son regard se porte encore loin au-delà de l'horizon feint de ne plus l'aimer et de préférer épouser Panisse pour son argent. Marius embarque donc en pleine nuit et laisse Fanny désespérée. La jeune fille attend de voir le bateau s'éloigner au large pour annoncer la nouvelle à son père.

Très vite, elle découvre qu'elle est enceinte. Déshonneur total pour une fille et sa famille. Panisse décide de l'épouser malgré tout et d'élever l'enfant comme s'il était le sien. Malgré leurs trente ans d'écart Fanny et Panisse se marient. Au bout de deux ans, Marius réalise que finalement son amour pour Fanny est plus fort que celui pour la mer. Il revient, décidé à reconquérir celle qu'il aime et à faire valoir ses droits de père...

Voilà pour l'histoire, en gros.

J'ai hésité à aller voir ces films car fan de Pagnol et des versions originales, échaudée par la version ratée de Daniel Auteuil de la Fille du Puisatier (un film que j'adore) je craignais d'être déçue à nouveau. Il n'en est rien, au contraire, et en recentrant davantage ses films sur l'histoire d'amour, le réalisateur propose une variante très personnelle, très émouvante de ce que je considère comme des chefs-d'oeuvre sans pour autant les trahir. Il conserve pourtant les dialogues mot à mot mais les acteurs n'essaient pas de jouer folklorique ni d'imiter leurs aînés. Après un temps d'adaptation où j'étais surprise voire gênée de l'absence de plan large de Marseille... j'ai réfléchi (si, si !). Il est évident qu'il est impossible de pouvoir donner une vue d'ensemble de la ville comme si nous étions en 1930... J'ai donc abandonné ce point de détail et me suis laissé emporter par cette chronique tendre et cruelle, cocasse et surannée, portée par une troupe d'acteurs irréprochable dont aucun ne cherche à faire d'imitation. C'est le risque quand on touche à un tel monument du patrimoine, se rendre ridicule en tentant de faire à la manière de. Daniel Auteuil réussit superbement son pari de nous démontrer son amour, son admiration et son respect pour ces oeuvres mais parvient à aborder intelligemment tous les aspects complexes psychologiques, moraux, sociaux de cette comédie parfois drôle, parfois dramatique. Le déshonneur d'une fille, la paternité, la maternité, l'amour fou, les rêves sacrifiés...

Le sacrifice et le renoncement de Fanny en font une fille perdue. A l'époque être "fille-mère" était le summum du déshonneur.  Moeurs étranges d'une époque où pour laver son honneur souillé, une toute jeune fille consent-elle à épouser un homme plus vieux qu'elle de trente ans, à être quasiment vendue avec l'accord et la bénédiction de sa propre mère ! C'est aussi par grandeur d'âme, respect et reconnaissance envers son mari que Fanny ne cède pas à Marius lorsqu'il revient alors qu'elle l'aime toujours passionnément.

Daniel Auteuil a trouvé deux acteurs incandescents pour interpréter Marius et Fanny. Raphaël Personnaz et Victoire Belezy sont beaux, passionnés et convaincants. Il a par ailleurs l'élégance et l'audace de ne pas se dérober à l'épreuve de l'incontournable et cultissime "partie de cartes". En ne s'appesantissant pas sur cette scène mythique, il réussit le challenge. Bravo. Et vivement César...

Les commentaires sont fermés.