Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LE DÉMANTÈLEMENT de Sébastien Pilote ***

le dÉmantÈlement de sébastien pilote,cinéma,gabriel arcand,gilles renaud,lucie laurier

Gaby n'a jamais rien fait d'autre que travailler

dans la ferme héritée de son père où il élève des moutons. Ses frères ne voulaient pas de cette ferme. Alors Gaby a travaillé pour sa femme qui l'a finalement quitté, et pour ses filles à présent trentenaires et parties en ville. Lorsqu'une de ses filles lui dit qu'il n'a dû prendre que trois jours de congés en quarante ans, il répond qu'il aurait pu n'en avoir eu qu'un. Il faut dire que les moutons de Gaby se fichent de savoir si l'on est samedi ou dimanche, ils ont besoin de soins quotidiens. Mais aujourd'hui Gaby est seul, très seul dans sa grande et il se désole de voir un de ses voisins "démanteler", c'est-à-dire vendre sa belle ferme, tous ses biens aux enchères.

Si chaque film était "le plus" quelque chose de l'année... celui-ci serait sans aucun doute le plus déprimant, le plus désespérant, le plus cafardeux, le plus triste de l'année. Et pourtant, malgré le pessimisme de cette espèce de suicide organisé d'un homme au bout du rouleau, ce film est beau, beau, beau !

La "faute" à un réalisateur qui sait filmer, placer sa caméra, faire des plans sublimes de la campagne, de l'intérieur d'une maison et raconter une histoire. La "faute" à un acteur magnifique Gabriel Arcand, ses beaux yeux tristes, son air mélancolique, sa dégaine fatiguée et à une tirade bouleversante dans laquelle il explique qu'il a consacré sa vie aux autres, que cette ferme qui devait tout lui apporter n'a finalement été que la cause de tous ses malheurs.

Gaby est un taiseux, il s'exprime peu, il agit, il résiste. Et tout fout le camp le jour où une de ses filles débarque et vient passer deux jours à la ferme avec ses enfants. C'est l'aînée, celle qui fait mine de s'intéresser, d'être présente, qui prétend que sa soeur est trop accaparée par son métier de comédienne pour encore rendre visite à sa famille. En fait, cette aînée est dans la mouise ou plutôt prétend l'être. Elle se sépare de son mari et "tu comprends papa pour les enfants, j'aimerais pouvoir garder la maison"... et aussi sa grosse voiture, "tu pourrais pas faire un emprunt, 200 000 dollars et je suis tirée d'affaire ?" D'emblée cette fille on la déteste, parce que papa Gaby fait ni une ni deux, il va à la banque demander un prêt. Mais la banque le lui refuse. Alors, il n'hésite pas : il démantèle. Malgré l'avis de son ami et comptable qui tente de l'en dissuader. Il vend tout Gaby, visite un appartement minuscule, bruyant, moche et puant, une espèce de mouroir pour retraités qui ne mettent même plus le nez dehors, et on tremble de voir qu'il s'engage à le prendre alors qu'il a toujours vécu au grand air, au milieu de nulle part, dans sa belle grande ferme. Lorsque sa seconde fille lui rend visite, en fait la plus affectueuse des deux et lui dit : "Marie profite de toi", il répond, lucide : "je sais ça". Mais sa vie ce sont ses filles. Gaby n'est pas un fermier, c'est un papa. Et on a le coeur serré de le voir se sacrifier ainsi pour une ingrate.

On se demande pourquoi il ne cèderait pas aux avances à peine dissimulées de sa jolie voisine, une jeune fermière veuve. Mais non, Gaby n'est pas ce genre d'homme, il envisagerait plutôt de vivre à nouveau avec la femme dont il est séparé depuis plus de 20 ans.

Ce film crève-coeur est une succession de scènes sublimes esthétiquement et cruelles. Et le réalisateur réussit avec beaucoup d'intelligence et de savoir faire à évoquer à la fois la fin d'un mode de vie rural qui expire et les tourments de ce Père Goriot face à une fille égoïste mais aussi au reste de la famille et il faut voir les frères rappliquer pour tenter de récupérer leur part. Révoltant, écoeurant. Mais tellement réaliste. La famille quoi...

En tout cas, quel bonheur de retrouver Gabriel Arcand ! Quel acteur ! Ceux qui ont "connu" Ovide Plouffe comprendront.

Commentaires

  • Olala je suis totalement d'accord ma Pascale. A part ton truc sur la famille. Mais bon, on n'a pas la même ni le même âge, ceci explique peut être cela ;)

  • Pour moi le mot "famille" est comme un gros mot, c'est te dire.
    Je ne "crois" pas du tout à ce "concept".
    Mais le film oulala.

Les commentaires sont fermés.