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MAPS TO THE STAR de David Cronenberg ***

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Hollywood n'est pas vraiment une usine à rêves pour Cronenberg. Ou si elle l'est, on peut dire que les rêves se fracassent sur le mur de la réalité, des apparences et de la vanité. 

Cronenberg tourne beaucoup de films et celui-ci est rassurant, le réalisateur n'est pas définitivement perdu pour la science. Je dirais même qu'il est franchement revenu aux affaires avec ce film impoli et définitivement politiquement incorrect. Mais on a eu très chaud. En 2011 A dangerous method narrait les ennuis d'une fille folle à la mâchoire déboîtée qui fichait la brouille entre Freund et Jung. Et en 2012 il nous contait l'histoire d'un type plein aux as qui voulait une coupe de cheveux mais avait la prostate asymétrique et aimait faire à dada sur mon bidet dans une limousine (Cosmopolis). C'était ennuyeux, consternant, abscons... et l'humour cronenbergien m'échappait totalement.

 

Je suis plus ouverte à son ironie et à son approche désespérée et désespérante d'un monde à paillettes illusoire, sa vision décortiquée au scalpel du 7ème art aux Etats-Unis. Si l'on prétend souvent que le cinéma est une grande famille, le réalisateur en fait une famille exécrable, incestueuse où la folie rode de génération en génération. Quelques personnages en guise de prototypes lui servent de cobayes et l'on peut poser des noms, des histoires connus sur les différents cas qu'il étudie. Au final, il semblerait que ce soit l'enfance qui soit la toute première victime sur ce bucher des vanités.

 

Le jeune Benjie 13 ans est la toute jeune star d'une "franchise" à succès qui rapporte des millions de dollars aux producteurs mais aussi à ses parents qui n'entendent pas lâcher la poule aux oeufs d'or. Immédiatement on pense à Macaulay Culkin victime lui aussi d'un succès précoce et de parents vénaux. Benjie, puant, arrogant et si jeune sort pourtant de réhab'. Il doit faire bonne figure pour continuer d'exercer sa profession chaperonné par une mère à demi folle qui masque sa cupidité sous une tendresse quelque peu forcée. Quant au père, mi-gourou, mi-psy pour stars en perdition, auteur à succès, il est obsédé par le fait que rien ne vienne compromettre la sortie de son prochain bouquin. Cette famille de tarés hystériques cachent difficilement quelques secrets pas piqués des hannetons sous une apparente exubérance et derrière les hauts murs de leur villa hollywoodienne bétonnée.

 

Et puis il y a Agatha, jeune provinciale mystérieuse au visage à demi brûlé qui débarque de sa cambrousse et devient l'assistante d'Havana Segrand, actrice vieillissante sur le déclin prête à tout pour obtenir LE rôle qu'elle convoite. Et au volant d'une limousine de location, Jérôme qui ne reculerait devant rien non plus pour accéder au métier d'acteur ou de scénariste.

 

Tout ce joli monde inquiétant, aux portes ou dans les coulisses de la gloire, prêt à y entrer de n'importe quelle façon, à y rester coûte que coûte ou à en sortir malgré eux est drôle, pathétique, violent, torturé. Cronenberg, en grande forme mais plus sombre et ironique que jamais, n'y va pas avec le dos de la cuiller. Il use et abuse du name-dropping et accable ses personnages de médiocrité. Mention particulière à Julianne Moore, hystérique, vulgaire (pourquoi fermer la porte des toilettes pour péter ???) appelle ses assistantes successives "esclaves", se réjouit de la mort d'un enfant, teste son pouvoir de séduction sur un garçon dont elle n'a que faire et tente, condamnée aux hallucinations, de régler ses problèmes existentiels par un come-back douteux.

 

Robbert Pattinson, désormais spécialiste du baisage de stars à l'arrière d'une limousine, baise une star à l'arrière d'une limousine et sort définitivement de son rôle plâtreux d'Edward...

 

Et le final, glaçant, désespérant, d'une tristesse indescriptible est douloureusement beau.

Commentaires

  • Pattinson est inexistant et transparent.
    Et tu spoiles à mort P !

  • Ne jetons pas la pierre, on ne peux pas faire Les Promesses de l'Aube à chaque fois.
    Je me tâtais un peu, sur celui-là (Cronenberg n'est pas forcément bon pour la santé mentale du spectateur) mais je vais peut-être me laisser tenter.

  • Il s'attaque à un milieu très particulier...
    Mais quel monde entre Les promesses de l'aube et Cosmopolis...

  • Absolument pas !
    Je ne vois pas où ?

  • Les Promesses de l'Ombre SVP !!!!!
    J'aime j'aime j'aime Cronenberg...

  • Shame pour l'ombre...

  • Les Promesses de l'Ombre, exact. J'étais restée sur le titre original, les Promesses de l'Est. Pas sûre de comprendre exactement le sens ni de l'un ni de l'autre au fond, mais c'est un sacrément bon film.

  • Merci beaucoup pour votre article très interessant.

  • J'ai beaucoup aimé les trois premiers quarts du film. J'aime quand tout est subtilement féroce.
    La fin est plus inutilement spectaculairement atroce, mais je suppose qu'il faut cela dans le cinéma américain...
    Et j'adore Julianne Moore.

  • J'ai beaucoup aimé que ça devienne démonstratif ! Et j'aime le désespoir.

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