Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

GERONIMO de Tony Gatlif ***

377455_jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Educatrice sans peur et (presque) sans reproches du six six, Geronimo tente depuis des années de veiller sur les jeunes et la marmaille à l'abandon d'un quartier délaissé d'une ville de bord de mer. En plein cagnard, elle se démène pour essayer de les empêcher de tomber dans la délinquance.

Elle aussi a jadis été une fille "difficile". Elle est même passée par la case maison de redressement. Mais elle ne se détourne pas de sa mission malgré les difficultés de plus en plus fortes à se faire respecter. Tout s'embrase lorsque Nil 16 ans d'origine turque prend la fuite le jour même de son mariage (forcé) avec un homme de trois fois son âge, pour rejoindre son amoureux Lucky un gitan beau comme un dieu. Le clan des turcs se sent offensé, humilié et n'imagine pas d'autres solutions que de tuer Nil et Lucky pour réparer l'affront. Le clan des gitans n'entend évidemment pas se laisser faire. Malgré le pacifisme et l'appel au calme de certains parmi les deux clans, l'affrontement semble inévitable. Geronimo se met en quatre pour venir en aide aux deux tourtereaux et ramener le calme dans le quartier.

 

Tony Gatlif ne perd toujours rien de sa rage et de sa frénésie et il nous embarque pied au plancher sans préambule dans une histoire où les Montaigu et les Capulet ne sont plus deux familles rivales véronaises mais des français d'origine turque et gitane. Le film s'ouvre sur la course effrénée, haletante de la jeune mariée qui s'échappe avec voile et dentelles pour rejoindre son amoureux. On sait depuis Gadjo Dilo que le réalisateur aime faire courir ses jeunes et belles actrices brunes à perdre haleine et cette scène vive et endiablée donne le ton au film.

 

Rarement l'amour aura été filmé avec tant de joie de vivre, d'émerveillement, d'euphorie ! La jeune et sublime Nil semble n'avoir que trois mots de vocabulaire "je l'aime... je t'aime" et c'est toujours avec des éclats de rire naturels et communicatifs qu'elle rejoint et se jette sur son Lucky d'amour. Les voir s'ébattre avec tant de bonheur et d'exubérance nous les rend immédiatement et définitivement proches et sympathiques. Comme Geronimo, on veut les sauver, les extraire de la folie meurtrière qui affleure à mesure que le film avance.

 

Rythmé par des battles chorégraphiées et musicales époustouflantes, le film de Tony Gatlif s'apparente parfois à une comédie musicale. Et il est difficile de ne pas évoquer West Side Story tant l'histoire du jeune couple et leur environnement rappellent le quartier de New-York où les Jets et les Sharks s'affrontaient jadis. C'est magnifique, enthousiasmant, lyrique et on passe outre les maladresses ou les aspects incompréhensibles (l'ulcère de Lucky, la découverte de l'appartement de Geronimo rampante...) pour se concentrer sur la direction d'acteurs impressionnante et sur cette question : Nil et Lucky vont-ils s'en sortir ?

 

Mené tambour battant par Céline Sallette phénoménale une nouvelle fois, lumineuse, véritable petit soldat seule face à une armée de guerriers entêtés, elle porte à elle seule le combat rageur d'une fille courageuse face à la haine et à la bêtise ! Fort et beau.

Les commentaires sont fermés.