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MASAAN de Neeraj Ghaywan ****

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Bénarès, cette ville semble démentielle de beauté, surpeuplée, très ancrée dans les traditions et le culte de Shiva. Une ville sainte au bord du Gange, le plus sacré des fleuves sacrés de l'Inde.

J'ai failli ne pas voir ce film. La faute à un récent film indien qui m'avait pas mal agacée. Outre qu'il renfermait une quantité d'acteurs et de personnages moches et bas de plafond tellement considérable, qu'il donnait une image de l'Inde à fuir et parce que j'en avais assez de ces histoires de mariages arrangés... j'ai donc failli ne pas voir Masaan. Mais je me suis pointée avec une heure de retard pour voir Amy et du coup je me suis retranchée sur ce film indien, contrainte et forcée (pour ne pas avoir fait la route pour rien, vous comprenez, le cinéma c'est loin !). Merci Amy. Et maintenant que je vous ai raconté les déboires ma vie, parlons du film.

 

Le réalisateur nous raconte trois histoires qui se déroulent dans cette ville hors normes, Bénarès. Tout en prenant grand soin de les inscrire dans les traditions, les symboles emblématiques de l'hindouisme qu'elles représentent, il ne nous accable pas d'un pensum religieux assommant. On lui en sait gré et bien plus, il me semble que Massaan est le film grâce auquel j'ai le plus appris de ce pays et de ses coutumes et traditions ancestrales. Passionnant donc, mais pas uniquement d'un point de vue documentaire, ce qu'il n'est pas, mais bien parce qu'on suit en parallèle les histoires qui vont finir par s'imbriquer (ou pas) avec un intérêt égal. J'ajoute que le réalisateur a un sens du dramatique et des coups de théâtre impressionnant. Et même si on finit par s'attendre (voire attendre...) l'épilogue follement optimiste, teinté d'espérance, le chemin pour y arriver alterne les joies et les larmes, comme dans la vie et c'est en partie ce que j'attends du cinéma.

 

Le jeune amant de Devi se suicide lorsqu'ils sont surpris par la police "des mœurs" en pleins ébats amoureux. Si le jeune homme meurt, la jeune fille sera accusée de complicité de meurtre et risquera la prison... C'est comme ça en Inde. Devi est rongée de chagrin et de culpabilité et son père Pathak contraint de verser une somme indécente à un policier corrompu qui promet d'étouffer le scandale, va renier ses hautes valeurs morales pour trouver cet argent. Le jeune garçon orphelin dont Pathak s'occupe durement, va participer à ces jeux d'argent scandaleux. Quant à Deepak un jeune homme cultivé, qui fait des études et travaille durement pour se les payer tombe follement amoureux de Shaalu qui lui rend rapidement son amour. Malheureusement les deux jeunes gens ne sont pas de la même caste et les parents de Shaalu risque de ne pas accepter Deepak issu des quartiers pauvres.

 

Toutes ces histoires qui s'entremêlent se déroulent au bord de ce fleuve mythique où cohabitent modernité (Shaalu et Deepak commencent par communiquer via Facebook) et rites ancestraux. On peut donc ainsi découvrir ce qu'est un ghat, berge recouverte de marches ou gradins qui descendent vers l'eau et où les hindous réalisent leurs rites et diverses offrandes. Le plus surprenant est également le travail de Deepak chargé de l'incinération des morts. Cette cérémonie se déroule en plein air, au bord du Gange. Il installe les bûchers. Le plus terrible est qu'un membre de la famille doit fracasser la tête du défunt pour permettre à l'âme de s'élever. S'il n'y parvient pas, Deepak s'en charge.

 

Il y a mille détails dans ce film qu'il faut revoir pour les enregistrer tout en restant scotché à l'évolution et aux histoires des personnages constamment partagés entre leur avenir tourné vers la modernité et le respect des anciens et de leurs usages rétrogrades. Mais le réalisateur, même s'il évoque le cruel manque d'argent qui plonge les gens dans la misère, l'ignoble corruption de la police, la condition de cet orphelin des rues qui s'adonne à un jeu débile et dangereux au cours duquel les adultes parient, le harcèlement dont est rapidement victime Devi... il parle aussi d'amour, d'espoir, d'une forme de révolte de la jeunesse.


Et c'est d'une grande beauté visuelle et auditive. Les personnages sont terriblement attachants, les acteurs très convaincants. C'est un mélo qui fait mal, qui fait du bien. J'espère que vous irez voir ce film aussi indispensable que Mustang.

 

Vive l'été qui n'est pas uniquement propice aux blockbusters !

Commentaires

  • Il n'est pas passé, et ne passera plus chez moi, je le crains. J'avais vu la bande-annonce et ça m'aurait bien plus de le voir, pourtant.

  • Et je pense que tu aurais aimé, curieuse comme tu es !
    Quelle idée d'habiter dans un trou... Mais au moins tu as la mer.

  • Ce n'est pas une question d'habiter dans un trou, c'est une question de réseau de distribution des films.
    Mais c'est vrai qu'on a la mer. Ce n'est pas que j'en fasse grand chose personnellement, mais pour le climat ça aide.

  • Oh la la, fais pas ta savante, je le sais que tu maîtrises l'atome !
    J'ai remarqué qu'on faisait rarement usage de ce qu'on avait à proximité. Moi "j'ai" la montagne pas loin, je m'en contrecogne alors que j'adore la mer.

  • La montagne je m'en fous aussi, je n'aime que mon canapé.

  • J'aime bien ma chaise de bureau aussi moi.

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