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COUP DE CHAUD

de Raphaël Jacoulot ***

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Un minuscule village français non identifié passe l'été sous une canicule qu'on imagine pas... Le maire un veuf affable et aussi vétérinaire tente de régler les problèmes et attentes de chacun. Deux agriculteurs se tirent la bourre, l'une n'a pas de pompe à eau et voit son maïs se dessécher, l'autre en possède une et laboure ses champs sous une délicate bruine.

Un couple s'installe dont le mari est artisan, dans l'espoir de mener une vie plus saine. Les quelques jeunes gens du village se regroupent, s'ennuient ou passent leur temps à la piscine du plus riche. Il y a aussi une vieille dame seule, quelques conseillers municipaux et la famille Bousou, des ferrailleurs sans histoire mais qui dérangent un peu. Au milieu de ce petit monde déambule Josef, un jeune homme pas bien fini qui "a manqué d'oxygène à la naissance" et qu'il est difficile de contenir tant son plaisir de faire des bêtises est sa principale occupation.

Jusqu'au jour où il croise le regard d'une jeune fille. Les autres se moquent copieusement de lui et encore plus lorsqu'il se mettra en tête d'offrir un cadeau à l'élue. Son besoin d'amour pas assouvi, Josef étant atteint de "débilité débonnaire et affective", va le pousser à un acte insensé qui aura de fortes répercussions sur tout le village.

Dès le prologue on sait qu'un évènement  terrible va arriver. La réussite tient au fait que le spectateur se trouve à scruter les comportements de ces citoyens au dessus de tout soupçon et de chercher à découvrir qui est l'auteur de ce que l'on voit au début. Qui ment, qui dit la vérité ? La tension est permanente, on ne sait pas à quel moment, ni comment, ni pour quelle raison les petits différends, les moqueries, les plaisanteries vont virer au drame. Alors on suit Josef qui fait le lien, qui agace tout le monde. Il est la victime et le coupable désignés. Protégé par une mère qui ne trouve que des excuses à son gentil garçon inoffensif. Le rôle de cette mère est tenue par une actrice  inconnue d'origine turque époustouflante, Serra Yılmaz. Elle est d'ailleurs pratiquement le seul personnage rassurant de l'histoire. Avec le maire interprété par Jean-Pierre Darroussin, toujours bienveillant, nonchalant et plus tolérant que ses concitoyens.

Finalement à force de petits évènements de plus en plus dérangeants, troublants et menés par une agricultrice très en colère (Carole Franck, incroyable !), les villageois vont révéler leur vraie nature. Les médisances, les commérages, les bassesses, la diffamation, les accusations sans preuve vont aller bon train. Et nous découvrirons jusqu'à l'ultime seconde ce dont chacun est capable dans l'expression de sa sombre et humaine nature.

Karim Leklou complètement ailleurs, dans le sens "habité" du terme m'a fait penser parfois à Ugolin et le film à Manon des Sources, lorsqu'une communauté toute entière devient tacitement complice. A la fois maladroit et totalement flippant, Karim Leklou ne cherche jamais et avec beaucoup de subtilité à rendre son personnage sympathique, au contraire et le spectateur (la spectatrice !) en arrive même à se dire : il va arrêter de faire chier le monde ce con. Je devrais en vouloir à Raphaël Jacoulot de m'avoir fait ressentir cela mais j'aime trop son cinéma, qu'au contraire je le remercie de si bien comprendre et retranscrire la mesquinerie humaine.

PS. : à noter la très belle affiche, et c'est vraiment rare les belles affiches au cinéma de nos jours !

Commentaires

  • Bon ben voilà, ça j'ai envie de voir, par exemple.
    Je ne sais pas pourquoi. La bande-annonce, où je n'ai pas réussi à situer qui était qui par rapport à qui, m'a bien accrochée.

  • Je n'avais pas vu la BA. C'est le Jacoulot et l'affiche qui m'ont attirée dans ce guet apens ! à quoi ça tient !

  • Coucou Pascale
    Une film qui donne envie et une affiche belle qui m evoque une BD ...
    Bisous

  • Oui c'est vrai, ça fait BD.

  • Un très chouette film, que j'ai vu également sur le nom du réalisateur (Avant l'aube, c'était formidable).
    Carole Franck est dans un rôle inattendu, loin des humanistes qu'elle est habituée à jouer, et elle fait cela parfaitement.
    Et cette tension permanente, insidieuse, qui fait qu'on se demande qui va être victime, qui sera coupable, tout au long du film ou presque. Une belle réussite !

  • Oui Carole Franck est toujours incroyable, on dirait toujours qu'elle pratique le métier qu'elle joue. La première fois que j'y ai cru c'est dans l'Esquive. J'ai cru qu'il avait recruté une vraie prof de français.

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