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ANNONAY 2017 - PRÉJUDICE

d'Antoine Cuypers **

Dans le cadre de la Carte Blanche au dispositif Emergence

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Avec : Thomas Blanchard, Nathalie Baye, Arno Hintjens, Ariane Labed, Eric Caravaca, Cathy Min Jung

Synopsis : Lors d’un repas de famille, Cédric, la trentaine, vivant toujours chez ses parents, apprend que sa sœur attend un enfant. Alors que tout le monde se réjouit de cette nouvelle, elle provoque chez lui un ressentiment qui va se transformer en fureur.

Il tente alors d’établir, aux yeux des autres, le préjudice dont il se sent victime depuis toujours. Entre non-dits et paranoïa, révolte et faux-semblants, jusqu’où une famille peut-elle aller pour préserver son équilibre ?

Je suis contente d'avoir pu "rattraper" ce film que j'avais raté à sa sortie.

Si j'ai été frappée  (positivement) par la forme et la qualité esthétique du film, le fond ne m'a pas tout à fait convaincue. Le malaise croissant de ce repas de famille placé sous haute tension permanente ne tient pas ses promesses de "révélation". D'ailleurs, il n'y a pas réellement de révélation. On constate sans creuser profond une relation d'amour/haine entre la mère et le fils atteint d'un mal dont on ne saura pas vraiment ce qu'il est (paranoïa, schizophrénie...), ce qui d'ailleurs n'a pas grande importance. Si cette relation est pour le moins fascinante puisqu'elle alterne avec brutalité les moments de tendresse et de rejet, il n'en va pas de même pour le reste des protagonistes de la famille réduits à un seul trait de caractère. Le père, épuisé de résignation lui aussi atteint d'un mal étrange dont on ne saura également rien (ce qui est plus gênant car on croit que la révélation viendra de là), la sœur couineuse, jalouse qui voudrait attirer l'attention avec sa grossesse débutante, l'autre frère qui se fait attendre et dont on comprend vite qu'il est le fils prodigue parfait qui va tout résoudre. Les pièces rapportées... belle-soeur/beau-fils sont d'une banalité sans nom. Quant au petit garçon... je cherche encore son utilité. J'ai un regard déformé sur les enfants. Etant entourée d'enfants particulièrement vifs, éveillés, malins, j'ai un peu de mal avec les enfants renfermés, incapables de s'exprimer quand on leur parle. Evidemment il n'évolue pas au sein de la famille la plus équilibrée, mais y-a-t-il des familles sans névroses ???

Ceci étant dit, le réalisateur a un sens du cadre, des effets de réalisation (flous, ralentis, musique) vraiment bluffants et une manière impressionnante de faire monter la tension et de mettre le spectateur mal à l'aise. Mais il faut dans ce cas lui asséner le coup de grâce je trouve. Il a aussi des références cinéphiles évidente (Festen (le repas de famille toxique et anxiogène), Shinning (le long couloir avec un enfant qui s'égare dans un couloir qui semble interminable, l'atroce moquette)).

Mais il y a des incongruités de scenario vraiment pénibles. Le fait que la mère mette à cuire la viande au moment de passer à table, ce repas qui semble s'éterniser sur plusieurs jours (timing mal respecté) m'ont particulièrement agacée. Ce n'est peut-être qu'un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup...Et d'autres éléments qu'il est inutile d'énumérer.

Au bout du compte, on se dit : tout ça pour ça. Même si à la sortie j'ai croisé des spectateurs visiblement éprouvés et même en larmes. Moi qui pleure si facilement ai bien sûr été choquée par la façon dont Cédric est parfois traité mais pas vraiment touchée.

Il reste néanmoins une direction d'acteurs particulièrement remarquable. Nathalie Baye reprend trait pour trait son interprétation (en beaucoup moins maquillée) de la mère de Juste la fin du monde de Dolan et elle maîtrise parfaitement  et avec beaucoup de justesse ce rôle de mère monstre. Et la révélation est évidemment Thomas Blanchard, magnifique, omniprésent, impressionnant dans le rôle du fils fragile qui cherche sa place.

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