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LETTRES DE LA GUERRE

de Ivo M. Ferreira ***

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avec Miguel Nunes

Synopsis : Un jeune médecin portugais, soldat pendant la guerre coloniale en Angola entre 1971 et 1973, envoie à sa femme des lettres d’amour poétiques, sensuelles et passionnées.

Ce jeune homme, en train de devenir écrivain, c’est António Lobo Antunes dont 280 lettres ont été publiées en 2005. Elles sont l’inspiration du film qui en propose une lecture intime et leur donne vie.

Douceur et indolence sont les maîtres mots de ce film alangui et nonchalant (oui ça fait très très peur) qui pourtant parle d'une guerre complètement stupide comme toutes les guerres. Ici l' Angola, ex colonie portugaise, tente de s'affranchir de cette colonisation, mais l'armée portugaise vient s'opposer à ce rêve d'émancipation.

Antonio n'a aucune envie de faire cette guerre. D'autant moins qu'il a laissé au pays sa femme adorée et enceinte. Il y restera pourtant deux ans durant lesquels il lui écrira chaque jour, des lettres délirantes, affolantes, sublimes ! Pendant que la guerre fait ses victimes dans une Afrique somptueusement filmée, les deux amants éperdus dépérissent et se fanent. "J'ai tellement envie de toi que j'en ai mal partout" lui écrit-il un jour. Les lettres sont lues indifféremment par l'homme ou la femme. On la voit aussi un peu cette femme magique. Elle se languit pareillement de son bel Antonio qui soigne ses camarades d'infortune, s'attache à une fillette perdue et écrit sans jamais faiblir.

Il y a quelques dialogues et c'est surtout très intellectuel. Ni film de guerre, ni film d'amour, mais un peu des deux. On imagine parfois la pression que devait ressentir cette femme sublimée, plus que parfaite, "j'aime tout de toi" ne cesse-t-il de lui écrire, et le manque intolérable de cet amour total et sans partage.

Les références visibles peuvent paraître écrasantes, Apocalypse Now, La Ligne Rouge et aussi la splendeur Tabou parce qu'il est portugais, se situe en Afrique, parle en voix off... mais il est aussi unique parce que différent.

Dans cette ambiance ouatée, ce noir et blanc cotonneux, au son de cette musique et de ces textes incroyables, on imagine la douleur des amoureux séparés et on accompagne le voyage intérieur de cet homme déchiré.

C'est beau à voir, beau à entendre. Unique et différent, je l'ai dit.

"Mon amour chéri.

Te souviens tu encore de moi ?

Même moi parfois je n'y arrive pas.

Dans le miroir parfois je vois un inconnu

Je suis exténué et en loques mais bien disposé et vaillant.

Ne te fatigue pas trop

Pense au bébé.

Des millions de baisers de ton mari éloigné .

J'aimerais tant danser avec toi

J'aimerais tant te demander pardon

j'ai tellement envie de toi que j'en ai mal partout.

Mon corps adoré, ma maîtresse, ma voie lactée, ma fée, mon diamant, ma Pénélope, ma morphine, ma cocaïne, ma femme.

Je résisterai et je retournerai auprès de toi et de notre enfant,

Sois patiente, et ne cesse jamais de m'aimer

Je t'aime, jusqu'à la fin du monde".

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