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LES BIENHEUREUX

de Sofia Djama ***

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avec Sami Bouajila, Nadia Kaci, Lyna Khoudri, Faouzi Bensaïdi, Amine Lansari,

Synopsis : Alger 2008, quelques années après la guerre civile. Amal et Samir ont décidé de fêter leur vingtième anniversaire de mariage au restaurant. Pendant leur trajet, tous deux évoquent leur Algérie : Amal, à travers la perte des illusions, Samir par la nécessité de s'en accommoder. Au même moment, Fahim, leur fils, et ses amis, Feriel et Reda, errent dans une Alger qui se referme peu à peu sur elle-même.

Pour être plus claire, Amal n'en peut plus de ce pays tandis que Samir  entend bien continuer à y vivre. L'enjeu est de taille : quitter ou pas le pays pour aller vivre en France. Amal, la femme, la mère de Fahim, souhaite plus tout que son fils ne reste pas en Algérie où elle sent son avenir bouché. C'est dire si les discussions mènent parfois à des disputes entre ce couple qui semble pourtant s'aimer. C'est pourquoi on ne comprend pas bien la scène où Amal dit à Samir qu'elle ne l'aime plus. Et lui, si tolérant, en arrive à lui asséner cette sentence : "ne m'oblige pas à utiliser les lois de ce pays". On sent bien que c'est l'homme qui a toujours le dernier mot. Pourtant ici, nous sommes dans un milieu intellectuel. La femme est prof en fac (si j'ai bien compris) et l'homme gynécologue.

Cette génération a connu une guerre terrible dans les années 90 et il suffit de quelques images dans un cimetière pour comprendre que les victimes innocentes, femmes, enfants, ont laissé des hommes inconsolables. On comprend qu'une toute jeune femme a dû subir des sévices et échapper à un massacre. Et qu'aujourd'hui elle est contrainte de cacher la cicatrice qu'elle porte au cou, la honte pour les autres plus que pour elle... Tout est dit plutôt subtilement et la réalisatrice entend nous faire toucher les traumatismes de plusieurs générations.

Sofia Djama a énormément de choses à dire et on la comprend. Ce pays reste une énigme. La bigoterie distillée par le pouvoir s'oppose aux efforts de la jeunesse qui essaie de s'en sortir. Elle n'occulte pas pour autant l'évocation du jeune qui semble en passe de se radicaliser.

La faiblesse vient de cette volonté de vouloir tout dire à tout prix. Du coup la scène de l'apéritif chez les amis ressemble à un catalogue de tout ce qu'il faut dire pour être sûr de ne rien oublier. Chacun énonce ses répliques et on a presqu'envie de cocher. Ce moment se termine étrangement en mésentente et ceux qui restent se mettent à danser.

La réalisatrice est beaucoup plus subtile lorsqu'elle évoque les choses sans discours. Notamment ces nombreuses coupures de courant tout au long d'une seule journée. Les algérois y semblent tellement habitués qu'ils vivent ce non évènement sans la moindre réaction.

Du côté des jeunes c'est presque un sans faute. Si j'ai trouvé le fils de Samir et Amal inutilement agressif et désagréable avec ses parents, ses deux amis m'ont époustouflée et notamment la jeune Lyna Khoudri, une tornade, insolente, fragile, libre et audacieuse dans une société qui reste quand même essentiellement machiste. Lorsque les trois jeunes sont ensemble, leurs joutes verbales sont un régal.

Sami Bouajila et Nadia Kaci sont magnifiques, intenses, parfaits.

Commentaires

  • Complètement d'accord sur le casting, et même s'il y a des faiblesses, j'ai trouvé ce premier film juste et touchant, qui m'a donné envie d'en savoir plus sur ce pays si tourmenté ..!

  • C'est compliqué ce pays (pour nous)... mais je travaille avec un algérien qui lorsque je lui en parle élude tout et dit que ce qu'il voit au cinéma ne reflète pas du tout la réalité, que même les quartiers filmés ne ressemblent pas à ce qu'il connaît. J'évite donc d'insister, cela semble sensible.

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