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EVERYBODY KNOWS

d'Asghar Farhadi ****

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Avec Penelope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darin, Barbara Lennie

Synopsis : A l’occasion du mariage de sa soeur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au coeur d’un vignoble espagnol. Mais des évènements inattendus viennent bouleverser son séjour et font ressurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.

On devrait toujours entrer en salle sans RIEN savoir de ce qui nous attend. Hélas, ce n'est pas toujours facile. Excepté dans les festivals où je fais des trouvailles les yeux fermés (façon de parler) voire en me trompant de salle... il faut parfois trouver de bonnes raisons de se déplacer. Ici, le réalisateur, le trio d'acteurs (même si les autres ne déméritent en rien) voire le titre, tout m'incitait à foncer tête baissée. Je n'oublierai jamais le choc d'Une séparation, film vertigineux de ce réalisateur iranien que je ne connaissais pas à l'époque. Et même si j'ai moins aimé ses films suivants, ce réalisateur tient toujours une place à part dans mon cœur de cinéphile.

Drôle de destin pour un film réalisé intégralement en espagnol, avec des acteurs pour la plupart espagnol et un argentin, par un réalisateur iranien avec un titre anglais. Je ne cherche pas à connaître les bonnes raisons de ce melting-pot, elles sont sûrement justifiées et nullement gênantes. Au contraire. J'aime ces voyages à travers les langues, les populations et les pays.

Le titre, parlons-en. Je ne peux pas dire que la découverte de ce que tout ce qu'Everybody knows soit une révélation fracassante. On comprend, on se doute peu à peu. Et comme je vous l'ai déjà dit mille fois, c'est pour moi un exploit de deviner, de voir venir, sauf si les grosses ficelles sont apparentes. Mais de la part de Farhadi, les indices sont évidemment plus subtiles. Et bien, même si on se doute et devine la révélation, cela n'enlève rien au suspens.

Car Farhadi est un conteur. Il scrute les visages, les corps, les déplacements, les réactions. Il laisse toutes leurs places aux discussions et c'est passionnant, fascinant. C'est la vie qui va le temps d'un week-end, de quelques jours peut-être. 

Dans la première partie, le temps est aux retrouvailles et aux embrassades. Malgré toute cette exaltation active des préparatifs (on s'apprête à fêter un mariage), la caméra mobile d'Asghar Farhadi installe l'angoisse. Je ne savais pourtant rien je le répète de ce qui allait se passer mais malgré la joie, la fête, le bonheur sincère et partagé, on sent une ombre planer. Laura débarque d'Argentine avec ses deux enfants, un petit garçon, et une ado, le genre de celle qu'on a envie de baffer prendre entre quatre z'yeux et de lui demander, de la supplier de se calmer, de prendre un bouquin ou simplement de cesser de se considérer comme le centre du monde. On imagine sans peine que c'est d'elle que vont venir les ennuis. Mais ce serait trop simple.

Juste avant les embrassades, la scène inaugurale est d'une grande beauté. Nous sommes à l'intérieur du clocher de l'église du village et l'envol de différents oiseaux au moment où se déclenche le mécanisme de l'horloge, fait s'envoler la poussière dans une lumière à contre jour. C'est beau et même si je l'ai lu après, ce clocher m'a évoqué celui du Vertigo d'Hitchcock. Et puis sans transition, on surprend en gros plan, des mains gantées qui découpent des articles de journaux... L'explication viendra beaucoup plus tard.

La longue scène du mariage est virtuose. Absolument réaliste. Tout le monde boit, rit, chante, danse. C'est la fête, on suit les uns et les autres et le réalisateur sait tenir une caméra mobile qui virevolte d'une pièce à l'autre sans nous ficher le tournis. Et puis la pluie s'invite et avec elle le drame...

Le film devient thriller, je ne vous dis pas pourquoi mais la décision est prise de ne pas prévenir la police. Et comme toujours cette décision oppose tous les membres concernés. Il y a forcément les pour et les contre et toutes leurs bonnes et compréhensibles raisons. La tension, Farhadi la maîtrise comme personne. Et même si les conversations en forme de règlements de compte parfois sont nombreuses car chacun devient suspect, s'observe et se soupçonne, jamais il ne cède à l'hystérie. Les amis, les membres de la famille, tout le monde s'allège peu à peu du poids des secrets, des silences que tous croyaient sans doute enfouis à jamais. Le réalisateur sème des indices, nous met sur des pistes parfois trop simples, bifurque soudain et complexifie son récit sans nous perdre. Je n'irai pas jusqu'à parler de lutte des classes, mais il sera question d'argent, d'une grosse somme d'argent que certains ont peut-être et d'autres forcément pas. Là encore chacun se trompe et notamment à propos du mari de Laura obligé de quitter l'Argentine pour rejoindre sa femme.

Que le réalisateur ait placé son drame loin de l'Iran démontre qu'il est un auteur, un réalisateur au-dessus du panier qui ne se contente pas de filmer et de scruter la société iranienne qu'il connaît mais aussi l'âme humaine  en général tellement complexe et ambiguë même animée des meilleures intentions.

Contrairement à ce que j'ai lu, je n'ai trouvé nulle longueur à ce film passionnant. Pas plus que, même si on a déjà vu ce genre d'histoires de familles écrasées par des secrets qui ressurgissent au moment le plus inattendu, j'ai été captivée de bout en bout.

Et puis Agshar Farhadi prend le temps de s'attarder sur la personnalité de certains personnages. Ils sont très nombreux et si trois ou quatre dominent l'histoire, même les plus secondaires trouvent leur place, c'est très fort.

Quant aux acteurs, un régal permanent. Ils sont tous impressionnants. Le patriarche ressasse dans l'alcool et la mauvaise humeur ses erreurs et ses regrets. Il portera ses accusations lors d'un repas où famille et amis sont rassemblés. J'ai trouvé cette scène d'une intelligence exceptionnelle. Ricardo Darin (les plus beaux yeux d'Amérique du Sud et sans doute l'un des plus grands acteurs actuels) hérite d'un rôle terne auquel il ne nous a pas habitués, mais il apporte un certain panache à son personnage insipide, bigot et hésitant (on sait qu'un volcan sommeille sous la faiblesse apparente). Barbara Lennie est la femme de Paco (Javier Bardem), son personnage est d'une grande beauté et d'une grande subtilité. Penelope Cruz est pratiquement aussi bonne que chez Almodovar, même si son rôle de mater dolorosa ne lui permet pas de s'exprimer totalement. Elle m'évoque de plus en plus Sophia Loren par sa présence forte, maternante, sensuelle et lumineuse. Sans maquillage, elle est magnifique.

Mais au cœur du film et du drame, trône Javier Bardem, colosse magnifique lui aussi, imposant, drôle, rassurant, aimant, tourbillonnant il finit par porter, accablé, sur ses larges et solides épaules toute la misère des évènements de l'histoire, voire du monde. Il est... (merci de compléter par tous les superlatifs que vous pourrez trouver).

Et cette fin !!!

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Commentaires

  • Farhadi, pas Farahdi.
    Sinon, je suis d'accord avec toi sur tous les points.

    Pour compléter ta phrase, je dirais que Javier est exceptionnel.

  • J'ai TOUJOURS eu un problème avec les H. Je ne sais jamais où les mettre.
    Oui Javier... j'ai pas de mots... Javier Javier Javier...

  • D'accord avec ton commentaire.
    Juste une petite erreur qui est pardonnée, laura habite en Argentine et non pas au Brésil

  • Javier, perso j'aurai écrit Janvier même au mois de Mai ....
    Pas vu cela dit, mais je verrai, en juin peut-être ou Juiller :-)

  • Vidéoprojecteur home cinéma V6810 4K UHD, là on est loin de la petite lucarne, mieux que dans une salle, y a pas photo & j'ai pas besoin de réserver ma place, pas de bruit, de portable ou de bouffeur de pop-corn pour me faire ch..., bref le ciné de moins en moins pour tout dire.

  • Ah oui je comprends, mais non !
    J'y connais RIEN en technique, tu peux mettre toutes les références que tu veux :-)
    Rien ne remplacera la salle pour moi. J'ai la chance de pouvoir choisir mes horaires, d'éviter le soir, les week-ends et les "fêtes du cinéma".
    Sauf en festival où les salles combles ne me dérangent pas. Ce sont des cinéphiles. Ils mangent debout, dans la file d'attente, avant d'entrer en salle et donnent parfois l'impression que je suis seule :-)

  • Bonjour Pascale, j'hésite beaucoup à le voir. J'ai lu du bon et du moins bon. Je ne suis pas fan plus que cela de Penelope. Bardem et Darin: j'aime beaucoup. Mais c'est Farhadi, j'avais moyennement aimé son dernier Le client. Je réfléchis. Bonne journée et merci pour avoir attirer mon attention sur les "coquilles" sur mon billet.

  • Bonjour Dasola.
    Ah n'hésite pas, tu vas aimer. RIEN à voir avec le client.
    Javier est EXTRAORDINAIRE. L'histoire et la réalisation aussi.

    J'ai hésité pour les coquilles mais tu devais être fatiguée en écrivant :-)
    Bonne journée.

  • Tous ces "Javier" me font penser à "Jambier, Jambier, 45 rue Poliveau !". Pas la même carrure évidemment. :) Bref.
    Les retours sont contrastés, mais le film me tente bien et son sujet est intrigant. Content que tu aies aimé.

  • Aaaah Jaaaaaambieeeeeer ! Quelle scène ! Quel film ! Quels acteurs !
    N'écoute pas les grincheux. Le peu que je connais de Strum me laisse à penser que tu aimerais. Bien sûr qu'on a déjà vu des histoires de famille avec des secrets qui refont surface
    mais Javiiiiieeeeeer
    et Asghar.
    Et Penelope.
    Et Ricardo.

  • J'en sors et qu'est-ce que j'ai trouvé ça bien ! Moi qui redoute toujours le quart d'heure de trop, là, pas de problème, aucun ennui, au contraire. On est tenu en haleine par l'histoire, jusqu'au bout et Javier est excellentissime. Et ces moments subtils comme la mère qui regarde les chaussures de sa fille pleines de terre ... Je n'en savais pas beaucoup au départ et c'est très bien ainsi, tu as raison. On passe de la fête au drame avec une certaine virtuosité, bref un film qu'il faut aller voir.

  • Voilà, tu as tout dit. On va de surprises en consternations et des moments intenses.
    Un grand film.
    Et Javier...

  • Nous sommes moins enthousiastes que vous - ce n'est pas un mauvais film, bien sûr que non. Mais nous étions un peu déçues, peut-être nous attendions trop ?
    Nous en parlons aussi sur le blog...

  • ben moi aussi j'ai adoré même si j'ai comrpis de suite le noeuds (ça m'a rappelé une histoire on va dire :-)). La longue scéne du mariage est tout simplement exceptionnelle. Les acteurs au top!

    (digression : tu n'as pas été voir senses 1 et 2? j'aurais aimé avoir ton avis, je suis partie avant la fin et je me demandais si j'avais loupé un truc)

  • Oui on comprend vite le machin mais ça n'empêche que la réalisation et l'interprétation son fabuleuses.
    Je n'ai cessé de repousser les Senses... Tu ne m'encourages guère...

  • Entre Javier et Ricardo, je sens que ton cœur balance... Le mien est promis depuis bien longtemps à la sublime Penelope... Mais je crois qu'un bison entre Bardem et Darin, ne ferait malgré tout pas le poids pour séduire la magnifique Penelope.

    Moi aussi, je savais... comme tout le monde... mais peu importe, je suis emporté dans la chaleur de ce vignoble espagnol, et dans la grandeur de ces festivités dansantes, et chantantes, et... Oui, on s'en fout, les acteurs sont superbes, je ne me souviens plus si je t'ai dit combien je trouvais Penelope sublime et magnifique. Mais Javier et Ricardo, pas le plus en vue du trio renommé, mais j'adore aussi... Bref, tout m'a séduit dans ce film, Penelope aussi...

  • Et ce film dans la torpeur du vignoble laisse une impression durable. Tous les films ne font pas cet effet. C'est encore mieux quand on se fiche de connaître "le coupable" et ce qu'everybody knows et d'avoir envie de le revoir quand même.
    Si on me demandait de choisir entre Javier et Ricardo (on sait jamais !!!)... je crois que je passerai mon tour, ce serait trop difficile... Quoique quand même Javier...

    J'aurais quand même aimé que tu me dises un mot sur Penelope. Je trouve ça très inélégant de ta part.

  • Je crois que j'ai une préférence pour Ricardo... L'intensité de son regard, peut-être...
    Oui, j'ai oublié de parler Penelope qui est comme d'habitude en fait ; c'est à dire sublime et magnifique... une évidence...

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