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DÉSOBÉISSANCE

de Sebastiàn Lelio ***

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Avec Rachel Weisz, Rachel McAdams, Allessandro Nivola

Synopis : Une jeune femme juive-orthodoxe, retourne chez elle après la mort de son père. Mais sa réapparition provoque quelques tensions au sein de la communauté lorsqu'elle avoue à sa meilleure amie les sentiments qu'elle éprouve à son égard...

Durant la projection et après, j'ai trouvé le film sombre et austère. Trop. Toute cette religion dans tous les actes du quotidien, les interdits de faire ou dire telle chose à tel moment (on ne parle pas d'argent le soir du shabbat...), l'obligation d'en faire d'autres (l'amour le vendredi soir...), porter une perruque pour les femmes, la kippa pour les hommes, vivre dans la crainte permanente de Dieu... ça m'assomme.

Une nuit plus tard le souvenir que j'en ai est bien meilleur. Il me revient surtout l'intelligence des personnages et de leurs réactions face à une situation peu commune dans le milieu relativement obscurantiste dans lequel ils évoluent. Et une réplique que je ne peux citer pour ne rien révéler d'une partie du dénouement. Il y a des moments magiques dans les films qui parfois justifient qu'on se déplace. Ici une réplique suivie d'une étreinte inespérée mais tant attendue par la cinéphile midinette fleur bleue.

Je reproche néanmoins au réalisateur de nous laisser sur une fin confuse qui ne tranche pas, qui n'ose pas. Avant d'en arriver là il explore avec intelligence et délicatesse le tumulte des sentiments dans une communauté où des institutions sévères, les juifs orthodoxes, dictent le comportement de ses membres.

Ronit (Rachel Weisz, merveilleuse) s'en est échappée il y a de longues années. Elle s'est éloignée de son pays pour vivre et travailler à New-York, de ses meilleurs amis Dovid bientôt Rabbin (Alessandro Nivola, intense sous les poils) et Esti (Rachel McAdams, émouvante) qui a épousé Dovid sans que Ronit l'ait su. Grande est sa surprise en l'apprenant. A la mort de son père, Ronit revient à Londres pour l'honorer selon la tradition. Elle est accueillie plus que fraîchement par tous et reste digne face à cette froideur presqu'agressive où personne ne respecte ou n'accepte le chagrin qu'elle a d'avoir perdu son père.

Les retrouvailles des trois amis sont empreintes de gêne. On découvre peu à peu ce qui les trouble autant. Dont je ne vous dis rien si vous n'en savez pas plus que je n'en savais en entrant dans la salle. Tout s'exprime dans leurs regards et les interdits qu'ils s'imposent au nom de l'institution qu'ils respectent. La modernité de Ronit s'oppose au traditionalisme dans lequel Dovid et Esti sont comme des prisonniers volontaires. On a parfois du mal à croire que cette histoire est tout à fait contemporaine tant les dogmes rigides auxquels ils se conforment semblent d'un autre âge.

Ce qui m'a plu et impressionnée, malgré la rigidité et le manque d'ouverture d'esprit de ce milieu, est l'intelligence,  la confiance, le respect réciproque entre les trois personnages principaux bouillonnants de passion sous le vernis des institutions qui se lézarde.

Comme pour La femme fantastique, film pour lequel Sébastian Lelio a obtenu l'Oscar du meilleur film étranger, il m'a manqué l'étincelle pour considérer ce film sombre, doux et délicat, mais vibrant de passion, comme un grand film.

Commentaires

  • Bonjour Pascale, j'ai beaucoup aimé le film sauf sa conclusion qui est frustrante. Ni joyeuse, ni tragique. Les deux Rachel sont bien. Billet à venir. Bonne fin d'après-midi.

  • Bonsoir Dasola, Oui la fin est étrange. Mais que c'est beau quand il dit : we ar free.
    Bonne soirée.

  • Je n'ai pas vu le film (mais j'espère le voir un de ces quatre) mais j'avais beaucoup aimé le roman dont il est l'adaptation, un premier roman en plus, fin, intelligent, nuancé, subtil. Et passionnant. La conclusion était très belle aussi :

    "J'en suis donc arrivée à une conclusion. Je ne suis pas une juive orthodoxe. Ce n'est pas moi, ça ne l'a jamais été. Mais je ne peux pas non plus ne pas l'être. Cette existence a quelque chose de farouche, d'ancien et de tendre qui continue à me parler, et qui, je suppose, me parlera toujours. Je devine que ça ne ressemble guère à une conclusion, mais c'est la seule à laquelle je sois parvenue. Le docteur Feingold appelle ça "apprendre à me pardonner".

  • Très belle écriture en effet. Et apprendre à se pardonner... quel programme !
    Je me demande laquelle des deux dit cela ! Cela leur convient à toutes les deux.
    Je pense que c'est Ronit.

  • Oui c'est Ronit la narratrice du roman.

  • Bonjour,

    Merci pour la description. Je viens de voir le film et j’ai un doute. Dans la prenière scène du film où Roni a des rapports sexuels dans les toilettes. C’est avec quel personnage? J’ai eu l’impression que c’est Dovid

  • Bonjour. Non elle est à New York et "ramase" un type dans le bar où elle boit après avoir appris la mauvaise nouvelle... Tu me rappelles cette scène que j'ai trouvée inutile. C'est sans doute pour prouver sa grande liberté... mouais.

  • Ce film présente une réalité prégnante aujourd'hui encore au sein de ces communautés juives orthodoxes (et pas que dans cette religion bien sûr). J'ai rapproché ce "Désobéissance" du très beau "Felix et Meira" qui se passait dans la même communauté et qui était très poignant. Les dogmes, les traditions, font aujourd'hui encore peser sur ces hommes et ces femmes un poids souvent insupportable. Ils peinent à s'en dégager parce qu'ils n'ont connu que cela. C'est un milieu refermé sur lui-même, presque "sectaire" oserais je dire. Un film qui m'a bouleversé, magnifiquement interprété.. Merci pour cette belle critique ! :)

  • Je ne connais pas ce film Félix et Meira. Je risque de m'y intéresser. Merci.
    La... les religions me font un peu venir de l'urticaire...
    Ton bouleversement me donne envie de revoir ce film :-)

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