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FIRST MAN - LE PREMIER HOMME SUR LA LUNE

de Damien Chazelle ***

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Avec Ryan Gosling, Jason Clarke, Claire Foy, Kyle Chandler, Ciaran Hinds,

Synopsis : Pilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale.

Avec les jours qui passent, le film bénéficie d'un bon effet kiss-cool et j'ai depuis revu mon étoilage à la hausse. Je devais en attendre trop pour ne pas être déçue et je vous invite à lire la belle chronique princière qui vous motivera sans doute davantage à vous rendre en salle.

Ce film a peut-être la difficile tâche de passer après L'Etoffe des Héros qui finalement m'avait emmenée plus haut il me semble. Ici, même si le réalisateur s'éloigne du Biopic classique, il joue trop sur le côté grognon et la personnalité taciturne de Neil Amstrong qui manifestement n'était pas un grand communiquant. En insistant sur le traumatisme causé par la mort de sa fille toute petite, le réalisateur prend des risques. Evidemment on n'a aucun mal à imaginer que la perte de sa petite fille de 3 ans soit un drame insurmontable mais ça n'a finalement strictement rien changé à la carrière de l'astronaute et la façon dont c'est traité est assez patapouf. Et on a du mal à croire qu'on lui ait laissé la possibilité de survivre à son deuil en l'envoyant en l'air.

Je trouve l'étude de la cellule familiale pataude, vue 10 000 fois. Je n'en peux vraiment plus de ces gosses (il a deux fils par ailleurs) qui immanquablement balancent cette réplique : "alors papa, tu ne seras pas là pour ma compétition de natation ?" On dirait que les scénaristes ne font intervenir les enfants que pour avoir le plaisir de placer cette réplique. Je n'en peux plus non plus de ces femmes relativement compréhensives à l'œil mouillant (comme disait Brel), solidaires entre elles (échanges de cookies et de regards mouillants) qui semblent tomber des nues que leurs astronautes de maris (auparavant pilotes d'essais) prennent des risques et ne rentrent pas le week-end ! Brusquement parfois, elles ont un sursaut d'autorité et ici Madame Arsmstrong somme son mari d'annoncer à leurs deux fils qu'il va partir pour un paquet de temps et que son retour n'est pas garanti à 100 %. Armstrong le scientifique ténébreux qui répond précisément à des questions précises expliquera aux enfants qu'il part dans la lune comme s'il était à une conférence de presse et serrera la main de son aîné... ce qui doit vouloir dire : "c'est peut-être la dernière fois qu'on se voit fils. Je ne serai pas là pour ta compét' de natation mais je t'aime bien quand même". Ces scènes interminables ne me font ni chaud ni froid et manquent totalement de naturel.

Ryan Gosling se régale à nous la jouer ténébreux à la limite de l'autisme et c'est lassant. On s'endort un peu.

Curieusement, je me disais à quoi bon cette course pour posséder la Lune ? L'homme bourrin ira y semer la même apocalypse que sur Terre. Les russes sont toujours en avance d'une Soyouz et ça rend les américains dingos. Et  alors que je me posais ces questions existentielles, Damien Chazelle balance une séquence que j'ai trouvée exceptionnelle. L'Amérique et surtout les américains vont mal, Gil Scott Heron scande son "whitey on the moon" et l'émotion survient enfin. Car pendant ce temps à Vera Cruz l'homme blanc est sur la lune…

Contrairement à d'autres je trouve que c'est dans les moments spationautiques que le réalisateur réussit son coup. Jamais on a aussi bien entendu le barouf et les secousses insupportables que les astronautes devaient endurer dans les engins parfois finis à la hâte. La scène saisissante de l'alarme qui ne cesse de sonner et qu'il faut ignorer m'a pétrifiée d'angoisse. Et il réussit l'alunissage d'Apollo 11, ce qui n'est pas rien, sans Richard Strauss mais au son d'une ritournelle proche de la Barcarolle des Contes d'Hofmann. «That's one small step for [a] man, one giant leap for mankind » («C'est un petit pas pour [un] homme, [mais] un bond de géant pour l'humanité»)

C'est beau, c'est plutôt triste, la dernière scène est un summum de tristesse mais il manque le lyrisme nécessaire à une telle épopée et le manque d'empathie envers le personnage replié sur lui-même empêche l'étincelle de jaillir. 

Commentaires

  • Je suis d'accord avec l'idée que ce qui est le plus intéressant dans le film est l'aventure spatiale. On sous-estime les difficultés rencontrées par les pionniers. Et les images "spatiales" sont belles. La partie intime était aussi nécessaire pour mieux connaître l'homme Armstrong, quasiment statufié de son vivant. Néanmoins, bien que prétendant donner un aspect humain au héros, le film renforce le socle de la statue.

  • Lorsque mon père m'a offert ma 1ere calculatrice scientifique en 1994, il m'avait dit : 'les ordinateurs utilisés pour la conquête spatiale étaient moins puissants que ta calculatrice...' (casio ex 7500). Vais profiter du froid et des vacances de la Toussaint pour aller le voir.

  • Casio fx 7500- maudit correcteur.

  • Jolie remarque. Le film rend bien compte du fait qu'on les laissait s'aventurer dans des carlingues pas bien fiables il me semble.

  • Serions-nous d'accord ? Je n'ai pas cru un instant au fait qu'on confie cette mission à cet homme obsédé par une douleur insurmontable. Je me suis toujours fait une idée (fausse) de ce "héros" sans m'intéresser à son vécu mais je n'arrive pas à m'imaginer que la mort d'un enfant vous éloigne à tout jamais des autres au point de les délaisser et les traiter comme des étrangers. Sur ce point le film est vraiment balourd. Je me demande comment ils vont ces enfants… mais ce sont des grands garçons maintenant.

  • D'après les "secrets de tournage" d'Allociné, les deux fils ont un petit rôle dans le film : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-135374/secrets-tournage/

    Je pense qu'à la base, Armstrong devait être introverti. Le décès de sa fille a sans doute accentué ses traits de caractère avec, par dessus le marché, la conscience d'une "mission" à accomplir. C'est l'épouse qui est à plaindre.

  • La vie de personne ne devait être simple autour de lui.

  • 3 étoiles quand même ! Je vous trouve assez durs, toi et les personnes en commentaires, envers ce film. Certes les femmes n'endossent pas un rôle valorisant, mais en même temps rien d'étonnant si on se replace dans l'Amérique des années 60. Concernant Armstrong, le vrai était introverti, ne parlait jamais de la mort de sa fille, et ne s'entendait pas spécialement avec Buzz Aldrin, ce qui est bien retransmis dans le film. Et il est également véridique que sa femme lui ait imposé de parler à ses fils avant son départ. En tous cas, bien d'accord avec toi sur les scènes embarquées, on s'y croit et on flippe à mort !! Bref je préfère clairement cette proposition à "La La Land"

  • Va lire les articles de Princecranoir et de Strum (en lien dans ma blogroll), ça te réconciliera avec l'existence :-)
    Je ne dis pas que les points de vue traités ici sont faux, je les trouve traités balourdement.
    Et les moutards et leurs compèt', les femmes et leurs têtes penchées... NON.

    LALALAND ? connais pas.

  • Une critique grognon comme du Gosling qui ne t'empêche pas de mettre quelques étoiles. Ouf !
    Pas d'excès de lyrisme et c'est tant mieux pour cette conquête sans tambour ni trompette (trompette / Armstrong, c'est bon tu l'as ?), mission magnifiquement accomplie par un Chazelle qu'on attendait évidemment au tournant du genre.
    Merci pour le lien princier :-))

  • Tu as raison, Ryan a déteint sur mon humeur :-)
    Mais avec ton "trompette / Armstrong, c'est bon tu l'as ?", you make my day, ou plutôt ma soirée qui commençait pas un gros torrent lacrymal... Merci.

  • Je suis d'accord avec toi, c'est aussi la partie sur la conquête de l'espace qui m'a le plus bluffé. C'est comme si on était avec eux dans ces engins !
    La partie famille m'a un peu déçu, et pourtant j'adore Clare Foy ("The Crown" forever !!!). On nous fait un peu trop comprendre que la mort de sa fille l'a anéanti (notamment une scène qu'on sent arriver à des kilomètres) mais cela reste un film sur le deuil.
    C'est magnifiquement filmé et mis en musique (Justin Hurwitz continue son beau travail après La La Land), et comme toi, cette dernière scène muette, en transmet long en émotions !

  • On est bien d'accord donc :-)
    Oui la musique m'a évoqué les envolées lyriques de Lalaland. J'adore.
    Un film sur le deuil, ok... mais un peu patapouf.
    Moi en les voyant derrière leur vitre, comme une couille j'attendais qu'ils se disent une phrase définitive, imparable...
    Pas vu The Crown... Elle est sur NetFlix la dame ?

  • Vu tes commentaires chez moi, je m'attendais à une note beaucoup plus sévère. Malgré tes reproches, trois étoiles, ce n'est pas si mal. Une des idées du film, c'est que la mort de sa fille l'a rendu plus apte (plus fort selon ses supérieurs) à aller sur la lune car pour lui y aller, c'était se rapprocher d'elle. Choisir quelqu'un mû par une idée fixe et aux nerfs d'acier en mission (Gosling ne rend peut-être pas assez cela) était assez logique. Bon film dont la retenue émeut à défaut d'exalter. Les séquences dans l'espace sont très réussies.

  • Il n'y a que le premier quart dheure qui m'ait émue...
    Les enfants et moi...
    Je crois avoir compris l'angle du film et c'est un film de haute tenue. Mais j'aurais aimé être emportée...
    Ryan aurait gagné à être un peu plus... expressif.

  • J'ai hésité mais la longueur du film m'a fait passer mon chemin.
    Ta critique assez mitigé confirme ce que la BO m'avait fait entrevoir.
    J'irai peut être si l'occasion se présente !

  • C'est très looooooooooooooooong, surtout la partie familiale, très américano gnangnan... Mais, la partie spatiale vaut le détour.

  • J’en sors
    Super film
    Bluffant la sortie de la capsule pour descendre sur la lune
    Il en fallait du courage bordel !!!

  • Ah ces hommes là ne sont pas faits du bois dont on fait les violes (comme disait ma grand-mère) :-)

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