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THALASSO

de Guillaume Nicloux **(*)

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Avec Gérard Depardieu, Michel Houellebecq

Synopsis : Cinq années ont passé depuis L'Enlèvement de Michel Houellebecq. Michel et Gérard Depardieu se rencontrent en cure de Thalasso à Cabourg. Ils tentent ensemble de survivre au régime de santé que l’établissement entend leur imposer. Alors que Michel est toujours en contact avec ses anciens ravisseurs, des événements imprévus viennent perturber leur programme… 

Je n'irai pas par quatre chemins, Houellebecq me dégoûte, physiquement. Je sais, ça ne se fait pas de le penser et encore moins de le dire mais j'estime que ce que l'on présente au public mérite un minimum de respect, si pas de soi-même, du moins des autres. Ceci n'a rien à voir avec la beauté. Et l'on apprend ici pourquoi par exemple, il ne peut se faire refaire les dents. Côté intellect, je dois dire que j'ai eu du mal à dépasser les propos du monsieur lorsqu'il a jadis proféré : "une femme c'est un trou avec du poil autour". Dès lors j'ai décidé de ne jamais lire de Houellebecq, il faut bien trier tout ce qu'il reste à lire d'une manière ou d'une autre. Une fois quand même je me suis fait violence. Une émission, ça ne peut pas faire de mal, lui était consacrée et j'ai accepté que Guillaume Gallienne me fasse la lecture d'extraits des œuvres de l'auteur pendant une heure. J'ai trouvé ça plutôt sans intérêt et pas exceptionnellement écrit. Je passe sans doute à côté d'un des plus grands auteurs français de sa génération. Tant pis.

Ceci étant dit, compte tenu de l'apparence et de la personnalité du bonhomme, je ne m'étais pas déplacée pour voir son enlèvement. Cette fois, bien sûr après moult hésitations et parce que Gégé, c'est Gégé, j'y suis allée et j'ai passé un relativement bon moment.

De Guillaume Nicloux, je dirai qu'il a commis quelques œuvres oubliables comme La clef ou le très ridicule Concile de Pierre mais parfois je suis envoûtée, hypnotisée par son cinéma. Notamment par le merveilleux Valley Of love. Mais d'autres films tels que La Religieuse ou l'étrange Les confins du monde méritent le détour et démontrent l'éclectisme du réalisateur qui ne tourne pas en rond autour des mêmes thématiques ou formes d'écriture.

Cette fois, ce pauvre Houellebeck, 5 ans après son enlèvement commandité par François Hollande qui craignait qu'il ne soit élu Président de la République, se retrouve à l'Hôtel des Bains de Cabourg pour une thalasso qu'il n'a pas réclamée. Manifestement il s'y rend contraint et forcé par son épouse (sa vraie  épouse dans la vraie vie dont la carrière d'actrice ne risque pas de décoller grâce à sa prestation). Autant dire qu'il s'agit d'une TDT (Thalasso à la Demande d'un Tiers). Le pauvre Michel ne comprend pas ce qu'il fait là. En plus de s'ennuyer copieusement, il n'aime pas les soins qui lui sont prodigués, la cryothérapie comme les massages le font souffrir et par dessus tout, les repas sont très légers et manquent cruellement de vin. Cela donne lieu à quelques scènes drôles sans être hilarantes, où l'écrivain balade sa dégaine chétive dans les couloirs de l'hôtel vêtu de son peignoir blanc et marmonne une complainte pas très virulente.

Heureusement, il croise un autre pensionnaire qui comme lui se cache pour fumer, puisque c'est formellement interdit à l'intérieur comme à l'extérieur du bâtiment. Gérard Depardieu  dans le rôle de Gérard Depardieu va désormais tenir compagnie à Michel et le faire profiter des provisions qu'il a cachées dans sa suite. Là, le film décolle enfin. Leurs conversations légèrement et de plus en plus avinées sur la vie, la mort, l'amour, le sexe, la religion sont un régal la plupart du temps surréaliste. Elles atteignent leur paroxysme lorsque les deux hommes évoquent la possibilité d'une vie après la mort. L'un en étant convaincu, l'autre pas du tout. Ou lorsqu'ils sont face à une "œuvre", une "installation" qui trône dans la suite de Gérard.

Chacun leur tour, et même Houellebecq la larme à l'œil en évoquant sa grand mère, m'ont émue. Le colosse et l'avorton, aux physiques tellement opposés, forment un couple de cinéma savoureux. Leurs fortes personnalités, leur monstruosité, leur statut de star chacun dans son domaine les rapprochent mais ils n'ont rien à faire dans cet endroit aseptisé en totale contradiction avec leur comportement et leur état d'esprit. On rit lorsque Depardieu râle, à juste titre, sur la forme d'un fauteuil qui, s'il pose la tête sur le dossier l'empêche de respirer... mais régulièrement on se dit qu'il est un miraculé à la santé chancelante, la cicatrice qui lui barre l'abdomen de haut en bas est là pour le rappeler, comme son souffle de plus en plus court. On sourit lorsque Houellebecq s'étonne d'avoir un taux de gamma GT catastrophique alors qu'il avoue boire une bouteille de vin à chaque repas. Mais la maladie et la mort rôdent autour de ces deux monstres et c'est souvent émouvant.

Hélas, Guillaume Nicloux n'a pas fait suffisamment confiance à son exquis duo qui pourtant s'est livré corps et âme à son réalisateur. Il aurait dû, il aurait pu comme pour Valley of love se contenter de filmer et d'écouter les deux phénomènes en présence. Mais brusquement il fait intervenir une bande de pieds nickelés (les anciens ravisseurs de Houellebecq) et même si les conversations se font aussi burlesques, l'histoire annexe vient parasiter la Thalasso des deux sales gosses. L'intervention d'un sosie de Sylvester Stallone n'a aucun sens et la fin est totalement ratée.

Dommage.

Commentaires

  • Moi aussi !

  • Figure toi que j'ai pris un verre au bar de cette même thalasso samedi, sans savoir que c'était le lieu de tournage de ce film. J'avais vu la bande-annonce et m'étais dit que je ne risquais pas d'y aller. Houellecbecq m'insupporte au plus haut point et Gégé pratiquement autant (pardon !) Pour un peu, j'irais quand même pour en voir plus sur le lieu qui m'a tapé dans l'oeil. En lisant la brochure des soins j'ai demandé ce qu'était la cryothérapie et franchement ce n'est pas pour moi.

  • Ah la chance... d'être dans ce coin.
    La cryothérapie est encensée et décriée. Ça n'a pas l'air d'être une partie de plaisir.
    Franchement, dans le film l'endroit me paraît sinistre. Tout ce blanc... je trouve ça stressant. Chez moi c'est plein de couleurs.
    Je comprends pour Gégé mais malgré tout, je le trouve toujours touchant. Et dans le film, il est calme, doux comme il sait faire,
    Son regard est presqu'absent par moments. Il m'émeut et je l'ai tellement aimé que je l'aime toujours.

  • Gégé fait pas la cryo parce qu'il a de gros organes.

  • Je pense que c'est à cause de ses problèmes cardiaques que la cryo lui est interdite. Mais il soutient bien son ami dans la douleur :-)

  • J'étais sûr que ton prochain billet serait pour Thalasso ... ;-)
    'Houellebecq te dégoûte' !! Il me dégoute aussi & j'irai pas faire la cure.

  • Bravo pour ta divination :-) ça a faiili être un autre film.
    Il ne pourrait jouer autre chose que son role.
    Poursuoi je ne suis pas surprise ?
    On devrait ouvrir un cabinet de voyance.

  • Je suis d'accord que le duo se serait suffit à lui même. Certaines scènes, surtout celle que tu évoques sur la mort, sont bouleversante. J'avais beaucoup aimé Valley of love, j'ai loupé tous les autres. Moi j'ai bien aimé cette Thalasso, et même cet écrivain que pourtant je n'aime pas tellement. Là je l'ai trouvé très émouvant.
    Belle journée Pascale, merci pour cet avis très complet :)

  • Oui c'est dommage qu'il y ait tous les autres c'est une autre histoire.
    Houellebecq et Depardieu avaient suffisamment à se dire.
    Jai bien aimé. Ils sont touchants tous les 2.
    Merci, c'est gentil.

  • Les "Confins du Monde", du coup, ça m'intéresse vivement ! J'avais déjà apprécié Nicloux à ses débuts, quand il abimait l'image de Lhermitte dans le très glauque "une affaire privée" et celle de Balasko dans le non moins sombre "Cette femme-là".
    Quant à Houellebecq, il me fait rire, à l'écran comme à l'écrit. Par contre c'est souvent sombre et glauque (tiens, commes les premiers films de Nicloux), et il faut supporter les passage "avec du poil autour" en effet. D'ailleurs sa douce et tendre qu'on aperçoit dans le film a un équivalent dans "Sérotonine" pas piqué des asticots. Politiquement incorrect, heureusement qu'il y en a encore quelques uns. Jamais lu Queffelec par contre. ;-)

  • Est-ce ma prose qui t'a donné envie des confins ? J'en serai ravie. Ce film aurait tes faveurs j'en suis sûre. Un film d'une rare dureté et d'une grande beauté et magnifiquement interprété.
    Je crois avoir lu Quéffelec (le pauvre...) mais Michou, toujours pas envie.

  • Assurément très chère, j'ai encore en mémoire l'éloge que vous en fîtes au crépuscule de l'année dernière. Vous y parliez de "la boue, la chaleur et la luxuriance, l'exubérance de la végétation qui engloutit littéralement les hommes." Une invitation à s'y perdre corps et biens.
    Essaie "La carte et le territoire".

  • J'en suis chose votre seigneurie.

    Why not ! Il faudra que j'oublie son physique et ses propos. C'est pas gagné. Mais les vacances sont proches... je vais embarquer quelques lectures.

  • Disons que côté physique, ni l'un ni l'autres nous séduisent ... Dépardieu est un bon acteur qui se plait dans la provoc de même que Houellebecq un écrivain qui observe nos sociétés avec un oeil bien lucide, mais nous n'aimons pas son regard sur la femme... L'idée de ce film ne nous tente vraiment pas !

  • Physiquement, ça ne vend pas du rêve.
    Depardieu reste l'acteur que j'ai toujours aimé. Sa voix m'envoûte même si le voile qui la couvre souvent me déplaît. Mais comme il disait dans Valley of love : comment veux-tu que j'aille bien avec ce physique !

  • Voir Depardieu et Houellebecq faire leur show complaisant, cela ne me donne pas du tout envie, malgré ta critique indulgente, parasites ou pas.

  • Il faudrait pouvoir avoir une zapette ou retourner en salle de montage et ne conserver que les conversations entre les deux monstres. Ils sont plutôt naturels et touchants je trouve.

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