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PAPICHA

de Mounia Meddour **

PAPICHA de Mounia Meddour, cinéma,

Avec Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda

Alger, années 90. Nedjma, 18 ans, étudiante habitant la cité universitaire, rêve de devenir styliste. A la nuit tombée, elle se faufile à travers les mailles du grillage de la Cité avec ses meilleures amies pour rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations aux " papichas ", jolies jeunes filles algéroises.

La situation politique et sociale du pays ne cesse de se dégrader. Refusant cette fatalité, Nedjma décide de se battre pour sa liberté en organisant un défilé de mode, bravant ainsi tous les interdits.

Il est des films dont on a presque honte ou du moins est-on gêné de ne pas les aimer à la folie tant l'énergie, l'urgence, la sincérité et l'humanité transpirent à chaque scène. Vous l'avez compris c'est le cas pour ce film qui m'a fait soupirer à plusieurs reprises. Et pourtant... on sent bien l'implication et la part sans doute autobiographique du projet. ça sent le vécu et la jeune réalisatrice devait avoir l'âge de ses personnages à l'époque terrible qu'elle évoque.

Même si j'ai trouvé chaque personnage trop caricatural : la rageuse toujours en pétard, la toujours souriante un peu décalée, l'inconsciente du danger, la voilée paralysée par son avenir tout tracé etc... et les hommes des caricatures d'abrutis au mieux, d'intégristes au pire (sauf peut-être le prof de littérature). N'y-a-t-il pas UN homme "bien" en Algérie ? C'est davantage la forme plus que le fond qui m'a déplu.

Pour le fond, on ne peut qu'entrer en empathie avec ces filles et le cauchemar vécu quotidiennement. On a juste envie de dire : foutez la paix aux filles du monde entier ! Ici elles voient leurs droits diminuer à mesure que les contraintes augmentent. Nedjma n'y croit pas vraiment, elle pense que ces fous vont se calmer et sa première lutte est d'arracher les affiches qui les enjoignent à porter le niqab, la bâche qui les dissimulera de la tête aux pieds pour ne pas être une tentation pour les yeux des pauvres hommes toujours incapables de maîtriser leurs plus bas instincts à la vue d'un décolleté ou d'une mèche de cheveux !!! Le concept fait toujours autant frémir ! Quand on est jeune, qu'on a 18 ans, qu'on est intelligente on ne peut que se dire que ça n'ira pas plus loin. Hélas non, et même des femmes filmées comme des oiseaux de malheur, corbeaux noirs malfaisants, ensevelies sous leur habit noir, vocifèrent armées jusqu'aux dents leur malédiction à ces jeunes filles trop libres.

Les attentats, les assassinats injustifiés rythment le quotidien et avec eux la peur, le bruit des tirs ou des bombes qui explosent. Je regrette que Nedjma choisisse comme rempart à la barbarie d'organiser un défilé de mode clandestin. Cela renvoie une fois de plus les filles à leur frivolité et à leur superficialité présumées. Même si je comprends que c'est bien leur corps qui est l'objet de toutes les convoitises et de tous les interdits. Et combattre l'intégrisme est un combat inimaginable sous nos latitudes tout comme risquer sa vie ou la perdre pour essayer de rester une fille libre, étudier, sortir, rire, écouter de la musique. Il est insensé qu'être jeune, belle, se maquiller, porter une chevelure abondante puissent vous mettre en danger.

Concernant la forme, je n'ai pas aimé l'image pas toujours nette, les gros plans insistants, j'ai trouvé ce film fatigant avec cette caméra à l'épaule constamment mobile. Parfois il est bon de la poser un peu et d'élaborer des cadrages. Je comprends l'urgence et le dynamisme de ces filles, mais les filmer constamment en train de courir, c'est pénible pour le spectateur. Pas pour tous, car la critique est quasi unanime pour saluer ce film comme un grand film.

J'ai aimé le plan, enfin apaisé, des quatre amies blotties les unes contre les autres à la plage, en silence, solidaires. Ce moment m'a davantage parlé que l'agitation.

Commentaires

  • Tres content qu un film algerien fasse parler de lui. Le film n est pas parfait tu as raison dommage que d un cote les gentils et les méchants de l'autre, sans aucune nuance. Ai eu de l affection pour l'actrice qui joue le role de la surveillante générale. Dommage que la ville d Alger soit si mal filmée, il y a tant de lieu magnifiques a découvrir. Les plages de tipaza sont un peu mieux mis en valeur. On retrouve l actrice de papicha dans Hors normes ( l l'orthophoniste).

  • Oui on a plus envie d'aller à la plage qu'en ville.
    J'ai bien aimé aussi le personnage dont tu parles. Mais c'est tres manichéen en effet.
    J'ai trouvé par contre que Lyna Khoudri cabotinait pas mal. Pour une actrice si jeune c'est étrange.
    Oui jai bien reconnu qu'elle est orthophoniste dans Hors normes.

  • C'est fou les ressentis ! Parfois on vibre, parfois non. Et ce n'est pas réellement explicable. Pour moi Papicha fut un coup de cœur, j'ai vraiment été embarquée, traversée par tant d'émotions ..!

  • Oui j'ai lu chez toi. C'est incroyable ce que provoque le cinéma :-)
    J'ai été plus touchée par Oleg...

  • Nous hésitons toujours lorsque c'est filmé avec une caméra à l'épaule, c'est fatigant et à part pour certains moments, ce procédé n'est pas toujours justifié.Nous hésitons donc...

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