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MADRE

de Rodrigo Sorogoyen ***

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Avec Marta Nieto, Jules Porier, Alex Brendemühl, Frédéric Pierrot, Anne Consigny

C'est l'histoire d'un deuil impossible. Comment survivre à l'horreur sans fin d'avoir perdu son enfant ?

Après la mort d'Yvan, Elena a quitté l'Espagne et est devenue gérante d'un bar restaurant sur la plage des Landes précisément là où le drame a eu lieu. Dix ans se sont écoulés lorsqu'on la retrouve inconsolable, insomniaque, d'une maigreur affolante, errant seule sur la plage quand elle n'est pas au travail ou dans son petit appartement. Régulièrement son nouvel amoureux Joseba (très très compréhensif et rassurant) lui rend visite. Et un jour sur la plage elle croise un ado apprenti surfeur qui ressemble de façon troublante à Yvan. Il est français, il a 16 ans, il s'appelle Jean.

Etonnant de trouver Rodrigo Sorogoyen aux commandes de ce drame intime lui qui nous avait époustouflés avec ses thrillers politique ou pas. Il ouvre son film sur un écran noir et des sons, le grondement sourd et inquiétant de l'océan meurtrier. Puis survient un plan séquence insoutenable mais d'une maîtrise exceptionnelle. Une mère est au téléphone avec son fils de six ans. Elle est en Espagne, il est en France, seul sur une plage, il ne trouve plus son père. L'action, la mère qui passe d'un téléphone à l'autre pour tenter d'organiser des secours, rassurer son fils et vivre en direct l'horreur absolue nous fait passer plusieurs minutes dans un état d'angoisse épouvantable. Comme dans Guilty, on suit le drame en direct par les sons sans rien en voir. On ne peut s'empêcher de se dire que la mère fait exactement ce qu'il faut. Un sans faute et pourtant...

On suppose qu'il a dû y avoir une enquête longue et minutieuse mais nous n'en saurons rien. Le réalisateur préfère l'ellipse et l'étude des sentiments. Sans transition, on retrouve Elena 10 ans plus tard, absente comme s'il ne pouvait plus rien lui arriver et inconsolable car le pire lui est arrivé. On la surnomme "la folle de la plage" et en effet, elle avait tout pour le devenir. Elle va réussir à provoquer la rencontre entre Jean et elle. La plage est aussi devenue un lieu de villégiature et d'insouciance.

L'audace et l'incertitude dans laquelle le spectateur flotte ne font que s'accentuer au fur et à mesure que le film avance et que la relation se fait incontournable et devient indispensable pour la "mère" comme pour l'adolescent. De quoi s'agit-il ? D'amour maternel, d'inceste refoulé, de pédophilie, d'un "véritable" amour ? Le réalisateur élude et ne tranche pas nous laissant seul face à nos questions. La caméra s'éloigne parfois quand on ne sait plus où on en est. Que se passe-t-il dans la voiture après un baiser ? C'est à la fois l'intérêt et la limite de l'histoire qui abandonne le spectateur à ses doutes. Le moins que l'on puisse dire est que Sorogoyen ne sombre pas dans l'explicite...

Nonobstant ce trouble des non-dits l'histoire entre Jean et Elean est belle et pure, car sincère et inévitable. Autour d'eux gravitent des personnages intéressants, l'amoureux Joseba interprété par le solide Alex Brendemühl, et le couple de parents de Jean (Frédéric Pierrot et Anne Consigny), de plus en plus inquiets pour leur fils.

Seule une scène (le quart d'heure de trop...) déplaisante, malsaine, incongrue où Elena ivre se retrouve à suivre trois jeunes hommes complètement cons bourrés vient troubler l'ensemble de belle tenue.

Jules Porier a le visage encore enfantin et les boucles ravissantes d'un garçon de son âge, forcément troublé par l'intérêt que lui porte cette belle femme au corps d'adolescente qui pourrait être sa mère. Marta Nieto, inconnue, est belle, intense, troublante.

Commentaires

  • Tu en parles bien, mais ça a l'air plombant. Je n'ai vu aucun Sorogoyen auparavant, mais j'aime bien Anne Consigny et Frédéric Pierrot, donc pourquoi pas.

  • Tu as donc 3 Sorogoyen à rattraper. INDISPENSABLES.
    Frédéric Pierrot est parfait. Pour UNE fois Anne Consigny n'est pas une femme trompée qui sussurre et pleurniche... Mais ils n'ont que des rôles tres secondaires.
    Ce film n'est pas plombant, donc j'en parle mal.

  • C'est peut être le sujet qui l'est. Tu m'intrigues de plus en plus.

  • Il y a quand même des immanquables tels El Reino et Que dos nos perdones...

  • Le sujet n'est pas rock n roll mais l'horreur se passe hors champ... La caméra n'est pas au bon endroit. Elle est en Espagne et l'horreur se passe en France :-)

  • Hier après-midi, j'étais au Furet du Nord, j'avais la main sur "el Reino" et puis... j'ai glissé sur "Roubaix, une lumière". Ai-je fait une grossière erreur ?

  • Oui.

    Au Furet. A Lille ??? Ma Patrie.

  • Exactement

  • Bon ben tu peux y retourner et prendre les Sorogoyen.

  • Nous avons beaucoup apprécié El Reino. C’est déjà un argument pour aller voir ce nouveau film malgré son quart d’heure de trop (qui devient assez systématique dans le cinéma actuel).

  • Le quart d'heure de trop qu'on pourrait aisément couper au montage, c'est encore le cas ici avec trois personnages détestables.
    Ce film n'a RIEN à voir avec les précédents vous l'aurez compris.

  • Ce n'est pas (à mon avis) le meilleur film de Sorogoyen (il y aurait 20-30 minutes à couper), mais il mérite le détour, ne serait-ce que pour sa séquence introductive, à la fois brillante (sur le plan formel) et prenante (en terme de dramaturgie). Et puis quelle actrice ! Marta Nieto est formidable. Celles et ceux qui incarnent les seconds rôles sont très bien (avec, une fois n'est pas coutume, un beau personnage d'adolescent).

  • La séquence malsaine pourrait être coupée sans nuire à l'histoire. On ne s'apercevrait même pas de son absence. Que vient-elle faire là ?
    La scène inaugurale, j'aimerais la revoir.
    Les deux acteurs sont formidables.

  • Je l'ai vécu en apnée ce film. Il est beaucoup trop bouleversant, j'avais l'impression d'étouffer dans la peau de cette mère. Je n'ai pas encore d'enfant, je ne peux qu'imaginer le drame que ce peut être de voir disparaître le fruit de ses entrailles. Le film est vraiment bouleversant à plein de niveaux.

  • J'ai été en apnée... la main sur la bouche pendant la 1ère scène.
    Ensuite j'ai respiré. La relation n'est pas claire mais belle.

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