d'Eric Gravel ***

Avec Laure Calamy, Anne Suarez, Geneviève Mnich

Le film nous détaille une semaine éprouvante dans la vie de Julie qui a choisi de vivre à la campagne et y élève seule ses deux enfants. Elle travaille à Paris dans un palace parisien où elle est à la tête d'une équipe de femmes de ménage. 

Lorsqu'une grève générale des transports éclate, arriver à l'heure au travail, déposer ses enfants chez la nounou, se rendre à temps à un entretien d'embauche pour un poste qui correspond à son master en économie, rentrer le soir... tout se transforme en épreuve à l'issue incertaine.

C'est le deuxième film de ce réalisateur. Après le très attachant Crash test Aglaë il nous embarque pendant 1 h 30 à un rythme infernal (je n'ai pas osé dire à un train d'enfer parce c'est la grève) dans la course de cette femme qui résiste contre toutes les plaies qui lui tombent dessus pendant quelques jours. C'est le film le plus stressant que j'ai vu depuis longtemps. Comme Julie, j'étais hors d'haleine inconfortablement installée dans mon fauteuil et mal à l'aise de la voir ainsi prendre les moyens de locomotion hasardeux pour tenter d'arriver à temps : stop, covoiturage, taxi. Un soir elle ne pourra même pas rentrer chez elle. Et on reste sans voix de la voir payer un hôtel, trouver un cadeau pour l'anniversaire de son fils, louer une camionnette, s'acheter une tenue pour se rendre à son rendez-vous alors que sa banque ne cesse de l'appeler pour lui dire que son compte est dans le rouge. C'est comme si on faisait le compte pour elle de ce qui lui reste en banque. Tandis que le père de ses enfants qui a comme par hasard oublié de verser la pension alimentaire reste injoignable. On a envie de dire stop à cette accumulation mais tout semble crédible et surtout Julie ne flanche pas.

Le réalisateur lui offre quelques rares facilités au cours de son chemin de croix, la rencontre avec un voisin motorisé qui a des connaissances en électricité car oui... son chauffe-eau est en panne. Ajouter à ces calamités, les enfants intenables mais qui, circonstance atténuante, vivent une semaine pas facile, la nounou qui n'en peut plus, une collègue irascible, une supérieure sous pression. Cette course folle, parfois dangereuse ou vaine est menée de façon réaliste à un rythme haletant et l'on ne cesse d'attendre et surtout de craindre que Julie ne s'effondre. Le réalisateur souligne au travers du parcours de Julie la violence de l'organisation du travail. Que ce soit dans son rôle de cheffe d'équipe ou dans celui pour lequel elle postule, la disponibilité et la productivité en sont les fondements.

La musique électro pertinente mais inconfortable appuie encore sur l'urgence et rend le stress que l'on éprouve encore plus intense.

Omniprésente et lancée sans répit dans sa compétition contre la montre Laure Calamy est magnifique. Dans le dernier plan de la dernière scène peut-être un peu too much mais tant mieux elle ferait pleurer un caillou. Il y a deux actrices extraordinaires dans le paysage cinématographique français actuel : Virginie Efira et Laure Calamy.