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LE PROCÈS GOLDMAN

de Cédric Kahn ***(*)

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Avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Jeremy Lewyn, Nicolas Briançon, Stéphan Guérin Tillié Jerzy Radziwilovicz

Ce film a été présenté en ouverture à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2023 et pour offrir la possibilité aux spectateurs des salles art et essai de découvrir la sélection dans la foulée du festival de Cannes, La Quinzaine propose de retrouver cette sélection 2023 du 7 au 18 juin près de chez vous dans le cadre du nouvel événement : LA QUINZAINE EN SALLE. Une trentaine de salles est partenaire.

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Synopsis : En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.

Excepté la première scène où l'on fait la connaissance de Georges Kiejman dans son bureau (excellemment interprété par Arthur Harari qui n'est donc pas "que" le réalisateur de l'excellent Diamant noir, du renversant Onoda : 10 000 nuits dans la jungle, scénariste de la Palme d'Or 2023 Anatomie d'une chute, mais aussi un merveilleux acteur), on ne quittera plus la salle du Tribunal. Dans cette première scène, on apprend de la bouche d'un ami avocat de l'accusé Goldman, que ce dernier entend se débarrasser de Kiejman qu'il juge très apte à la tâche de le défendre mais insupportable humainement et intellectuellement. Kiejman refuse et la suite montrera de façon parfois presque comique comment une personne dans le boxe des accusés peut devenir le pire ennemi de lui-même et de son avocat, constamment obligé de "recadrer" son client.

Cédric Kahn choisit la sobriété et l'enceinte même de ce théâtre humain où se joue la vie d'un homme pour relater cette histoire un peu dingue compte tenu de la personnalité, de l'issue du procès et du destin de Pierre Goldman, mais chut, je ne dirai rien. Si l'accusé (frère de Jean-Jacques Goldman pour la partie people) reconnaît bien trois braquages, il nie en bloc celui où deux femmes ont trouvé la mort et un policier a été blessé. "Jamais je ne tirerai sur deux femmes désarmées qui ne m'ont rien fait" clame-t-il sans fin ainsi que son innocence qu'il a relatée dans un livre devenu best-seller (Souvenirs obscurs d'un juif polonais dans lequel il retrace sa vie tumultueuse avant et pendant son incarcération) et qu'il a eu le temps de rédiger en prison où il se trouve depuis 6 ans. L'ouvrage lui vaut la sympathie de sympathisants d'ultra gauche présents au procès et qui ne cessent de manifester leur encouragement ou leur indignation tout au long des séances aux cris de "Goldman innocent !". C'est d'ailleurs une vraie surprise de constater que chacun, témoins, accusé, jurés, public, intervenait presque à sa guise au cours des audiences sans être invité à prendre la parole et sans que le Président ne fasse jamais évacuer la salle.

Sans musique, sans flash-backs mais avec une minutie remarquable Cédric Kahn donne à ses personnages, témoins, policiers, amis, le soin de décrire les évènements avec une précision telle qu'on a l'impression d'avoir vu la scène. L'austérité du dispositif est largement compensé par une écriture au cordeau des interventions de chacun. Et en particulier celles de Goldman lui-même, orateur hors pair qui ne cesse d'interrompre les débats pour s'exprimer, contrariant ainsi régulièrement ses trois avocats.

Et Goldman n'en démord pas, tout dans son procès, ses accusations, le comportement de la police à son égard sont pour lui le fruit de l'antisémitisme français. Et le film pointe également la fragilité du témoignage humain, la lenteur et la lourdeur de la justice qui s'étonne qu'en six ans les témoignages peuvent changer, être plus précis ou complètement contradictoires.

Inutile de vous dire que c'est absolument passionnant. Qu'Arieh Worthalter incarne un Pierre Goldman incroyable, charmeur, irritant, tantôt plein d'assurance et provocateur, tantôt se posant en victime.

En cette année 1976, la peine de mort n'était pas encore abolie en France et sans quitter la salle du Tribunal le film rend parfaitement compte de l'atmosphère so seventies.

Coupable ou innocent ? La justice a rendu son verdict.

Commentaires

  • Et même pas une musique de son demi-frère ?! ;-)

    Il y a longtemps, très longtemps, trop longtemps pour en parler, j'avais lu ces Souvenirs obscurs d'un juif polonais... mon coté JJ plus que mon côté gauchiste...

    Coupable ou innocent ? et son assassinat fait (encore) débat...

  • Rien, pas un accord. Mais à un moment il embrasse un garçon très brun dans le tribunal (on pouvait décidément tout faire dans ce tribunal) je me demande si ce n'est pas le frangin.
    Pas lu mais peut-être, pourquoi pas.
    Ah tu spoiles grave toi. Une vendetta ?

  • D'accord avec toi sur ce film où l'on ne s'ennuie pas une seconde et pourtant je n'aime pas les films de procès. Je me suis souvenue que j'avais lu son livre, d'ailleurs à l'époque c'est le livre qu'il fallait absolument avoir lu si on voulait être dans le coup. Je n'en ai rien retenu. J'ai bien "reconnu" le jeune Jean-Jacques, 15 ans à l'époque, la caméra le montre deux-trois fois, avec son frère. J'ai cherché un peu sur le net hier soir. Après son assassinat, différents articles ou autre ont remis en cause son innocence dans le meurtre des deux femmes, sans que ce soit suffisamment étayé. La scénariste était présente, la question lui a été posée du bordel qui régnait régulièrement dans la salle. Moi aussi, j'attendais que le public se fasse évacuer. Il semblerait qu'à l'époque ça ne se faisait pas mais elle n'était pas très sûre de son explication ..

  • Oui c'est un super film. Je le remettrai à l'honneur lors de sa sortie prochaine.
    C'était incroyable cette ambiance dans la salle du tribunal.
    Moi j'aime assez les films de procès (c'est ce que j'ai préféré dans le très surestimé Anatomie d'une chute) et là c'est vraiment admirable. On a vraiment l'impression d'avoir vu les braquages.
    Goldman est un personnage fascinant. Quel destin !

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