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festival international du 1er d'annonay 2009

  • FESTIVAL INTERNATIONAL DU 1er FILM - ANNONAY 2009, and MY winner is

    THOMAS de Miika Soini *****

    Finlande

     

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    Thomas est un vieil homme de 83 ans. Il vit (très) seul dans un minuscule appartement ni vraiment au rez-de-chaussée ni vraiment au sous-sol. Un petit soupirail par lequel il accède en grimpant sur une caisse en bois lui offre un peu de lumière et lui permet d’observer les mouvements de sa rue très en pente. Parfois il se risque à l’extérieur pour une promenade qui lui donne immédiatement envie de rentrer chez lui retrouver son quotidien monacal entre son jeu d’échecs, la radio qui ne diffuse que de la musique classique et une photo de sa femme.

    Immobile et silencieux, mélancolique et pas très sympathique, un peu absent au monde, c’est grâce à une rencontre inattendue dans un parc où il se promène parfois que Thomas va trouver un sens, l’explication, la reconnaissance de toute son existence et peut-être enfin la paix avec lui-même et ce monde qui l'a exclu...

    Comment vous parler de « Thomas » que peut-être vous ne verrez pas alors qu’il représente pour moi 1 heure et 10 minutes de cinéma parmi les plus vibrantes que j’ai vues dans ce Festival pour ne pas dire 1 heure et 10 minutes de cinéma essentiel ? Car oui, c’est un film qui va à l’essentiel en prenant néanmoins le temps de s’attarder sans jamais s’apesantir. Un miracle de tous les instants, d’une profondeur insensée, où tout s’éclaire peu à peu, où toutes les révélations finales expliquent et justifient la moindre scène, le moindre comportement depuis le début. Un cinéma lumineux où tout se justifie sans peser jamais, de la musique la plus troublante (Mozart) au silence parfait jusqu’au moindre dialogue anodin qui finit par se révéler déterminant.

    Dès l’ouverture du film, on est embarqué et surpris sans jamais être manipulé. Un vieil homme ronchon en reçoit un autre. On sait, en ayant lu le sinopsis qu’il n’en restera qu’un puisqu’on s'attend à suivre l’histoire d’un vieillard seul. Et dès les premières minutes, on est cueilli avec délice car celui qui reste n’est pas celui qu’on attendait. On retrouve donc Thomas à l’enterrement de son frère et l’on rit, comme il arrive parfois aux enterrements. Les surprises ne cesseront jamais dans ce film qui réussit l’exploit d’être à la fois contemplatif et de nous emballer par une histoire, celle de Thomas, dont on VEUT connaître l’issue et l’origine. Par petites scènes cocasses, pitoyables, bouleversantes, pathétiques… (il faudrait TOUTES les citer, ne pas en exclure une seule pour être juste et équitable) le réalisateur colle aux basques de Thomas (même les chaussures ont un « rôle » comique) et nous laisse avec le souvenir inoubliable d’un film, d’un personnage, d’un rôle et d’un acteur hors du commun.

    Gloire aux réalisateurs, de plus en plus rares, qui « posent » leur caméra pour nous raconter une histoire, qui ne poursuivent pas systématiquement leurs acteurs caméra à l’épaule (cela dit Thomas ne va plus très vite mais il marche toujours…) nous donnant des vertiges injustifiés. Ici, tout est calme et mesuré sans que cela nous empêche d’apprécier peu à peu l’ampleur de la tempête qui se joue sous le crâne de « Thomas » et le ronge. Cela donne lieu à des plans d’une beauté rare, à tomber, où tout est parfait, le cadre, la lumière, la durée. Chaque scène est un tableau dans lequel Thomas peut évoluer et se déplacer.

    Thomas c’est aussi un acteur, Lasse Pöysti, une légende vivante en Finlande qui continue d’avoir des projets malgré son grand âge. Il offre à ce rôle sa lourde stature fatiguée et son visage, incroyable masque impassible qui allie comédie et tragédie.

    Gloire également au jury qui a décerné à ce film « Le prix spécial » et surtout au jury des lycéens qui ne se sont pas laisser piéger par d’autres oeuvres plus faciles ou racolleuses et ont accordé leurs voix à « Thomas » malgré les décennies qui les séparent de ce vieil homme et pour un film qui parle de vieillesse, de solitude, de compassion mais surtout comme le revendique sans relâche Miika Soini : d’amour, dont la plus grande preuve reste pour lui de laisser « partir » ceux qu’on aime. Deux tomates d’or pour ce film, c’était le moins.

    Vous l’avez compris Miika n’est donc pas que ce beau jeune homme, sympathique, intelligent, drôle, merveilleux, attirant, chaleureux, charmant, gentil, ouvert, étonnant, spirituel… AIMABLE… c’est aussi un cinéaste. Après avoir été serrurier… il a fait du théâtre pendant des années en Finlande. Il est devenu acteur, mais il souhaitait tout maîtriser. Il a donc d’abord mis en scène des pièces de théâtre et intégré une école nationale de cinéma. Il est très fier d’avoir pu tourner son film « Thomas » en 10 jours avec un budget d’à peine 200 000 €uros. L'histoire est issue d’un recueil de nouvelles qui traitent de la vieillesse et dont il a écrit le scénario. Miika a tenu à plusieurs reprises à insister sur son empathie avec les personnes âgées dans un pays, la Finlande, où une personne de plus de 65 ans sur 2 se suicide…

     

    Ce film est inoubliable et Miika Soini peut en être fier car c’est bien le cinéma qui coule dans ses veines.

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    Et voilà... je vous laisse un peu tranquille avec "mon" cinéma d'Annonay. J'espère que vous pourrez au moins voir les 3 films de mon palmarès... Le film de clôture (une merveille) doit sortir en salle le 4 mars, je vous en parlerai donc à ce moment pour ne pas vous embrouiller et vous rappeler de ne pas le rater le moment venu...
  • FESTIVAL INTERNATIONAL DU 1er FILM - ANNONAY 2009 (les films de la compétition, suite)

    FUORI DALLE CORDE de Fulvio Bernasconi ***

    Italie/Suisse

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    C’est grâce au dévouement voire au sacrifice de sa sœur Anna que Mike peut espérer devenir un jour boxeur professionnel. C'est avec son travail d’ouvrière dans une usine de poissons qu'elle lui paie ses entraînements. Mais à la suite d’un combat perdu, le manager de Mike refuse de renouveler son contrat. Pour faire face à ses dettes, il n'a plus d'autre alternative que de participer à des combats de boxe clandestins lucratifs mais beaucoup plus violents donc dangereux.

     

    Fulvio Bernasconi nous dépeint ce monde brutal et impitoyable des combats illégaux de façon radicale et sans ambiguïté. Contrairement au cinéma de Tarantino qui se sert de l’humour et de l’outrance pour dépeindre la sauvagerie, ici les ambiances sont constamment lourdes et étouffantes voire suffocantes. Chaque coup laisse une trace et seule la relation d’amour profond qui unit le frère et la sœur offre quelques beaux instants de calme, d’abandon et de douceur dans cette histoire dure, difficile où les ténèbres enveloppent les personnages.

     

    Si le scénario est parfois un peu prévisible, il n’en reste pas moins un film à l’atmosphère envoûtante et deux acteurs magnifiques Maya Sansa et Michele Venitucci.

     

    Le réalisateur Fulvio Bernasconi qui maîtrise un français parfait nous affirme qu’au départ le cinéma pour lui se passait uniquement en salle pour draguer. C’est « La déchirure » de Roland Joffe qui fut pour lui le film le plus marquant de sa jeunesse. Il a suivi un parcours « traditionnel » en suivant les cours d’une école nationale de cinéma. Il a déjà réalisé deux longs métrages pour la télévision mais se désole qu’en Suisse comme en Italie la culture soit défavorisée.

     

     

    SUMMER BOOK de Seyfi Teoman **(*)

    Turquie

     

     

    Le dernier jour de l’année scolaire l’instituteur remet à chaque élève de la classe un cahier de vacances dans lequel il promet qu’ils vont découvrir et apprendre. Hélas, sans qu’il puisse rien faire, Ali se fait volet son cahier par « un grand ». Il ne dira rien à personne et passera son été à subir ou observer le monde qui l’entoure.

     

    On accompagne pas à pas Ali et comme le réalisateur, comme l’enfant on suit cette chronique d’un été ordinaire et extraordinaire. Seyfi Teoman nous apporte par touches sensibles et avec une extrême pudeur des révélations sur la vie dans son pays si proche et si lointain, si semblable et si différent du nôtre. Les enfants sont cruels entre eux. La femme s’efface beaucoup devant les décisions et l’autorité du père mais c’est elle qui couve ses enfants et se désole que le grand soit si malheureux d’être contraint d’entrer à l’Académie militaire. Elle devient une vraie furie lorsqu’elle soupçonne son mari de la tromper (franchement qui voudrait de ce patapouf ronchon ? NDLR). Le réalisateur installe même un suspens assez solide avec la disparition d’une mystérieuse somme d’argent lors de l’hospitalisation du père.

     

    Le film se termine par la rentrée des classes et s’éloigne peu à peu de l’enfant qui finit par disparaître derrière les barreaux de la fenêtre de la salle de classe, comme pour nous dire que rien n’a changé.

     

    Seyfi Teoman nous a confié que le soutien financier de l’Etat lui avait été refusé et qu’il avait pu tourner le plus rapidement possible grâce à des financements locaux et personnels. Si ce film ne marche pas, ce sera une catastrophe pour lui qui rêve du cinéma de Wajda et Kieslowski.

     

     

     

     

    Peacefire de Macdara Vallely **

    Irlande

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    Colin est un adolescent à la limite de la délinquance qui fait des virées nocturnes avec deux copains dans des voitures volées. Il vit seul avec sa mère, dépassée par le comportement de son fils et qui voue un culte du souvenir à son mari assassiné une dizaine d’années plus tôt. Nous sommes en 1994 en Irlande du Nord et le conflit entre l’armée et l’IRA est omniprésent. L’IRA a son propre code de l’honneur et de la morale, elle a aussi des lois implacables qui ne tolèrent pas le moindre délinquant irlandais !!! Elle « gère » ce problème et punit les fauteurs de troubles (qui se soumettent de bonne grâce au châtiment) en leur tirant une balle dans les genoux alors qu’ils sont allongés face contre terre. Démonstration reproduite 3 fois et demi...

     

    Arrêté à la suite d’un nouveau vol de voiture, Colin a la possibilité de choisir entre la prison ou devenir informateur pour la police. C’est bien au-delà que se posera le dilemme pour le jeune homme contraint de réfléchir à des notions telles que loyauté, famille, patrie…

     

    C’est plus à la dérive d’un adolescent à laquelle on assiste ici qu’à une illustration politique et on comprend à quel point il est impossible de trouver des repères dans un environnement régi par le désoeuvrement, la haine, la violence et la délation. Mais en refusant à la fois tout manichéisme et toute prise de position formelle je me suis trouvée moi devant une bande de tarés (les flics, les habitants, les membres de l’Ira, les ados…) sans distinction de camp. Lorsque tout ce joli monde se retrouve hurlant, sautant, s’embrassant, tous unis contre le reste du monde devant un match de foot… je me suis dit que la bêtise humaine avait encore de beaux jours devant elle !

     

    Le réalisateur (très sympathique) originaire de la même ville d’Irlande que son très bon jeune acteur nous affirme qu’avant d’être ce film très très sombre, "Peacefire" fut un spectacle comique à New-York dont il interprétait tous les rôles. Il a souhaité en faire un film pour toucher un plus large public et peut-être alerter l’opinion sur une situation qui dure encore aujourd’hui malgré les processus de paix.

     

    Il ajoute que la qualité d’un film ne se mesure pas à son budget. Il a raison et d’ailleurs son film a eu les faveurs du jury qui dit avoir été « secoué » et a obtenu « Le grand prix » (une tomate d’or, 2 000 €uros au réalisateur et 3 500 €uros au distributeur qui diffusera le film).

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    MacDara (à gauche) avec Solveig (à droite), au fond (à gauche) l'acteur québécois Gilbert Sicotte, les tomates en or (sur la table)