Totale overbookée, je m'en voudrais néanmoins de ne pas vous parler (au cas où vous décideriez d'aller au cinéma ce week end !), même si c'est brièvement, de cette petite pépite découverte parce que Sam Riley... et rien d'autre ! Et oui, je suis midinette je l'avoue (ah ? vous ne le saviez pas encore ?) mais ce que ce garçon avait fait dans le "Control" d'Anton Corbijn m'incite forcément à le suivre pas à pas ! J'y allais donc pour Sam Riley, ce qui n'était déjà pas si mal, mais j'ai eu le bonheur de découvrir un film absolument enthousiasmant qui ne ressemble à rien de ce qu'on peut voir récemment et qui pourtant évoque Alfred Hitchcock. Pas moins.
En Angleterre en 1964 et à Brighton en particulier, ça ne tourne pas bien rond et les affrontements entre bandes rivales donnent souvent lieu à des scènes d'une rare violence. Les motards s'opposent à des jeunes en costumes cravates qui déambulent sur des scooters.
Pinkie Brown est un petit délinquant pas bien net dans sa tête. Mais lorsque son chef de gang est assassiné, il veut non seulement le venger mais également prendre sa place. Quant à Rose, jeune oie blanche pas bien finie non plus, elle se trouve malencontreusement au mauvais endroit au mauvais moment et détient un élément qui pourrait envoyer Pinckie droit se faire pendre (la peine de mort vit ses derniers soubresauts à l'époque). Pour éviter qu'elle ne parle et convaincu de son charme irrésistible, il embobine la jeune fille qui est effectivement instantanément séduite et tout aussi rapidement soumise.
Ce qui va résulter de cette rencontre et de l'union improbable de ce couple imprévisible et inadapté est tout à fait inédit. Rose conquise jusqu'à en perdre le peu de bon sens qu'elle ait jamais eu et Pinkie qui ne cesse d'osciller entre répulsion et attirance et dont on ne sait jamais réellement si Rose lui inspire amour ou dégoût même si on penche plus facilement vers la seconde proposition, ce qui est suffisamment original pour s'attarder sur l'histoire de ce couple insolite.
Bien que reconstituée en décors, l'action s'éloigne peu de l'étonnante jetée du Brighton Pier. Il y a donc dans ce film une ambiance de "Troisième homme" (même pas peur), des scènes de poursuites qui s'étirent comme chez Alfred, de la violence imbécile, un couple bizarroïde et incohérent, des scènes inouïes (celle où Pinkie enregistre sa voix à la demande de Rose, celle encore où il se jette à genoux pour prier, et la toute dernière remarquablement et curieusement follement romantique...) et puis soudain de brusques envolées lyriques et une musique quasi symphonique qui brutalement envahit l'écran. Les effets sont visibles mais efficaces, c'est bon.
Et puis surtout il y a des acteurs. La vieille garde Helen Mirren (cougarissime) et John Hurt contre la jeunesse Sam Riley et Andrea Riseborough. Rien que pour ces deux là, déroutants, insaisissables, ce Brighton Rock vaut largement le voyage. Alors, foncez.