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  • MOBILE HOME de François Pirot ***

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    Quel plaisir de reprendre (un peu) de service sur ce blog avec un film aussi formidable ! J'espère également pouvoir vous parler des autres qui sont encore à l'affiche et que j'ai vus. Mais celui-ci est fragile parce que c'est un premier film et compte tenu de sa sortie relativement confidentielle. J'entends et je lis que le film, les personnages et le scénario font du surplace mais c'est justement ce qui lui donne tout son piment. Et c'est de toute façon le naturel de ces deux garçons de ne pouvoir avancer dans cette espèce de western immobile à la française comme seuls les belges savent les concocter. Oui, ça fait concept !

    Simon et Julien sont copains d'enfance et quoique quasi trentenaires ils n'ont ni avenir, ni but, ni ambition. Le genre qui retourne chez papa/maman dès que le vent tourne mal. C'est ce que fait Simon. Il revient de "la ville" où il a quitté son travail et la fille avec qui il tentait de vivre depuis des années. Dans ce village natal, il retrouve Julien qui s'est longtemps occupé de son père gravement malade. Les deux garçons sont encore deux gosses. Incapables de réellement coupés le cordon avec leurs parents bien que constamment en conflit avec eux, mais rêveurs, utopiques et en pleine crise comme des ados. A la fois velléitaires et enthousiastes, ils achètent un camping-car dans l'espoir de parcourir le monde, peu importe la destination, de vivre au gré de leurs besoins, à l'instar des "hobos" américains du début du XXème siècle. Quelques soucis mécaniques les empêchent de partir immédiatement. Qu'à cela ne tienne ils s'installent sur le parking du garage où l'engin doit être réparé et commencent leur voyage. Sur place. Et c'est drôle, beaucoup, à la folie. Et triste aussi parfois, un peu.

    Le réalisateur ne s'encombre pas de la crise. Julien et Simon ont décrété qu'au fil de la route dès qu'ils auraient besoin d'argent, ils trouveraient un travail. Peu importe lequel. Ramasser des pommes, des poires et pourquoi pas des scoubidoubidou ouah ! Et effectivement, ils trouvent un boulot. Il faut voir lequel. Tout est prétexte à montrer leur bonne volonté et à se moquer d'eux. Quelques rencontres, des filles surtout vont intervenir. Et on se dit que les embrouilles vont commencer. Même pas. Les deux gars se tiennent à leur objectif alors que l'on sent arriver les réticences, les craintes, les bonnes et les mauvaises raisons de ne plus réaliser le rêve.

    A quoi cela tient que deux hurluberlus écervelés aussi exaspérants s'il s'agissait de les côtoyer IRL, soient aussi attachants à l'écran ? C'est un peu le miracle et le privilège du cinéma. Mais aussi la grâce et le talent de deux acteurs drôles, charmants et émouvants. Cela dit le film ne manque lui-même ni de charme, d'élégance, de beauté, de trouvailles et la musique est la délicate cerise posée sur la pellicule. Mais ce sont Guillaume Gouix et Arthur Dupont qui impriment au film sa fantaisie et sa justesse. Le premier toujours magnétique et étonnant de film en film (ah Jimmy Rivière !!! j'en ai profité pour revoir la bande-annonce. Pfiou !) a une présence démentielle. Le second (à l'affiche aussi actuellement dans Les saveurs du palais, dans un rôle aux antipodes qui offre d'ailleurs, au côté de Catherine Frot (parfaite), les plus beaux moments au film) est souvent hilarant à cause de ses hésitations, ses mensonges, ses cachotteries et ses tentatives cocasses pour échapper à ses parents (Jacky Berroyer FORMIDABLE). Il est par ailleurs bon guitariste et bon chanteur. Les filles apprécieront. On lui filerait bien quelques coups de pieds pour le faire avancer mais finalement quand ses yeux s'embrument, on craque ! Comme on craque devant l'adorable Jean-Paul Bonnaire dans le rôle du père qui ne parvient ni à retenir son garçon (ses tentatives pour le faire revenir sont pathétiques et bouleversantes), ni à le laisser partir...

    Des garçons qui font rire et pleurer ! On court !