Ken Loach est un type incroyable qui en a toujours dans le viseur et qui "risque" tant qu'il aura du souffle de dénoncer les mochetés d'un monde en folie et c'est tant mieux. Même si on se serait aisément passé d'une historiette d'amour aussi incongrue que sans intérêt le réalisateur continue de taper fort en nous mettant ici sous les yeux les dégâts collatéraux des conflits dans lesquels certaines nations s'immergent parfois un peu à l'aveuglette.
Aveuglés c'est bien ce qu'ont été Fergus et son ami Frankie anciens paras au service de Sa Majesté et qui sont revenus indemnes d'Irak. Incapable de raccrocher le treillis, Fergus s'est mis à la solde de compagnies privées qui engagent d'anciens militaires chargés de retourner sur place pour protéger leurs "intérêts". Ces engagés volontaires, véritables mercenaires touchent des sommes colossales totalement "free tax" leur assurant une retraite dorée. Fergus fait miroiter cet avenir étincelant à son ami Frankie, marié à la délicieuse Rachel qui n'aura plus que ses yeux pour pleurer quand son chéri va finalement lui revenir entre quatre planches qui seront scellées avant même que la famille puisse reconnaître le corps mis en pièces...
Fergus l'ami, l'alter ego, le quasi frère dont Rachel dira "quand il n'était pas avec toi, il parlait de toi", va chercher à comprendre pourquoi son ami, son alter ego, son quasi frère fut envoyé à plusieurs reprises sur la "Route Irish", la route la plus dangereuse du monde qui va de l'aéroport de Bagdad à la zone internationale. Cette route où il périt et où se passent les exactions parmi les plus ignobles de la planète.
Porté par l'interprétation solide de Mark Womack nouveau venu charismatique, bien que teigneux qui n'hésite pas à commettre des horreurs et à se tromper copieusement au nom de l'amitié, qui déboule sur la planète ciné dans un rôle plutôt antipathique, ce film formidable confirme que Ken Loach est un de mes réalisateurs favoris. Qu'il nous balance ici une nouvelle torpille qui surprend, scandalise et pétrifie.
Je fais vite car j'ai encore deux films de retard -que j'ai aimés- à vous soumettre, mais que j'ai mille choses sur le feu et que de toute façon c'est elle qui en parle le mieux.