Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

TORIL

de Laurent Teyssier ***(*)

358604_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

Avec Vincent Rottiers, Bernard Blancan, Sabrina Ouazani, Tim Seyfi, Karim Leklou, Alexis Michalik

 

Philippe partage son temps entre sa serre de cannabis destinée à sa consommation personnelle et un petit trafic artisanal, son travail dans un entrepôt, son activité de raseteur (je me suis renseignée ici), sa jolie fiancée Sonia et son meilleur ami Bruno.

Jean-Jacques son père, exploitant agricole au bord de la faillite, surendetté, harcelé par les huissiers, fait une tentative de suicide et se retrouve gravement blessé à l'hôpital. Philippe décide alors de lui venir en aide et de rembourser ses dettes. Bruno le met en contact avec José, gros trafiquant local mais également manadier... (on en apprend des choses dans ce film !) ou éleveur de taureaux pour les corridas (si j'ai bien compris). C'est chez ce José qu'on trouve les fameux torils du titre, autrement dit le lieu où les taureaux sont enfermés avant d'entrer dans l'arène. Rassurez-vous aucune scène de mise à mort de taureaux ici !! Il se passe effectivement des choses éprouvantes dans le toril mais je ne vous les révèlerai pas et aucun animal n'a été maltraité...

 

Laurent Teyssier dont c'est le premier long métrage, entre directement dans la cour des grands. Il réussit le pari improbable de boucler en 1 h 23 mn une histoire aux multiples enjeux. Il ouvre une quantité de portes et les referme toutes avant de nous laisser KO sur un épilogue inattendu qui démontre que la parole peut être utile parfois... Chronique familiale, crise du monde agricole, quasi documentaire sur la vie d'un M.I.N. (Marché d'Intérêt National), thriller et polar, le scénario impeccable voire implacable nous maintient sous tension d'un bout à l'autre.

 

Philippe conclut un accord pour une seule mission qui devrait suffire à rembourser toutes les dettes de son père qui ne se doute de rien et s'étonne simplement de voir son fils travailler dur pour l'aider. Mais il ne fait pas le poids face aux truands avec lesquels il traite. José et ses acolytes n'ont pas l'intention de laisser filer Philippe qui se montre particulièrement astucieux pour écouler la drogue. Au début tout roule à merveille, on sait pourtant, on sent que ça va inévitablement partir en sucette mais on imagine pas quand ni comment. La surprise est grande...

 

Le réalisateur filme sa région natale comme des paysages de western. Ecrasée de soleil, la Région PACA se prête admirablement, malgré sa beauté, à la rigueur de la crise économique que traverse le monde paysan. Voir ce film juste après Comancheria est assez troublant car les deux films ont de multiples résonnances. Dans l'un comme dans l'autre, des gens ordinaires, travailleurs mais aux abois sont poussés presque malgré eux hors de la légalité pour tenter de s'en sortir. Et cela ne se fait pas sans dommages collatéraux !

 

Les relations entre le père et ses deux fils sont également au coeur des drames qui se nouent ici. L'aîné peine à s'en sortir dans le restaurant qu'il tient avec sa femme et verrait d'un bon œil que son père vende ses terres. Tandis que Philippe, réalise brusquement que cette exploitation est tout ce que son père a jamais possédée. Mais la parole est rare entre les trois hommes. La mère désormais absente a sans doute fait le lien entre ces trois tempéraments plutôt renfermés avant de disparaître et les laisser incapables de communiquer et d'exprimer leurs sentiments. Pourtant le père a des gestes, des mots, des attentions envers ses fils. Mais parler, se confier, ouvrir son cœur... ça ne se fait pas. Alors chacun pense pour l'autre, à la place de l'autre et Philippe s'enlise peu à peu dans un trafic trop grand pour lui et multiplie les mensonges. La tension va crescendo et ne lâche ni Philippe ni le spectateur.

 

Pour mener ce manège dangereux qui lui échappe un peu, Vincent Rottiers est irréprochable comme toujours. Son interprétation est un sans faute, constamment au bord de l'implosion il passe son temps à contenir sa trouille. Maîtriser ses nerfs relève de l'exploit et son beau visage est à la fois fermé et un livre ouvert sur l'angoisse (oui, ben je me comprends !). La seule scène où il explose enfin est muette. Jolie trouvaille.

 

Laurent Teyssier a trouvé une bien belle filiation je trouve en lui offrant Bernard Blancan en père de cinéma. Une rudesse et une tendresse communes semblent les réunir. Nanard, ni flic, ni voyou, ni résistant patriote, ni Sergent Martinez prouve qu'en plus le réalisateur a de l'imagination pour voir en lui un père à la tendresse maladroite mais authentique. Nul doute que ce gaucho, écolo, en colère a trouvé toutes les bonnes raisons pour interpréter aussi solidement ce beau rôle.

 

Casting sans faute également autour d'eux. Sabrina Ouazani est un soleil, une tornade, Tim Seyfi fait flipper, Karim Leklou est comme toujours parfait.

Commentaires

  • Ha, on reconnait ton style...
    Moi, je dis que c'est beau comme un "raset de face" !!!!
    La bise

  • Quoi mon style, qu'est-ce qu'il a mon style ?

    Je suis plus adepte des "rasets" de frais !

    J'embrasse pas au premier rendez-vous.

  • Il me tente bien, celui-là, mais je ne suis pas sûr d'avoir vraiment envie de ce genre d'histoires cette semaine. Cela dit, Vincent et Bernard, ça fait envie !

    Un possible plan B à une autre sortie...

  • IL FAUT sauver les Soldats Petits Films et celui-ci vaut le coup.

  • Cannabis, conso personnelle, petit traffic - check
    Activité de raseteur : là tu te renseignes
    Qu'est-ce qu'on doit en déduire ?

    Moi j'en déduis que tu vois beaucoup de films et qu'il y en a sûrement plus sur le 1er sujet que sur le 2ème, et que pour une fois qu'on a un réalisateur qui s'intéresse à notre région et à nos spécialités culturelles (à noter qu'il n'y a pas de mise à mort dans la course camargaise), et ben je ne vais pas attendre d'être dans un avion pour voir ce film.

  • Ok... je ne me suis pas renseignée pour le reste... mais raseteur au dessus d'Avignon on connaît pas...

    J'espère que tu le verras. En plus de filmer ta région comme le grand ouest américain, l'histoire est haletante.

Les commentaires sont fermés.