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SILENCE

de Martin Scorsese ***

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Avec : Andrew Garfield, Liam Neeson, Adam Driver, Yosuke Kubozuka

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.

Et bien voilà que Martin Scorsese se fait austère et didactique ! L'histoire des chrétiens persécutés au Japon au XVIIème m'était totalement inconnue. Sans doute suis-je trop mécréante pour comprendre réellement comment font ces paysans au-delà de la misère, tyrannisés, obligés de vivre cachés pour pratiquer leur foi, pour ne pas la renier et avoir la paix. Car c'est ce que le Grand Inquisiteur leur demande : piétiner l'image du Christ ou mourir. 

Pour torturer le chrétien jusqu'à ce que mort s'ensuive en une lente et douloureuse agonie, le japonais  moyen-âgeux s'y entend comme personne. Plusieurs scènes du martyre des chrétiens traversent le film et le raffinement japonais en la matière est admirable mais insoutenable : arrosage à l'eau bouillante, pendaison par les pieds agrémentée d'une entaille au cou pour que le sang s'écoule lentement, noyade, décapitation (la seule méthode rapide) et j'en oublie sans doute. Face à cette habilité dans l'atrocité, la crucifixion ferait presque office de séance de guilis.

Martin Scorsese tient la promesse de son titre. Il est silencieux, sans musique. Même le générique de fin n'est agrémenté que du bruit du vent dans les arbres. Et rapidement on comprend d'où vient l'idée de ce beau titre. Et surtout d'où provient ce silence assourdissant. Terrible, injuste, insupportable pour les croyants. Logique pour ceux qui ne le sont pas...

Bien que long, lent et répétitif (l'image du Christ est piétinée une bonne dizaine de fois de la même façon : image du Christ, hésitation, insistance des sbires de l'Inquisiteur, pied qui se pose... c'est bon, on a compris !), réalisé par un maître dans des paysages étonnants, le film est parcouru de scènes d'une rare intensité. Pour filmer le doute intérieur de son anti-héro, Scorsese s'empare de la méthode Terrence Malick. La comparaison est sans aucun doute simpliste mais la voix off quasi permanente et la nature tourmentée m'ont effectivement évoqué les grands moments mystiques de Malick. Mystique, le film me semble l'être même si comme dans la Dernière tentation du Christ, c'est autant de foi que de doute et d'apostasie (hop prenez votre dico !) dont il est question.

La rage m'a prise lorsque j'ai compris comment les missionnaires chrétiens d'Europe (des espagnols et des portugais qui parlent anglais comme vous et moi...) venaient convertir les paysans japonais (tout aussi bilingues). On ne leur offre pas un nombre incalculable de vierges mais un paradis merveilleux où il n'y a ni souffrance ni impôt ! Devant ce quart monde, les évangélistes n'ont aucune difficulté à trouver des adeptes qui ne souhaitent qu'une chose, que le calvaire de leur vie terrestre cesse. Et Scorsese ne se gêne pas, il fait parler Jésus et même Dieu. Il réussit l'exploit de rendre ces moments spirituels particulièrement émouvants. La scène où Liam Neeson évoque la profondeur du bouddhisme et lui oppose les incohérences de la religion catholique (si j'ai bien compris) est l'acmé d'un film où le réalisateur expose sa théologie. La foi est une affaire personnelle, le martyre et le prosélytisme ne viennent pas à bout des certitudes d'un croyant.

Je suis sortie de ce film sans me poser davantage de questions qu'avant d'entrer. Croire reste pour moi une affaire de conviction improuvable. Et ce film est beaucoup trop long quoique surprenant. Andrew Garfield, christique comme jamais, m'a semblé bon pour la première fois depuis Boy A même si j'ai toujours l'impression que cet acteur se regarde jouer (comme certains réalisateurs se regardent filmer si vous voyez ce que je veux dire). Adam Driver a une tête très bizarre. Mais celui qui m'a le plus impressionnée est l'acteur japonais Yosuke Kubozuka dans le rôle d'un Judas qui ne cesse d'expier ses fautes et de quémander l'absolution pour ce qu'il a fait.

Commentaires

  • Si je comprends bien, on n'a pas affaire au Liam Neeson de Taken

  • Oula bien vu et RIEN A VOIR :-). Il est plutôt inspiré ici le gaillard et écope d'une des plus belles scènes. Merci Martin.
    Et merci à toi de lire (tu ne fais manifestement pas que regarder le nombre d'étoiles :-))

  • Bonjour Pascale, vu hier soir et j'ai aimé surtout la dernière heure où Liam Neeson a en effet une scène mémorable. Le dialogue à ce moment là est brillant. Les scènes avec le "Judas" donnent un peu d'humour (!) au film. Et j'ai aimé les scènes avec l'inquisiteur Inoué. Sinon, c'est quand même un peu long mais vraiment à voir surtout par rapport à ce qui se passe dans notre monde d'aujourd'hui. Bonne journée.

  • Bonjour dasola. Oui c'est le travers de nombreux films ces derniers temps je trouve : interminables. Idem pour Loving...
    Je ne savais si la demande d'absolution de judas était la pour faire sourire. Tu me rassures :-)
    Oui donc c'est pas d'aujourd'hui que les gens meurent pour et à cause de la religion. Quelle tristesse !!!

  • Sujet religieux et voix-off, évidemment Malick s'invite dans le débat - moi non plus je ne me contente pas de lire dans les étoiles ;-)
    Et pourtant, je trouve cette prise de parole (de conscience ?) plus scorsésienne que malickienne. Moins sibylline, plus en phase avec la psyché des personnages, exprimant à voix haute le doute qui les étreint à voix basse. Je suis entré dans le Silence avec passion, je l'ai observé avec attention, j'en suis ressorti convaincu, faute d'être converti car je savais que Scorsese ne pouvait réellement me décevoir.

  • MERCI d'aller au-delà des étoiles :-)
    J'ai un peu somnolé ! Et je crois que mon indulgence vient du fait que Scorsese... ben c'est Martin quoi !
    Mais la religion, çA ME GAVE !

  • Ahaha dans ce film tu n'a pas trouvé Andrew Garfield immonde ?
    Perso j'ai eu un mal fou avec Silence, je ne l'ai pas compris, je ne l'ai pas aimé, je suis restée complètement à côté !

  • Ben à part son immonde chevelure, il est plutôt mieux que dans ses autres films (c'est pas difficile) mais toujours cette tête à baffes et j'ai l'impression qu'il dit : regardez, j'ai inventé le cinématographe.
    J'ai oublié ce film je l'avoue :-)

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