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LES GARDIENNES

de Xavier Beauvois ***

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Avec Nathalie Baye, Iris Bry, Laura Smet, Cyril Descours, Nicolas Giraud, Olivier Rabourdin

Synopsis : 1915. A la ferme du Paridier, les femmes ont pris la relève des hommes partis au front. Travaillant sans relâche, leur vie est rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Hortense, la doyenne, engage une jeune fille de l'assistance publique pour les seconder. Francine croit avoir enfin trouvé une famille... 

Ce film ne se laisse pas facilement aimer. Il prend son temps, sans musique, avec peu de mots. Il me semble que plus de la moitié est même quasiment documentaire, consacrée à tout ce qui rythme la vie dans une ferme. Et pourtant, c'est une star française qui mène cette ferme à la baguette et ne s'épargne pas. Nathalie Baye, bizarrement vieillie, sème, récolte, laboure, trait et on y croit. Le visage fermé, le dos voûté, épuisée de fatigue, elle règne sur son petit monde et parvient, au beau milieu d'une guerre qui n'atteint pas cette campagne, à faire prospérer son affaire au point de pouvoir acheter en pleine guerre du matériel performant et "moderne" qui va peu à peu aider l'être humain à réaliser ces travaux harassants.

Qu'on étiquette ce film "féministe" me parait étrange. Les femmes n'ont strictement pas le choix. Autour d'elles, il ne reste que des hommes vieux incapables de les aider dans les travaux et les enfants. C'est leur survie qui est en jeu, pas leur condition de femmes. Enfin, il me semble. Peu importe. Car peu à peu, le film se fait plus aimable. Et même pendant les longues scènes de la première heure où sans presqu'aucun dialogue on assiste à la vie quotidienne, aux travaux éprouvants qui rythment la vie de la ferme, le temps nous est laissé de réfléchir, de constater, d'observer. La guerre restera totalement hors champs. Et les femmes sans hommes n'ont pas uniquement à faire le travail qui leur était dévolu, elles s'inquiètent, tremblent pour eux, les attendent. Hortense dont les deux fils sont au front décide de ne plus lire les journaux, de ne plus savoir ce qui se passe. Et lorsqu'ils rentrent, l'un après l'autre, pas ensemble, ils se remettent au travail des champs. Puis ils repartent, accablés. C'est très dur et c'est très beau.

Puis, le film amorce un virage. Il y a tant de travail à la ferme qu'Hortense engage Francine, une jeune orpheline, dure à la tache, qui ne se plaint jamais. Et c'est là qu'entre en scène Iris Bry, une évidence, un soleil, une révélation. L'un des fils de la maison, Georges, lors d'une permission, va tomber amoureux de cet astre flamboyant qui le lui rendra bien. Mais alors que sa propre fille (Laura Smet dans ce rôle) donne quelques coups de canif dans le contrat qui la lie à son mari, lui aussi au Front, au lieu de l'attendre sagement, Hortense va se comporter en véritable tyran, en Parrain qui défend à tout prix et je dirais même à n'importe quel prix, l'honneur, la respectabilité de la famille. Car ce qui compte plus que tout à cette époque est bien le qu'en dira-t-on.

Xavier Beauvois réalise donc un film d'une beauté évidente où peu à peu une "petite" histoire familiale s'insère dans le déroulement de la grande en train de se faire. Il est pratiquement dénué d'émotion même si les souffrances et injustices pleuvent sur les uns et les autres mais on reste rivé à l'action (c'est relatif...), voire à la machination qui se développe sous nos yeux.

Et puis il y a la révélation Iris Bry.

Commentaires

  • D'après ce que j'ai entendu dans une émission avec Xavier Beauvois, le film est dit féministe parce qu'il réhabilite la place des femmes dans cette guerre, qui ont permis que le pays ne s'écroule pas, qui ont fait même mieux que les hommes et que l'on a renvoyé à la maison comme des domestiques quand les hommes sont revenus. Cette période aurait dû leur permettre de s'affranchir et ça ne s'est pas fait. Voilà .. voilà .. Je vais y aller bien sûr.

  • Ah ok. Je n'y ai pas pensé et ce n'est pas dit dans le film puisquon ne voit pas que les hommes les remettent aux fourneaux.
    Je me doute que tu vas y aller.

  • Xavier Beauvois ne m'est pas très sympathique, mais mon grand intérêt pour tout ce qui est relatif à la première guerre mondiale pourrait bien justifier que j'aille voir ce film malgré tout. Peut-être pas cette semaine, mais peut-être la suivante.

    Je reviendrai lire ta chronique après coup. Tes trois étoiles me rassurent.

  • Le garçon n'est pas très sympathique et encore moins quand il est acteur. Mais ses films sont beaux.

  • J'avais beaucoup aimé " Des dieux et des hommes" mais celui-ci ne me tente absolument pas. Voilà voilà :)

  • C'est presqu'aussi austère (purée... je ne suis plus sûre de comment s'écrit austère !!! mais apparemment ça souligne pas, donc ça doit être bon) que les Hommes et les Dieux, mais c'est dommage de passer à côté d'Iris :-)

  • On a sans doute surestimé le côté féministe du film. Ce sont peut-être certains comportements "modernes" (pour l'époque) qui ont inspiré cette réflexion. On voit Solange (L. Smet) adopter une attitude très libre vis-à-vis d'un soldat américain... et se réjouir du plaisir (adultère) éprouvé. Il y a aussi la progressive prise d'indépendance de la servante Francine (I. Bry excellente), que l'on finit par voir chanter dans un cabaret, alors qu'elle est une mère célibataire.

  • Oui il y a plein d'éléments qui démontrent que les filles s'en sortent. Mais de tout temps les hommes sont partis à la guerre les laissant seules.
    Je trouve le personnage de Lara Smet le moins intéressant. Tellement prévisible. Mais la pauvre n'a pour l'instant jamais eu de beaux rôles au cinéma je trouve.
    Iris Bry est étonnante. J'aime quand elle chante.

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