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NEVER GROW OLD

d'Ivan Kavanagh ***

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Avec Emile Hirsch, John Cusack, Déborah François, Anne Coesens, Sam Louwyck

Synopsis : Un charpentier et entrepreneur de pompes funèbres irlandais Patrick Tate vit avec sa jeune famille à la périphérie d’une petite ville sur la route de la Californie pendant la ruée vers l’or de 1849. La vie y est dure mais paisible jusqu’à l’arrivée de Dutch Albert et sa bande de Hors-la-loi qui va tout faire basculer et l’obliger à protéger sa famille… 

Quand un tueur arrive en ville, il donne du boulot au charpentier qui fait ici également office de croque-morts. Et justement, pile avant l'arrivée de Dutch Albert, Patrick Tate craignait ne plus parvenir à joindre les deux bouts et réussir à faire vivre sa jolie petite famille dans la prairie. Une femme enceinte et deux enfants que l'on observe derrière la fenêtre en découvrant à quel point l'amour fait des miracles. Ils vivent au bord de la piste qui mène à la Californie où Patrick rêve de partir. Il suffirait de deux mois de route, passer de l'autre côté des Rocheuses pour voir l'océan. Mais Audrey estime qu'ils ont déjà eu suffisamment de mal à se faire accepter (il est irlandais, elle est française) par la communauté et préfère ne pas repartir à zéro. Patrick l'écoute et décide de rester, il n'aurait pas dû.

La ville imaginaire de Garlow est administrée de main de fer par un révérend qui éructe des sermons culpabilisants à ses ouailles qui ne bronchent pas. Il a décrété que l'alcool, le saloon et la prostitution étaient indésirables et même s'il reconnaît que le commerce en a souffert, au moins les habitants de Garlow vivent ils dans la morale. Il profère aussi qu'il rêve que Garlow soit la ville modèle de l'Amérique en construction. Celle où les hommes seraient égaux, auraient tous les mêmes droits et devoirs alors qu'une minute plus tôt il s'enorgueillissait d'avoir chassé les sauvages qui habitaient la région. Le discours religieux me dégoûte.

Un soir de pluie, Albert Dutch et sa bande de dégénérés, un sicilien et un muet sadiques et répugnants, déboulent à Garlow. La première maison étant celle de Patrick et sa famille, c'est à cette porte que Dutch frappe pour demander quelques renseignements. La présence du malfrat pervers s'éternise et après avoir terrorisé la petite famille pendant une partie de la nuit, il s'installe en ville avec ses compères, rachète le saloon, fait revenir les prostituées. La débauche s'introduit de nouveau à Garlow et les morts sans raison s'abattent sur la ville. Patrick a du boulot et économise...

Le réalisateur ne filme pas un western de carte postale écrasé de soleil. Ici on patauge dans la crasse et la gadoue. Il pleut continuellement. Il a placé ses décors dans le Connemara à l'Ouest de l'Irlande (sa terre natale) et dans les Terres Rouges du Luxembourg et les a éclairés le plus possible naturellement. Cela donne au film une atmosphère sombre et menaçante qui n'est jamais démentie par l'histoire.

Dutch et sa bande vont semer le désordre, le chaos et la mort autour d'eux. Le film glisse parfois vers une grande violence et nous soumet également la scène de pendaison la plus bouleversante et injuste vue dans un western. D'autres scènes d'une grande force émotionnelle comme celle où le shérif tente de réagir parcourent le film.

Pour une fois le casting international n'est pas aberrant car le film évoque évidemment le fait que l'Amérique est LE pays de l'immigration et chacun y tient sa partition avec beaucoup de sobriété. A l'exception de John Cusack qui ne pouvait pas faire autrement qu'en faire des tonnes sous le chapeau, dans ce rôle de méchant sans morale et surtout sans cœur.

C'est très sombre, très triste, souvent angoissant mais je pense que la réalité de ce qu'ont vécu les américains de l'époque est assez réaliste ici. Et on peut noter que le personnage de croque-morts d'ordinaire très secondaire dans les westerns tient ici le rôle principal.

Le seul reproche est que le réalisateur ait cédé à la mode actuelle de laisser sa fin en suspens ; ça devient vraiment pénible de laisser au spectateur le soin de choisir la fin.

Je ne suis pas loin d'être de l'avis de Jérôme Garcin qui emploie de bien jolis mots :

"L’atmosphère, entre bigoterie et saloperie, est à couper au coutelas. L’image est eschatologique. Tous les acteurs sont hallucinés et remarquables. Et c’est ainsi que le vieux western retrouve, par la grâce d’un cinéaste irlandais, une redoutable jeunesse".

Indifférents ou allergiques au western s'abstenir.

Commentaires

  • Pas fan de Western pourtant l'ambiance glauque que tu dépeins me tenterai presque.
    Pas une priorité donc mais je me le garde dans un coin de ma tête.
    Merci pour ce retour.
    Bonne journée

  • C'est sombre et glauque à souhait... :-)
    Bonne journée.

  • Garcin a vu juste ! Je trouve que c'est un western qui redonne un coup de fouet au genre en faisant un pas de côté (tu me diras, entre la Californie et le Luxembourg c'est même un grand écart, mais bon…), un peu comme l'avait fait Audiard avec "les Frères Sisters" (tiens, encore un Euro-western qui n'a pas trouvé beaucoup de preneurs aux States, qu'ils sont chauvins ceux-là !) C'est déjà heureux que le film ne sorte pas directement en DVD ou sur une plateforme mais profite d'une diffusion en salle. Et pour que l'on continue à voir des westerns de cette qualité en salle, IL FAUT ALLER LE VOIR.
    Cusack est assez savoureux, il faut le reconnaître (à des miles du bon pote que j'avais tant aimé dans "High Fidelity" ou de son rôle d'investigateur pour papier glacé à " Minuit dans le jardin du Bien et du Mal" (signé de ton idole). Sa prestation a tendance à éclipser celle d'Emile Hirsch que j'ai trouvé très bien dans son rôle d'Irlandais catholique qui se cherche une place dans cette communauté protestante. Kavanagh a le sens du détail à ce propos car on remarquera que lors des premières scènes dans l'église bondée, lui et sa famille sont invités à rester debout, au fond. Puis, quand les rangs se dépeuplent, ils peuvent enfin s'asseoir avec les derniers fidèles. Hypocrisie du culte.
    Ce qui interpelle également, et se distingue des autres films du genre, c'est la place donnée à la loi et au Shérif. Représentant d'un semblant d'autorité, cantonné à une règle que parvient à plier et retourner à sa convenance le maléfique patron du Saloon, il se voit contraint à être un homme d'injustice, pathétique et raté, tout juste bon à achever les chevaux et financer les funérailles (pour soulager sa conscience). Tout cela, Kavanagh le montre très bien je trouve, dans un écrin qui fait avec de maigres moyens des prodiges visuels (merci l'Arri Alexa et sa lentille numérique).
    Sur la fin, tu chipotes. Moi je sais très bien comment ça finit.

  • Tout ce que tu dis est bien dit.
    Chaque actrur est à sa place et justifie sa nationalité. Quoique si on veut chipoter, Deborah est belge...
    Le shérif est pathétique et touchant. Il préfère la mettre en veilleuse plutôt qu'attiser encore la violence. Son sacrifice est beau.
    Le sort de la petite est déchirant.
    J'ai bien vu que la famille était debout...
    Et quand l'église se vide, le saloon se remplit. Deux choix : catho ou alcoolo.

    Je chipote mais... un coup la mère est morte l'instant d'après elle s'en sort. Et lui : je vais mourir.. oh et puis non... oh et puis si... oh et puis... fin.
    Et en matière de chipotages, relis ton dernier paragraphe majesté. Personnellement je n'avais pas vu qui tirait sur qui.
    Un partout la balle au cente :-)

  • Nous ne voulons pas rentrer dans le "chipotage"... de toute façon, nous n'avons pas encore vu ce film. C'est vrai, les Westerns deviennent plus réalistes. Nous aimons bien les Westerns, on verra, cela dépend de notre mood pour affronter une ambiance glauque...

  • Oui pour chipoter il faut l'avoir vu :-)
    Glauquissime.

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