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LA DERNIER DUEL

de Ridley Scott ***

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avec Matt Damon, Adam Driver, Jodie Comer, Ben Affleck, Harriet Walter 

Le film est basé sur des événements réels et l'ouvrage d'Eric Jager, Le dernier duel : Paris 29 décembre 1386. Le fameux duel du titre qui opposa Jean de Carrouges et Jacques Le Gris serait le dernier duel judiciaire connu en France. En effet, à l'époque une décision de justice pouvait être entérinée par un duel à mort entre les deux parties opposées.

Jean de Carrouges et sa femme Marguerite forment un couple "arrangé", la demoiselle a des biens qu'elle apporte en dot à Jean plutôt désargenté. Malgré cet arrangement, malgré la balourdise grotesque de Jean vis-à-vis de sa délicate épouse (surtout au lit, scènes hilarantes), le couple s'aime.

Mais lors d'un déplacement de Jean parti en campagne, son ami Jacques Le Gris, secrètement amoureux de Marguerite et la sachant seule, lui rend visite et la viole.

Le plus incroyable je trouve est que ce soit un réalisateur de 83 ans qui s'y connaît en duellistes, qui s'empare d'un sujet dans l'air du temps, bien dans le mouvement #metoo comme pour démontrer que viol et consentement ne datent pas d'aujourd'hui. Comme pour nous dire que le combat n'est pas fini, qu'au moyen-âge déjà (et bien sûr avant) certains hommes s'emmêlaient déjà les pinceaux entre OUI et NON, refus et consentement. Et il s'y prend de manière assez subtile en racontant trois fois l'histoire, du point de vue des deux hommes en présence, le mari, puis le violeur, puis la femme, la victime. Chaque partie porte un titre : La vérité selon Jean de Carrouges, La vérité selon Jacques le Gris, La vérité selon Marguerite. J'ai bien noté que lorsque s'affiche le 3ème titre, selon Marguerite disparaît et il ne reste plus à l'écran que : La vérité. Brave Ridley.

L'innocence de la victime ne fait rapidement aucun doute, il n'y a ni liaison ni amour entre Le Gris et elle. Elle décide de parler, de dénoncer son agresseur malgré les menaces qu'on fait peser sur elle. Si la culpabilité de l'accusé n'est pas démontrée, c'est elle qui risque d'être livrée en pâture au bourreau, déshabillée, brûlée vive. Mais courageuse et déterminée, elle entend que la vérité soit faite et son honneur lavé. Même sa belle-mère lui reproche son attitude et lui explique que beaucoup de femmes comme elles ont été violées et s'en sont remises sans faire d'esclandre. Marguerite n'est pas ce genre de femmes.

Alors évidemment, le mari, Jean (Matt Damon, encore une fois méconnaissable et complètement habité par son personnage) voit davantage dans le viol le déshonneur sur sa petite personne que la cruauté de l'acte et le traumatisme de sa femme. Dès qu'elle lui raconte les faits, elle le supplie de le croire, sa réaction est :  "allons au lit, je ne veux pas que Le Gris soit le dernier à avoir profité de vous"... Les garçons sont tordants.

Il n'y aucun témoin des faits. On ne voit que l'interprétation de chacun, jusqu'à la vérité. La façon dont le violeur Jacques Le Gris (Adam Driver, courageux et formidable dans son interprétation) raconte sa version est édifiante. Il n'entend pas les "non" que lui crie Marguerite et si elle se défend, sous un homme de deux fois sa taille et son poids (à peu de choses près), elle ne peut pas grand chose. Il faut le voir, l'entendre et l'entendre pour le croire lui dire : "ne vous culpabilisez pas pour ce qui vient de se passer, c'était au dessus de nos forces, on ne pouvait résister". On en rirait presque si la victime, plaquée au lit pouvait encore à peine respirer.

Tout se lira dans les détails chaque fois ajoutés que le réalisateur nous montre sous différents angles et points de vue et j'adore ce procédé dit Rashomon (concept désignant un événement interprété de manière contradictoire par les individus impliqués. Il tire son nom du film de Kurosawa, Rashomon dans lequel un meurtre est décrit de manières différentes par quatre témoins).

L'histoire est reconstituée dans un Moyen-Âge crasseux et boueux au milieu duquel la gracieuse Marguerite (Jodie Comer, parfaite) apporte sa lumière. L'atmosphère des combats (violents, sanglants) est écrasée par une photo toujours sombre et il semble que l'époque ne connaisse qu'un éternel hiver. Le duel final est inouï de violence, on peine à garder les yeux ouverts. Mais Ridley nous a habitués à cette violence des combats.

Je ne vous livre évidemment pas l'issue du duel et le sort des différents protagonistes...

Commentaires

  • Ah chouette, tu as aimé ! On va aller le voir ce week-end, et tout le film prend une dimension très particulière pour nous : filmé en grande partie à l'Abbaye de Fontfroide que nous connaissons bien et dont je conseille la visite à tous les lecteurs de passage à Narbonne. Et Jodie Comer, que nous avons découverte dans la série Killing Eve, est à mon sens une fille à suivre.
    Oh, que j'ai hâte !

  • Ah tu vas te régaler. J'ai googlisé l'abbaye de Fontfroide. Très belle et beaucoup plus ensoleillée que dans le film.
    Jodie est formidable.

  • Bonjour Pascale, il m'a fallu deux du film pour reconnaitre Ben Affleck en blond. Film très violent mais très bien. Bonne soirée.

  • Re bonsoir. Il est méconnaissable en effet mais son personnage n'est pas très intéressant comparé aux autres garçons.
    Très violent et sanglant mais très bien.

  • Le meilleur film de Scoot depuis "American Gangster"... On frôle le chef d'oeuvre, mon bémol allant aux deux versions du viol qui sont étonnament trop similaires...

  • Il y a de petits détails, dans la façon dont Marguerite se débat et crie je trouve. C'est subtil mais difficile d'y voir un consentement.

  • Bon, rien ne s'est passé comme prévu ce week-end et nous n'avons pas pu aller le voir.
    MAIS nous cherchons la date par tous les moyens ! Sinon, nous sommes en train de nous prévoir un tas de longs vols en avion qui nous ont tant manqué (les confinements successifs n'ont fait qu'irriter nos véroku) (je l'écris comme ça pour éviter les gros mots dans ce blog)
    Des bizzzzzzzzzzzz

  • Ne plus voyager te donne des veroku ? C'est étrange.

  • Content que tu aies aimé ce Ridley Scott au-dessus de la moyenne !
    Content aussi que la magnifique Jodie Comer ait eu grâce a tes yeux, jai craint un moment quelle ne subisse le même anathème que la pauvre Rebecca dans Dune. J’aime beaucoup cette expression d’hiver éternel que tu emploies pour décrire la France de l’époque. On dit même qu’il a duré cent ans. Et comme le sujet du film évoque aussi l’époque actuelle, je crois que je ne vais pas tarder à me racheter des pulls.

  • Rebecca l'a bien mérité.
    Jodie illumine ce film sombre.
    Tu peux reporter les pulls de l'an dernier.

  • On sait que les films de Scott sont plutôt violents mais ici la violence correspond au sujet.
    Tout est bien ficelé, les acteurs jouent bien et l’idée de trois versions est originale. Sauf que, nous avons pratiquement pas vu une grande différence entre elles. Cela reste un viol. #metoo en 1386…

  • J'ai bien aimé moi qu'il y ait peu de différences, visibles (et audibles) dans de petits détails. J'ai trouvé ça plus subtil que de montrer trois versions radicalement opposées.
    Les hommes et leur violence, toute une histoire !

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