Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

AUCUN OURS

de Jafar Panahi ***

AUCUN OURS de Jafar Panahi, Naser Hashemi, Vahid Mobasheri, cinéma

Avec Jafar Panahi, Naser Hashemi, Vahid Mobasheri

Jafar Panahi ne peut plus tourner dans son pays, le délicieux Iran, depuis 2010, et depuis le 11 juillet 2022, il est de nouveau incarcéré dans la prison d'Evin accusé de propagande contre le régime.

Il doit purger une peine de 6 ans comme son compatriote Mohammad Rassoulof, réalisateur du magnifique Un homme intègre. Pour Jafar Panahi l'urgence et l'importance de tourner continuent de l'obséder et malgré toutes les contraintes, il réussit à nous faire parvenir ses films qui captivent les festivals et ne sont pas vus chez lui. Celui-ci a obtenu le Prix spécial du jury au Festival de Venise 2022, auquel il n'a bien sûr pas pu se rendre. Voici la lettre qu'il a adressée au festival :

« Nous sommes des cinéastes. Nous faisons partie du cinéma indépendant iranien. Pour nous, vivre c'est créer. Nous créons des œuvres qui ne sont pas des commandes, c'est pourquoi ceux qui sont au pouvoir nous voient comme des criminels. Le cinéma indépendant reflète son époque. Il s'inspire de la société. Et il ne peut y être indifférent. L'histoire du cinéma iranien témoigne de la présence constante et active de réalisateurs indépendants qui ont lutté pour repousser la censure et garantir la survie de cet art. Pendant que certains se voient interdire de tourner des films, d'autres sont contraints à l'exil ou réduits à l'isolement. Et pourtant, l'espoir de créer à nouveau est notre raison d'être. Peu importe où, quand et dans quelles circonstances, un cinéaste indépendant crée ou pense à la création. Nous sommes des cinéastes indépendants ».

C'est d'une tristesse ! Et c'est aussi toujours pleine d'admiration que je vois ses films, tellement consciente qu'il s'agit d'un acte qui le met en danger et que créer est vital pour lui qui ne cesse de crier son indépendance.

Pour Aucun ours, il a trouvé un décor dans un village proche des frontières de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, mais l'équipe de tournage a été repérée et dénoncée auprès des autorités... Ils ont réussi à tourner dans des villages alentour. 

Dans ce film, il met donc en scène son propre empêchement de tourner. Il n'est pas présent sur place et dirige le tournage par écran interposé depuis un minuscule logement qu'il a loué dans un village proche de la frontière turque. Quand la connexion internet le permet ! On ressent toute la douleur de l'exil au travers de la solitude de Jafar, seul dans son petit logement. Le réalisateur pourrait quitter son pays clandestinement (si j'ai bien compris). On le voit au travers d'une scène nocturne incroyable où il se rend dans une zone de contrebande et où il se montre incapable de franchir la ligne de frontière entre son pays et la Turquie. Jafar Panahi, contre toute logique, aime son pays.

Finalement c'est la partie du film qui met en scène le réalisateur dans son propre rôle qui est la plus intéressante. La tolérance de façade au village encore tout imprégné de superstitions est parfaitement rendue. Tous les villageois qui semblent en être restés au Moyen-Âge se montrent courtois, prévenants face à ce réalisateur célèbre arrivé dans sa belle voiture, qu'ils appellent "monsieur" mais dont la présence finit rapidement par gêner. On l'accuse d'avoir pris un couple en photo. On ne saura jamais vraiment s'il la prise ou pas mais il sera confronté à une espèce de tribunal populaire uniquement composé des hommes du village, et il devra se repentir !

Dans le film en train de se tourner, un couple souhaite quitter le pays en utilisant de faux passeports. L'abyme entre fiction et réalité sera comblée de façon dramatique. Et encore une fois les femmes en sont réduites à des ombres pathétiques. Et la fin est d'une tristesse !!!

Les images sont tellement belles, même si l'histoire est parfois plus complexe qu'il n'y paraît, qu'on se prend à imaginer ce que Panahi ferait, fera... lorsqu'enfin il en aura les moyens.

aucun ours de jafar panahi,naser hashemi,vahid mobasheri,cinéma

Commentaires

  • Bonjour Pascale, avec ce qui se passe en Iran, peut-être que Panahi pourra sortir avant d'avoir terminé d'avoir purgé sa peine de 6 ans. J'ai beaucoup aimé ce film. Bonne après-midi.

  • Bonsoir dasola.
    J'espère que tu dis vrai.
    Je n'y ai même pas pensé mais c'est peut-être une éventualité. Son incarcération et celle de Rassoulof n'ont aucun sens.
    La prison d'Evin est épouvantable.
    Bonne soirée.

  • Je crois que je n'aurai pas le temps d'y aller, j'espère qu'il passera sur Arte assez vite.

  • Je ne sais pas si j'ai jamais vu passer ses films à la télévision.

  • J'ai trouvé le film très réussi, avec un scénario formidable dans sa mise en abyme progressive. La fin est terrible.

  • C'est un cinéma exemplaire. Jafar Panahi est en plus hyper sympathique.
    Cette fin. Une horreur...

Écrire un commentaire

Optionnel