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LES BONNES ÉTOILES

de Hirokazu Kore-Eda ****

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Avec Song Kang-Ho, Dong-Won Gang, Doona Bae

Sous une pluie battante So-Young abandonne son bébé devant la "boîte à bébés" d'une église.

Sang-hyeon gérant d'un pressing criblé de dettes et son ami Dong-Soo subtilisent le bébé avant l'institution officielle qui place les enfants abandonnés à l'orphelinat, avec l'intention de le vendre sur le marché noir de l'adoption. Dans les affaires du bébé, la jeune mère a glissé un mot "Je reviendrai". Et effectivement, le lendemain elle revient et découvre ce à quoi se livrent illégalement Sang-hyeon et Dong-Soo. Elle décide d'accompagner les deux hommes et de partager le butin en quelque sorte.

Sauf que ce ne sont pas des trafiquants ordinaires qui cherchent à se débarrasser d'un gêneur lucratif. Ils cherchent toujours pour l'enfant la famille idéale. L'étrange trio accompagné d'un bébé et d'un petit orphelin qui s'est invité à leur insu partent pour un road-trip à travers le pays pour faire passer des auditions aux futurs adoptants. Le voyage dans une camionnette brinquebalante sera évidemment plein de surprises d'autant plus que sans le savoir ils ont à leurs trousses une inspectrice et son adjointe (qui mangent constamment comme deux porchonnes, une épreuve pour la misophone que je suis) chargées de les suivre et de les prendre en flagrant délit de transaction. Ajoutons à cela une enquête sur un meurtre sanglant menée par un flic qui ne supporte pas la vue du sang.

On découvre peu à peu les histoires cabossées des uns et des autres qui vont finir par s'entremêler et se relier les unes aux autres au fil d'un voyage parfois cocasse, drôle mais surtout plein d'émotion et d'humanité douloureuse et compatissante. 

Première surprise et après m'être renseignée, les "boîtes à bébés" ou "baby box" existent bel et bien au Japon et en Corée. C'est le moment de se demander s'il s'agit d'une bonne ou d'une mauvaise chose. On croit immédiatement qu'il s'agit là de l'idée incroyable d'un scénariste plein d'imagination. Toujours est-il que le réalisateur intrépide démarre son film sur cette surprenante pratique (abandonner son bébé dans une boîte en sachant qu'il va être recueilli) pour s'aventurer du côté du trafic d'êtres humains qui est, d'Est en Ouest une pratique interdite, illégale. Mais le réalisateur renoue surtout et une nouvelle fois avec ce qu'il aime le plus, les histoires de famille, celles que l'on se fabrique loin des liens du sang, au fil et au hasard des rencontres.

Song Kang-Ho, star coréenne mondialement connue des cinéphiles, au charisme renversant a obtenu le Prix d'interprétation masculine. Seul prix cannois de cette année avec lequel je sois d'accord à 200 % même si on ne me demande pas mon avis. L'acteur est particulièrement bien entouré par Dong-Won Gang, Doona Bae déjà vue dans Air Doll du même Kore-Eda et la jeune chanteuse star IU dont c'est le premier film.

Je n'en dirai pas plus sur l'histoire et sa progression, de Busan à Seoul, au bord de la mer ou sur la route dans une lumière merveilleuse même en pleine nuit. Kore-Eda est un magicien du cinéma qui donne une nouvelle variation à tous ses films précédents (sauf son escapade, moyennement réussie, en France La vérité) et atténue le côté dramatique de l'histoire en accordant à ses personnages des intermèdes de douceur et de tendresse. J'ai trouvé le bébé particulièrement bien choyé. Constamment chouchouté, dorloté, même s'il passe de bras en bras, il n'y a qu'amour autour de lui.

Et au cours de deux scènes magiques, Kore-Eda nous transporte dans les étoiles avec une scène, une déclaration d'amour tout en douceur au sommet d'une grande roue, et une autre dans une chambre de motel où chaque personnage se remercie d'être né.

Rien que pour ces deux moments de grâce infinie, précipitez-vous !

Le genre de film que j'ai envie de revoir sitôt la séance terminée...

Après Still walking,

Air doll,

I wish, nos voeux secrets,

Tel père, tel fils,

Notre petite soeur,

Après la tempête,

The third murder,

Une affaire de famille

mais aussi Nobody knows (le premier choc que ce réalisateur m'a procuré), After life également vus mais pas chroniqués car ce blog n'existait pas, Kore-Eda, réalisateur indispensable, réalise un sans faute. 

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Commentaires

  • Coucou,
    ah bien voilà un film qui devrait ma plaire.
    J'aime les films de cet auteur enfin les deux que j'ai pu voir.
    Et sur ton billet D'un air de famille tu m'invitais déjà à découvrir d'autres films de ce réalisateur.
    Je n'ai pas lu le livre de Murakami Les bébés de la consigne automatique (https://www.babelio.com/livres/Murakami-Les-Bebes-de-la-consigne-automatique/5312) mais par ce titre j'avais bien compris la réalité de ces consignes à bébés. Remarque à bien y penser les femmes dans l'ancien temps déposaient parfois leur bébé derrière les battants des portes des couvents...
    Bonne soirée
    Bisous

  • Dans beaucoup de films "anciens" on voit des bébés déposés sur le parvis des églises.
    Ici, la "boîte" est très "cosy". J'ai même cru apercevoir une boîte à musique.
    Ce film pourrait te réconcilier avec le cinéma.
    Bonne journée.

  • 99,9% d'accord avec toi (le 0,01% étant sur l'interprétation de l'attitude de Sang-hyeon et Dong-Soo au début... un détail que je ne spoilerai pas).

    Je suis allé voir le film sans savoir de quoi il parlait. Aucun regret, bien au contraire ! L'un des plus touchants de cette année finissante. Je n'en attendais pas moins de Kore-eda, qui garde sa place dans mon Panthéon personnel à un très haut niveau.

  • Il faut bien pinailler. Laurent Delmas parle même de film mineur concernant ce film. Je crois que je vais finir par le boycotter celui-là comme je l'ai fait pour ses amis masqués et plumés.
    Kore-Eda est incontournable il me semble. Quel BEAU cinéma. Et je l'ai trouvé plus à l'aise en Corée qu'en France.
    Et sans vouloir te presser, si tu veux donner envie à tes lecteurs, il faudrait en parler maintenant car les films (à part les grosses machines) ont tendance à être sur écran éjectable.

  • Il est de bon ton, pour une certaine critique, d'idolâtrer un réalisateur donné à un moment crucial de sa carrière - du genre, ici, la Palme d'or - avant de juger qu'il a réalisé un film mineur lorsqu'il répète certains motif, au motif qu'il "ne se renouvelle pas". S'il était français, Delmas dirait sûrement que c'est un auteur...

    Bref. Je n'ai pas vu le film français de Kore-eda, mais j'aimerais bien, même s'il est... mineur (?). Juste histoire de compléter ma série. Mais je privilégierais plutôt les plus anciens si j'en ai l'occasion. Tu parles notamment de "Air doll" que je cible particulièrement.

    Le film arrive bientôt sur mon blog, mais plus tard que sur le tien, c'est vrai. J'ai déjà mentionné que je lui attribuais quatre étoiles, mais je reste fidèle à mon idée de départ de chroniquer les films dans l'ordre où je les vois (tu peux dire que je suis têtu !). Je ne le crois pas immédiatement menacé de disparition des écrans, à vrai dire, et si l'arrivée du bulldozer "Avatar" risque de faire des étincelles, j'ose croire que certains exploitants maintiendront le cap avec, en face, des films plus confidentiels comme celui-là.

  • Delmas aime Kore Eda d'après ce que j'en ai compris mais trouve ce film mineur dans sa filmo. Pas mineur par rapport au reste. Mais si tous les films mineurs pouvaient être de ce niveau ! Bref.

    La vérité n'est vraiment pas bon je trouve et donc mineur sans doute pour un Kore Eda. Je n'y ai pas reconnu sa patte sauf qu'il s'agit d'une affaire de famille. Mais oui le bouleversant Air doll me paraît parfaitement convenir et tu y retrouveras la fliquette qui mange salement.

    Loin de moi l'idée de te suggérer de modifier la fidélité à ton idée de départ. Mais tu es pourtant conscient que parfois nos avis donnent envie de se rendre en salle alors qu'un film que tu as vu à la télé pourrait attendre puisque beaucoup l'ont vu, l'ont en DVD ou peuvent le retrouver sur une plateforme. La fréquentation des salles semble plus que jamais fragile.

  • Entièrement d'accord avec toi sur la fréquentation des salles. Et ça m'inquiète aussi.

    Si je reste toutefois sur ma façon de faire habituelle, c'est pour une raison simple et très personnelle: c'est une organisation que je me suis donné (et qui fonctionne) pour continuer à prendre du plaisir à écrire et, en même temps, ne pas passer trop de temps sur le blog.

  • Oh moi ma grande ambition est de donner envie d'aller en salle (et parfois ça marche) donc si j'écrivais des semaines après que le film soit sorti... Mais il faut absolument être de son avis et le partager surtout si ça fonctionne.

  • Bien aimé le côté road movie entre "The Kid" de Chaplin et "Little Miss Sunshine", mais trop invraisemblable niveau (notamment avec la police, dès le début il y a tout pour interpeller pourquoi attendre ?!) pour y adhérer complètement

  • Je ne cherche pas toujours la vraisemblance.

  • Celui-là, IL faut que j'y aille... je ne peux pas le laisser filer... indispensable aussi de mes envies, de mes préférences, de mes tristesses, cinématographiques japonaises.

  • En complément de tes lectures bridées. Oui, ce film est une pépite.

  • Du coup, tu t'y connais aussi en lectures bridées ? Je t'ai surtout vu lire de l'american way of life mais as-tu aussi des attraits pour la nippon way of life littéraire ?

  • Fan de Kore Eda ? Fonce.
    Misophone : avoir une aversion pour les bruits parasites émis par un tiers, exemple les coréennes qui mangent comme des cochonnes à grand renfort de slurp !

  • A part La vérité, un sans faute. Je cherche ses deux premiers films mais ils sont hors de prix en DVD !

  • Je crois que je vais t'énerver en disant que je suis plutôt de l'avis Delmasso-Massonique. Comme Lolo, et sans prétendre être un expert en Kore-eda, je l'ai trouvé en-dessous de "Une affaire de famille" dont il se rapproche beaucoup. Peut-être que l'air de la Corée ne lui va pas si bien (mais pourquoi a-t-il coincé Bae durant tout le film dans une bagnole à répéter sans cesse la même chose ?). Sur la fin j'ai trouvé ça longuet (alors que "Avatar", pas du tout... Je n'épilogue pas).
    Ça reste quand même du Kore-eda, maître de l'épure du cadre, artiste subtil du mélange des registres, truffé de magnifiques gestes de cinéma. A ce niveau là, Kore-eda n'est plus un grand cinéaste, c'est un chef cuisinier. Et puis avec un casting pareil, comment bouder son plaisir ? Elle est d'ailleurs très bien la "petite sœur de la nation" en travailleuse du sexe.

  • Bien sûr que c'est en dessous d'une affaire de famille. Ce qui m'énerve c'est que tu arrives à caser tes schtroumpfs ici. Non mais ça va pas ! Je crois que tout ce bleu t'a vrillé les neurones. Bref, trop de Navi et paf, t'as les fils qui se touchent. Jamais je ne serai fan de 4K, 4d, écran vert ou bleu... bref d'effets spéciaux en cascade et prétendre avoir vu : un film ! Avec des acteurs qui disparaissent sous des masques.
    Certains plans (naturels je dirais) de Kore Eda sont à tomber par terre. Et ce casting !!! Et je suis persuadée qu'aucune scène cameronienne n'atteint la beauté, l'intensité et l'émotion de celle dans la grande roue par exemple.
    Ce qui me gêne n'est pas que Bae reste dans son auto mais qu'elle mange... non, on ne peut appeler ça manger, qu'elle baffre non stop. Franchement ça me donne plus de hauts le coeur qu'une saturation de bleu aqueux.
    Quant à Delmas, je ne comprends pas comment il peut être aussi passionnant lors de son émission d'été et aussi cassant et pénible le samedi matin. Mais bon, son film de l'année sera sûrement EO... tout s'explique.

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