Julie travaille la nuit. Elle est gardien de la paix à Paris (dans le XIIIème si j'ai bien vu). Elle fait connaissance de Simon son nouveau coéquipier qui a été muté dans ce commissariat pour raison disciplinaire. Leur quotidien se partage entre différents contrôles et la réponse aux appels suite à des cambriolages ou autres désordres. Alors qu'ils interviennent pour tapage nocturne dans un appartement chic, le locataire tire et tue un de leur collègue. Julie riposte, blesse le jeune homme qui se retrouve dans le coma. Hélas, il s'agit du fils d'un député et la hiérarchie souhaite étouffer l'affaire. A son réveil, la victime porte plainte et accuse Julie et Simon d'avoir fait feu les premiers. Lâchés par leurs supérieurs, ils décident d'enquêter eux-mêmes. Persuadés que le tireur était sous l'emprise d'une étrange drogue fluo "Le Sphinx", ils partent à la recherche des dealers et pénètrent le milieu interlope des trafiquants.
Je passe rapidement sur le final "granguignolant" un peu raté mais qui ne retire rien à la réussite de ce polar noir noir qui cumule les bonnes idées, originales et inédites.
La première est d'avoir soigné les différents cadres de l'histoire. Les flics sont ici des gens ordinaires qui ont une vie et une profession, certes un peu différente qu'ils exercent avec plus ou moins de conscience professionnelle. Ce ne sont pas de super enquêteurs mais des "gardiens de l'ordre" qui vont plonger dans un milieu un peu trop grand pour eux. Le commissariat n'est pas un endroit sordide et poussiéreux mais un immeuble moderne et impersonnel, avec un environnement plutôt glacial et donc, assez déprimant.
Les voyous ne sont pas des jeunes de banlieue wesh wesh mais des gens friqués et oisifs qui, entre deux lignes de coke, carburent à toute sorte de cocktails puissants plus ou moins impitoyables.
La deuxième trouvaille tient aux différentes atmosphères. Que ce soit l'appartement de Julie, tristounet, les apparts grand luxe et les villas tapageuses, les boîtes de nuit aux ambiances ténébreuses et assourdissantes, le commissariat cafardeux, tous les décors minutieusement choisis s'intègrent parfaitement à l'intrigue et aux événements. Au milieu, le spectateur n'a pas une seconde pour reprendre son souffle tout comme les deux "héros", bien souvent dépassés par leurs découvertes et les voies de plus en plus sordides qu'ils doivent emprunter.
La dernière inspiration de génie de Nicolas Boukhrief se trouve dans son casting remarquable. Cécile de France est parfaite, comme toujours. Impossible de la prendre jamais en défaut. Cette fille est formidable. Que ce soit en bon petit soldat incorruptible qui s'acquitte scrupuleusement de son métier qui consiste à servir et défendre ou en femme fatale qui n'a pas froid aux yeux, elle est crédible et vraie. En plus, ce qui ne gâte rien, c'est une bombe a-na-tomique.
Que le réalisateur ait vu en Julien Boisselier autre chose que le gentil-garçon-gendre-ami-amoureux idéal, est absolument réjouissant. En chef de gang, patron de boîte, raffiné, mielleux et sadique, il est époustouflant.
Mais le véritable coup de génie, en ce qui me concerne je n'y croyais pas du tout, c'est d'avoir choisi Fred Testot pour être le flic un peu insaisissable prêt à aller jusqu'au bout. Chacune de ses scènes est une réussite totale. Certaines sont même absolument bluffantes et saisissantes telle celle où il est obligé d'ingurgiter le fameux"Sphinx" fluo pour rester crédible aux yeux des truands. Observer les effets de la drogue sur son visage et dans tout son comportement est un grand "numéro" d'acteur. La caméra est instantanément amoureuse de lui et il forme avec Cécile de France un couple tout ce qu'il y a de plus séduisant.