Tout fout le camp dans la vie d’Eric Bishop : sa femme l’a quitté il y a de longues années par sa faute, sa fille élève seule son enfant et lui reproche de ne pas être assez présent et ses deux beaux-fils frôlent la délinquance. Eric sombre peu à peu dans la dépression malgré le soutien de ses copains postiers.
Un soir de « fumette » un peu plus intense, Eric se met à parler comme souvent au poster du Dieu Cantona qui trône dans sa chambre… mais cette fois le poster répond et mieux encore : Eric Cantona en personne apparaît et va aider l'autre Eric à s'en sortir en prodigant de précieux conseils...
Ça se passe à Manchester et c’est du Ken Loach, donc évidemment on n’est pas chez les bourgeois et le réalisateur n’a pas besoin de grands discours pour décrire la réalité et le quotidien pas rose.
Mais qui aurait cru qu’un jour sur ce blog je crierais :
« HOURRAHHH CANTONA !!!* ».
Ce jour de gloire est arrivé pourtant.
Qui aurait cru qu’il était possible de sortir d’un film de Ken Loach avec une pêche d’enfer, un sourire jusque là ? Qu’un film de Ken Loach pourrait se conclure comme une comédie romantique américaine ?
Pas moi. Et c’est pourquoi je vous encourage vivement à voir ce film très drôle, très émouvant, plein de bonnes surprises, de suspens, de frayeurs, d’amour, de violence, de facilité aussi… mais on s’en fout. C’est le plaisir qui compte et ici il est infini à plusieurs niveaux. En tête : l’interprétation sans faille du premier au dernier rôle. Evidemment Steve Evets est formidable mais Cantona est sensationnel.
S’il est très drôle de voir les copains se mettre en quatre pour tenter de redonner le moral à leur copain en essayant de le faire rire, ce sont les aphorismes solennels de Canto qui emportent tout. Comment résister quand il affirme avec son inénarrable accent :
« Je ne suis pas un homme…
Je suis Cantona » ?
Mais j’en ai retenu quelques autres spécialement pour vous :
« La plus noble des vengeances c’est de pardonner. »
« Quand on sait faire du vélo, on le sait à vie ».
« Le rock’n’roll, ça ne s’oublie pas ».
« Les femmes sont le plus grand mystère des hommes ».
« Celui qui sème des chardons récoltera des épines ».
Je trouve ça tordant.
D’autant que s’il est rare qu’un ancien acteur devienne champion sportif de haut niveau, il est évident qu’Eric Cantona a parfaitement choisi sa reconversion et qu’il l’a déjà prouvé. Ken Loach rend un superbe hommage à son idole et les footeux pourront se régaler à revoir ses plus beaux buts qu’Eric décortique avec fougue. On lui sait gré aussi de nous remettre en mémoire cette my(s)thique conférence de presse où Cantona a conclu par un « Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que des sardines seront jetées à la mer », puis a planté là les journalistes sans autre explication.
C’est pour ça qu’on l’aime et que quand il prône la solidarité et de ne pas jouer perso, on a envie d’y croire.
Pour finir, mais je ne vous en dirai pas plus car la surprise est de taille… le dernier quart d’heure ou « Opération Cantona » est une apothéose, hilarant, vraiment à mourir de rire.
Rien que pour ce quart d’heure là, si le reste ne vous convainc pas, pour l'entendre pontifier et le voir faire son footing (grande classe), il faut vous ruer en salle voir ce film résolument optimiste, relever votre col et crier :
« HOURRAHHHH CANTONA !!! *».
* OOOH AAAAHHH pour les puristes
(j'veux pas d'ennuis avec les Hooligans moi)...