Festival International du Premier Film d’Annonay
fête son 25ème anniversaire et j'y serai, pour la troisième fois.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
fête son 25ème anniversaire et j'y serai, pour la troisième fois.




François est flic et va tout tenter pour aider son frère Gabriel qui sort de prison après avoir purgé 10 ans pour meurtre et tente de se réinsérer. Hélas la trajectoire des deux hommes, leurs différences et leur singularité vont les faire s’opposer à nouveau malgré l’amour incontestable qui les unit.
La complicité de Guillaume Canet et de François Cluzet est évidente et apparaît clairement à l’écran. Guillaume Canet tout en intériorité, parfait quand il souffre, apporte à son personnage une part d’ombre qu’on lui connaissait peu jusqu’ici. François Cluzet passe comme toujours du rire aux larmes, du calme à l’excitation avec une aisance déconcertante. La reconstitution des années 70 semble inattaquable, les rouflaquettes, les cheveux longs, les (horribles) moustaches, les 2 chevaux, les Renault 5, tout y est. On entend même en fond sonore le générique de la mythique émission « Les dossiers de l’écran » (elle me faisait peur cette musique, c’était celle du film « L’armée des ombres »). C’était aussi l’époque où tous les hommes avaient en permanence une « gitane » vissée au coin des lèvres. Les seconds rôles ont tous des tronches idéales comme s’ils étaient restés coincés en 1979, mention spéciale à Luc Thuillier et Marc Chapiteau (trop rares). Les femmes (Clotilde Hesme, Marie Denarnaud, Carole Franck) ont un vrai rôle à tenir, ce qui est rarement le cas dans un «policier » généralement centré sur les hommes. Elles occupent toutes sans exception une place centrale. Les rapports, les relations entre les deux frères et le reste de la famille, leurs enfants, la sœur, le père, les beaux-frères, les embrassades, les engueulades, les déceptions… tout semble criant de vérité comme si le réalisateur avait placé sa caméra dans une « vraie » famille. L’histoire réaliste, touchante, et pas banale se suit avec beaucoup d’intérêt et d’attention.
Et pourtant il manque à ce film, un peu paresseux, un petit supplément d’âme pour le rendre définitivement captivant. Etrange et dommage !


Le père est victime d’une crise cardiaque. Antoine le fils, absolument pas fait pour le commerce, reprend néanmoins le camion, épicerie ambulante pendant que la mère reste à la boutique. Il embarque dans la campagne paradisiaque du sud de la France son amie Claire qui passe son bac par correspondance.
Voilà bien un film résolument et sans doute délibérément optimiste car tous les problèmes d’amour, d’amitié, de filiation, les doutes, les querelles, les rancunes, les erreurs… tout, absolument tout sera résolu avant le générique. C’est sans doute un tantinet naïf mais le réalisateur semble tellement magnifiquement spontané et confiant en l’espèce humaine qu’on prend un plaisir fou à se laisser conter cette histoire de famille toute simple sans doute tiré à des milliers d’exemplaires, avec ses tracasseries et désaccords qui font plus ou moins de dégâts.
Et puis, Eric Guirado plante et promène sa caméra dans des lieux tellement idylliques de la Drôme provençale qu’on se dit qu’il ne peut rien arriver d’irréparable dans cet endroit. On sourit énormément à des dialogues qui ne sentent pas le renfermé. Lorsqu’Antoine évoque son père (Daniel Duval idéalement grincheux comme il sait si bien faire…), il dit : « si on lui greffe un cœur d’homme ça va lui faire tout drôle ». Lorsque Claire lui réclame de la cancoillotte au petit déjeuner, il dit « la cancoillotte, c’est une anecdote dans l’histoire du fromage », etc… Et oui, moi ça m’amuse !
Mais évidemment de cette promenade rustique et champêtre en camion on retient surtout les deux acteurs principaux. Nicolas Cazalé, ténébreux, taciturne, introverti (et beau comme un Dieu !!!) et Clotilde Hesme, la tornade tourbillonnante, divine, aérienne, angélique, magnifique, chargée de dérider le ronchon…
P.S. : voilà, miraculeusement ce film sorti en salle en août dernier, que je n'avais pu voir non plus à Cabourg au Festival pendant que j'y étais (pour cause d'occupation jury-esque), est ressorti en salle pour deux séances dans mon cinéma... Plus personne (elle et elle et encore lui, si vous voulez savoir) ne pourra me reprocher de ne pas l'avoir vu. Je ne regrette pas, c'est un film formidable. A présent, excepté deux ou trois documentaires, j'ai vu TOUS les films en compétition pour les Cesar ! Non mais !



En novembre 2005, 1 marine américain est tué, deux autres blessés grièvement dans un attentat commis par des « insurgés » irakiens à Haditha. En représailles immédiates les marines survoltés vont assassiner 24 riverains de l’attentat, hommes, femmes et enfants, dont le seul tort est d’habiter à proximité !
Difficile d’en parler, c’est un choc qui donne la nausée et qui démontre encore et toujours que la haine est entretenue de toute part. L’autre certitude est que cette saloperie de guerre (comme toutes les autres) est l’une des pires aberrations connues. Mais que foutent les américains là-bas ? Personnellement, je n’ai toujours pas compris ! Les marines interrogés confirment aussi, une fois de plus, qu’ils n’ont pas vraiment la moindre idée de ce qu’ils font là. Il semblerait, comme nous l’a déjà prouvé Michaël Moore dans ses documentaires il y a quelques années, que les recrues, bien jeunes sont issues de quartiers défavorisés et que s’enrôler dans l’armée est pour eux un moyen d’y échapper (entre autre)... Si au début ils ont envie d’en découdre et de « dégommer du turban », rapidement ils s’aperçoivent que le but ultime est de rester en vie un jour de plus… La scène du massacre dont George Bush assurera qu’il sera puni est une épreuve et ce qui achève de rendre cet épisode odieux, écoeurant et révoltant c’est la place des civils. Coincés entre les terroristes d’Al Qaïda, les « insurgés » qui au nom de la défense de leur pays font aussi bien des dégâts « collatéraux » (c’est à la mode !) et les marines qui ont parfois leurs nerfs, ils n’ont aucune chance. Vivre en permanence dans la terreur est leur quotidien.
Ce qui relie tous les acteurs et témoins de cette tragédie, c’est leur humanité… mais à les regarder pendant une heure et demi, on se dit que vraiment, elle est mal barrée dans cette impasse !



Parfois il faut le reconnaître je suis bien obligée de vous parler de la télé car ce soir Arte à 21 heures propose cette pépite de Kusturica. Si vous ne l’avez pas vu précipitez-vous et si l’univers foutraque et totalement barré de l’ensemble vous rebute, tenez bon jusqu’à la performance d’anthologie de Vincent Gallo, fou furieux suicidaire, malade de cinéma (ça existe ???), qui réalise le mime (incompris) d’une scène non moins d’anthologie d’un film d’Hitchcok… inoubliable, fabuleuse, zarbi et époustouflante ! Sinon, laissez vous embarquer comme Emir qui à l’époque rêvait d’Amérique comme ses personnages rêvaient d’un ailleurs différent où ils pourraient décoller dans de drôles de machines volantes.
Je crois que c’est le premier film de Kusturica que j’ai vu. Je suis entrée sans difficulté et avec ravissement dans cet univers fantasque où des personnages décalés désespérément poétiques nous faisaient croire à la liberté. Plus tard, je me suis offert toutes les séances de rattrapage possible de cet auteur qui délire et nous fait trépigner de joie avec lui.
Pourtant, ici, les personnages ne sont pas simples, ils sont même souvent suicidaires et parfaitement désenchantés. Ils se relèvent et rechutent. Lily Taylor (adorablement timbrée) avec son accordéon et ses tortues, éperdue d’amour pour Axel qui l’ignore, lâche cette réplique, mine de rien : « deux perdus font pas un trouvé » et c’est ce qui se passe dans ce délire protéiforme, les personnages se cherchent, se trouvent, se trompent. J’ai le souvenir d’un film brillant, bruyant, survolté et d’une tristesse infinie, d’un énigmatique poisson qui le traverse, de Faye Dunaway folle à lier, de Jerry Lewis doux dingue, tous deux follement pathétiques et refusant de vieillir, de Lily Taylor douce et douloureuse, de Vincent Gallo marginal, désorienté et cinéphile (il imite Robert De Niro, récite par coeur des passages entiers de films...) et de Johnny Depp (encore tout jeune acteur) blessé et plein d’espoir qui prouvait déjà qu’il serait un acteur différent !
Je n’oublie pas non plus qu’à l’époque Emir Kusturica et Goran Bregovic s’aimaient encore et qu’il nous offrait une partition insensée, exaltée et mémorable. Depuis, aux concerts de Goran, des salles combles de fans énamourés entonnent doucement :
« A howling wind is whistling in the night
My dog is growling in the dark
Something's pulling me outside
To ride around in circles
I know that you have got the time
Coz anything I want, you do
You'll take a ride through the strangers
Who don't understand how to feel
In the deathcar, we're alive
In the deathcar, we're alive”
Ceci vous donnera une bonne idée de la loufoquerie de l'ensemble