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PRIDE de Matthew Warchus ***

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En 1984 (comme en 83 et 85 j'imagine) Maggie Thatcher se fiche comme d'une guigne des mineurs et des homos. Elle affirme dans le poste d'une voix doucereuse accompagnée d'un sourire mielleux, qu'elle restera ferme. Sévère mais juste comme une instit' qui gronde des bambins.

En cet été, les mineurs gallois entament une grève qui durera toute une année, tandis que les gays et les lesbiennes sont surpris de ne pas être davantage houspillés voire franchement brutalisés par les forces de l'ordre lors de leur traditionnelle gay pride. Mark comprend qu'en fait la fricaille n'est pas brusquement devenue ouverte d'esprit, mais est occupée ailleurs. Avec son petit, tout petit groupe de militants, il décide de récolter des fonds pour venir en aide aux mineurs. Ces derniers ne voient pas cet aide d'un très bon œil. Mais le LGSM (Lesbians and Gays Support the Miners) à bord de leur minibus rejoint une petite ville minière du nord du pays de Galles pour leur remettre la somme en mains propres. Les deux communautés se toisent, se jugent puis s'acceptent et unissent leurs forces.

 

Quand je pense que j'ai failli passer à côté ! Quelle erreur ! Il faut dire que même si j'adoooooooore les bandes-annonces de films, je les évite et m'arrange toujours pour entrer en salle après qu'elles aient été diffusées. Entre celles qui semblent raconter tout le film (et donc ne vous donnent pas envie de le voir), celles qui utilisent les trois  seules bonnes répliques (et donc vous emmènent droit à la déception), celles qui sont plus réussies que le film (si, si ça existe), celles qui le trahissent et ne lui rendent pas hommage ou justice... bref j'évite. Alors que me reste t'il si je ne suis pas attirée par un casting ou une histoire incontournables ? L'affiche. Et là, franchement, celle-ci est laide à faire peur. Enfin, Dieu existe, j'y suis quand même allée ! Et j'en suis sortie avec des fourmis dans les pieds et dans le cœur. Envie de danser, envie d'aimer ! Et c'est pas rien... quand des films comme celui-ci ou celui-ci nous feraient plutôt fuir la campagne et l'amour, voire les deux !

 


Evidemment les homos drôles et charmants sont présentés comme des gens ouverts et généreux alors que les mineurs bruts de décoffrage sont plus frileux voire franchement réacs pour certains. Qu'importe. Pourquoi bouder l'enthousiasme communicatif du réalisateur qui nous démontre, et l'histoire est vraie, que la solidarité, l'entraide, la fraternité, la tolérance... ça a existé ? Matthew Warchus est plus sensible à la cause des homos (toujours d'actualité) qu'à celle des mineurs de l'époque, ce n'est pas gênant. Car ce qui compte c'est la tolérance, l'indulgence, l'ouverture d'esprit, le dialogue et l'action. Des mots et des idées positifs, une histoire et une réalisation sincères et généreuses sur fond de lutte ouvrière et de montée du Sida.

 

On pense à Full Monty (17 ans déjà) aux Virtuoses (la même année), des comédies comme celle-ci, sociales, avec des sentiments et du cœur, des "bons" sentiments dans le meilleur sens du terme, mais aussi de l'humour beaucoup, de l'émotion pas trop et des scènes musicales qui méritent à elles seules le déplacement... : le moment où une jeune femme entonne un chant de mineurs repris par toute l'assemblée (frissons garantis) et celle trépidante (3 mn de bonheur) où Dominic West en mode Travolta fait baver les hétéros de ne pas "se lâcher" quand la musique est bonne...

 

L'accent irrésistible, le casting de folie Andrew Scott (j'suis in love), Dominic West, George Mackay, Ben Schnetzer (impeccables) et les plus "vieux"  Bill Nighy, Imelda Staunton, Paddy Considine font le reste. Une réussite. 

 

Commentaires

  • J'ai l'intention d'y aller très vite, hier question d'horaire, j'ai vu "un homme très recherché" et j'ai aimé.

  • Un film qui fait du bien.

    Et l'homme très recherché je l'ai vu à Deauville : film et Philip Seymour Hoffamn PARFAITS !

  • Je l'ai vu aussi et, comme toi, je l'ai vraiment bien aimé !
    Voilà un petit film qui avance sans faire de bruit, mais mérite le détour.

    C'est peut-être un tout p'tit peu longuet sur la fin.
    Mais il y a tellement de bonnes choses qu'on lui pardonne volontiers...

    Et dire que Matthew Warchus a mis quinze ans à faire son deuxième film !!!

  • Oui il y a des petits moments de flottement je suis d'accord, mais on se laisse emporter.

  • On y emmène tous nos terminales, et déjà un prof (de philo, si, si !!!) a déjà dit qu'il refusait d'emmener des élèves voir CE film, que ça n'était pas un film pour nos élèves !!! Comme quoi y'a encore du boulot.
    En 1984, des réacs, y'en avait encore beaucoup en France aussi. Faut se remettre vraiment dans l'époque. J'y étais en 81/82 en Angleterre, et je peux vous dire que des mecs qui dansaient, y'en avait vraiment pas beaucoup. (ils gardaient nos sacs à mains près de leurs bières). J'ai pleuré du début à la fin, tout en souriant et riant parfois, ces larmes d'émotion que seuls quelques films (anglais surtout) ont pu me faire tirer : les Virtuoses que tu mentionnes, et le Nom des Gens peut-être. On a choisi d'emmener les élèves après avoir lu quelques critiques en anglais, et vraiment je ne regrette pas ! Ca va provoquer quelques discussions riches chez mes terminales.

  • C'est par rapport à quel cours que vous y avez amené vos élèves de terminale ? Parce que justement j'étais assez déçue à propos de l'aspect historique qui est passé sous silence. Du coup j'avais tendance à douter de la véracité de l'association, de la manière dont ils s'organisaient etc...

  • J'envoie Ed pour qu'elle te réponde.

  • Bonjour Mathilde,

    Le point de vue de ce film est avant tout l'évolution des mentalités grâce à une rencontre entre deux mondes à la fois très différents et rencontrant les mêmes difficultés. L'aspect historique est montré en toile de fond : Thatcher à la télévision, décors reconstitués de l'Angleterre de l'époque, et situation économique des mineurs. Ce n'est cependant pas le thème du film. Alors, si c'est ce que tu en attendais, évidemment, tu as dû être déçue. Mais en cherchant sur youtube on trouve pas mal de documents de l'époque qui montrent que tout ce qui a été raconté se fonde sur des évènements réels. Le seul personnage qui ait été ajouté est Bromley, car il met en avant le point de vue psychologique. C'est malgré tout un film de fiction, pas un documentaire, un film qui prend parti et qui a un parti pris, idéologique et artistique. Donc, comme tout film on peut l'aimer ou pas. J'y ai emmené mes élèves pour faire ensuite travailler sur la notion de Mythes et Héros (les mineurs sont encore aujourd'hui vus comme des héros aux yeux d'une partie de la population), Idée de Progrès (avancée des idées, plus grande tolérance, et mes élèves y ont aussi vu du féminisme [Sian]), Espaces et Echanges (2 mondes se rencontrent et ont des échanges solidaires), Lieux et Formes de Pouvoir (là, je vais traiter l'aspect historique, situation économique de l'époque, gouvernement Thatcher).
    Si vous parlez anglais : https://www.youtube.com/watch?v=lHJhbwEcgrA
    https://www.youtube.com/watch?v=Xjrm5REdCKI
    Il y en a beaucoup d'autres !
    Quand je vois les réactions provoquées par le visionnement de ce film par des lycéens, alors que les emmener au cinéma est courant, je suis convaincue que PRIDE est un film utile et qui mérite d'être vu.

  • Ah oui d'accord, je n'avais pas pensé à tous ces thèmes ! Et puis c'est toujours intéressant de varier les supports. Les cours dont je me souviens le plus sont souvent en lien avec des films qu'on a vu en classe.

  • Ma remarque sur la danse et les mecs, c'est pour dire que les mineurs sont présentés comme un peu bourrus et coincés, voire réacs, mais pas tous ! Et les homos comme ouverts, mais pas tous !

  • Je crois que tu nous avais déjà parlé de ce super prof de philo.
    Il a bien choisi sa matière dis donc : quel open minderie !!!

    Oui évidemment ce n'est pas aussi catégoriques et manichéens que je le dis peut-être. C'est vrai que ce film fait la part belle aux deux "communautés" sans en stigmatiser une.
    Beau film.

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