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ÉTÉ 85

de François Ozon ***

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Avec Félix Lefèbvre, Benjamin Voisin, Valeria Bruni-Tedeschi, Aurore Broutin, Melvil Poupaud, Isabelle Nanty

En cet été 1985, Alexis a 16 ans et s'ennuie durant les vacances. Son prof de français l'incite à poursuivre dans la voie littéraire alors que ses parents le verraient plutôt trouver un travail.

Lors d’une sortie en mer sur la côte normande, il est sauvé héroïquement du naufrage par David, 18 ans. Alexis en est sûr, il vient de rencontrer l’ami de ses rêves.

L'entrée en scène de David se fait comme l'arrivée d'un super héros ou comme dans un rêve en effet. Sa silhouette au loin devient de plus en plus précise. Et effectivement, difficile de résister à David qui est beau, sûr de lui et connaît les gestes pour se sortir d'une situation difficile qui aurait pu être dramatique. Dès lors, les deux garçons vont devenir inséparables et vivre quelques semaines d'amitié qui se transforme en une passion amoureuse et charnelle.

Cela aurait pu être une simple et banale chronique adolescente mais elle va loin, beaucoup trop loin et je ne parle bien sûr pas de la relation qui ne va pas tarder à unir les deux jeunes garçons mais bien du fait qu'un des deux va mourir. On l'apprend dans les premières secondes. La bande-annonce le laissait pressentir mais je me disais que le faiseur de bande-annonce aurait sans doute été plus subtil de nous laisser supposer un tel drame qui finalement ne surviendra pas. Hélas si, la bande-annonce explicite ne ment pas et malgré cet évènement trop tôt révélé on est constamment surpris et en attente des révélations. Le film déroule en flash-backs comment cette belle histoire ensoleillée a pu si mal finir.

Alexis est un garçon encore timide et indécis qui vit avec des parents qui ne le comprennent pas, une mère gentille et aimante mais soumise qui ne s'exprime que par des "ton père a dit que..." et un père autoritaire, tous deux dépassés par l'ado. Il se dit obsédé par la mort sans bien comprendre de quoi il parle. David est tout l'inverse, flamboyant, séducteur, plein d'assurance, il cherche à rattraper la vitesse et à vivre tout ce qui se présente sans délai. Il a perdu son père un an plus tôt. Il vit avec sa mère juive surprotectrice (Valeria Bruni-Tedeschi impayable et hilarante (avant le drame évidemment)) et s'occupe avec elle d'une boutique d'articles marins.

Ce qui s'est passé, Alexis ne peut pas et ne sait pas le raconter à son éducatrice qui cherche à comprendre. Son prof de français (Melvil Poupaud ambigu (ambiguïté qu'il balaiera d'un "David m'a séduit mais c'était un élève", et drôle également lorsqu'il s'exclame outré à l'éducatrice qui lui demande des informations sur Alexis : "mais enfin, je ne peux trahir le secret professionnel !") va lui suggérer, conscient des talents littéraires du garçon, de raconter les évènements par écrit. On retrouve donc le même procédé narratif que Dans la maison, (l'un des meilleurs Ozon), et on chemine progressivement vers les explications du drame qui finalement ouvre sur un autre...

Si la première partie, lumineuse et inondée de soleil s'attarde sur la naissance des sentiments et du désir, puis leur concrétisation, la seconde plus sombre forcément se transforme en véritable thriller psychologique. La forme en flash-back permet heureusement à David de ne pas disparaître de l'écran.

Même si Félix Lefèbvre est absolument formidable, Benjamin Voisin (La dernière vie de Simon, Un vrai bonhomme) confirme film après film quel surdoué il est, qui captive et capture la caméra à chacune de ses apparitions. Les deux garçons ont l'apparence toujours suffisamment juvénile pour pouvoir à 20 et 23 ans interpréter des ados de 16 et tout juste 18. L'âge est tellement important à ce moment de la vie. Lorsqu'une jeune anglaise au pair s'immisce dans le duo, Alexis la présente ainsi en voix off : "voici Kate, 21 ans". Elle sera un élément déterminant et catalyseur de l'histoire.

J'ai lu que ce film, adapté du roman La Danse du coucou d'Aidan Chambers, avait quelque chose de planant. Il y a de ça. Sans doute dû en partie à la bande son qui ravit les oreilles (In between days, The Cure, Cruel Summer, Bananarama,  Forest fire, Lloyd Cole (sublime), Sailing, Rod Stewart...). Il y a de très belles scènes de joie, de séduction, d'étreintes et j'ai trouvé les deux scènes de danse particulièrement intenses, émouvantes, troublantes. Un beau film un peu rétro sur la brutalité et la beauté des passions adolescentes.

Commentaires

  • I am sailing
    I am sailing
    Home again
    'Cross the sea
    I am sailing...

    J'ai la chanson dans la tête depuis deux jours...
    et un très beau film, peint de nostalgie et de mélancolie, un été 85, j'y étais, j'avais tout juste 1. ans, j'avais la même musique, le même walkman, pas les mêmes polos...

  • Oui ce film fait voyager dans le temps.
    Et cette chanson...❤
    1. ans en 85 !!! La chance !!!
    Moi j'avais 2.

  • Oh la la... Je dirai que le drame est le fond de l'histoire mais secondaire dans sa narration.

  • Très bel article sur ce film ! Et je me suis fais la même réflexion sur Benjamin Voisin, nouvelle étoile ciné du Français :)

  • Merci Aurore. Oui il est vraiment excellent et d'une beauté !

  • Bonjour Pascale, même Variety dit beaucoup de bien de Benjamin Voisin. Ce petit jeune va aller loin. Bon dimanche.

  • Bonjour dasola, oui ce petit va faire son chemin.

  • Je ne lis que des bribes, je vais le voir demain (mon grand retour en salle !). En attendant, je m'enfile l'intégrale de Lloyd Cole...

  • Oh la la Lloyd Cole... cœur cœur cœur !

  • OK pour Benjamin, mais Félix bof. "un peu rétro" c'est un euphémisme. Ozon joue sur la nostalgie à fond les blousons, tout ça pour un rappel à loi. C'est agréable, bien tourné mais ça ne m'a pas donné le frisson.

  • Un rappel à la loi ?? On ne danse pas sur les tombes ?
    Moi je suis déjà allée boire l'apéro en loucedé au cimetière les soirs de déprime. J'ai risqué gros.
    Oui, j'ai une vie trépidante.

    Félix est plus en retrait, c'est son rôle qui l'exige.
    La nostalgie n'est plus ce qu'elle était.
    Je suis sûre que madame Ecranoir a aimé !

  • Oui, plus que moi.
    Mais je n'ai pas détesté, je tiens Ozon pour un de nos meilleurs atouts cinéma actuel. Il se trouve que depuis un quelques années ses films sont en mode mineur un coup sur deux. Et là, on est en bas de la courbe. Vivement le prochain qui sera sûrement formidable. ;-)
    Sinon du Melvil à moustache en prof de lettre, j'en reprendrais bien deux fois.
    Je vais développer tout ça dans mon prochain article.

  • Il m'a bien amusée le Melvil.

    Le pire Ozon c'est Jeune et Jolie. Un film dégueulasse.

  • J'ai adoré, j'ai versé ma petite larme... et elle revient en relisant ton post... Merci... c'est beau le cinéma quand c'est bien fait....

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