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de Nadav Lapid *

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ISRAELIEN

Avec Ariel Bronz, Efrat Dor, Naama Preis

Y. pianiste de jazz et sa femme Yasmine danseuse ont du mal à joindre les deux bouts.

Alors ils se vendent lors de soirées décadentes dans une Tel Aviv où règnent la fête, les beuveries et où l'argent coule à flot. Y. est prêt à tout, ne recule devant rien : danser, embrasser, sucer un gode géant, se laisser mettre la tête dans des récipients remplis de différents breuvages alcoolisés, tomber ivre mort dans une piscine et littéralement ressusciter. Tout cela fait partie du spectacle. A l'occasion, sa femme et lui se prostituent et là encore répondent aux fantasmes les plus insolites et peu ragoûtants de leurs clients comme de faire jouir une vieille femme très riche en lui enfonçant à sa demande la langue jusqu'au fond des oreilles. Plus tard, Y. qui n'en est pas à une humiliation près lèchera littéralement (et longuement, mimant une fois encore l'acte sexuel avec le talon) les bottes d'un milliardaire russe. Et toutes ces scènes semblent n'être là que pour choquer et dégoûter. Pari réussi, les personnages sont dégoûtants dans le sens où ils dégoûtent. Tous sans exception.

Les premières minutes laissent entrevoir la possibilité d'assister à un spectacle déjà vu (et apprécié) dans Anora de Sean Baker ou The square de Ruben Östlund. Mais chez eux la fête quoique dérangeante était euphorisante voire drôle. Ici tout m'a semblé répugnant, dégradant. Et lorsque le gouvernement propose à Y. une mission qu'il ne pourra refuser : mettre en musique un nouvel hymne national sur des paroles dégueulasses (appel à peine dissimulé au génocide), le garçon vit une mini crise de conscience qu'il tentera de résoudre en se rendant à la frontière pour contempler du haut d'une colline Gaza en flammes, en ruines, anéantie sous le fracas permanent des bombes. Et cela en compagnie d'une femme (ex amour de jeunesse) surgie de nulle part (j'ai dû m'assoupir) qui nous assommera avec une tirade impossible énumérant les exactions commises sur place avec la caméra sautillante posée sans doute sur le capot de la voiture (les critiques ont adoré).

Après Le policier (que j'avais beaucoup aimé mais je me demande aujourd'hui si je ne changerais pas d'avis) et Le genou d'Ahed (qui aurait pu s'appeler Non, que j'avais détesté et où tout était détestable, le personnage (qui refusait tout), la réalisation), Nadav Lapid est plus que jamais en pétard. On aimerait le comprendre et compatir tant il doit être difficile d'être israélien et pacifiste actuellement mais c'est impossible devant ce film où il n'est question que de décadence, de frénésie et de personnages absolument impossibles à aimer. Si ce n'est ce pauvre petit bébé, étrangement souriant, entre ses parents qui mettent la musique à fond pendant qu'il dort où lui posent un casque sur les oreilles pour qu'il n'entende par leurs cris quand ils se disputent et se battent !

"Cette ville me rend fou" affirme le réalisateur dans Télérama en parlant de Tel Aviv où les activités de plage continuent sous le regard des portraits de militaires morts au combat. Comme on aimerait le comprendre, devenir fou avec lui devant l'injustice et l'horreur du désastre !

Hélas, ce n'est pas en filmant ces orgies et ces personnages perdus, peu aimables qu'il peut atteindre le coeur. Pas le mien en tout cas. Néanmoins, une fois encore la critique est extatique !

La seule scène que je sauve est pour moi celle où Y. joue la musique de l'hymne et que sur un écran des enfants aux visages masqués chantent et appellent au génocide. Rapidement suivie par le générique où des explications sont fournies et que les spectateurs lisent dans un silence palpable.

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