Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur la Route du Cinéma - Page 512

  • La France de Serge Bozon **

    La France - Sylvie Testud et Pascal Greggory

    En 1917, Camille jeune mariée amoureuse attend François, parti à la guerre. Le jour où elle reçoit une lettre qu’elle juge incompréhensible : « Camille, ne m’écris plus. Je ne veux plus recevoir de nouvelles de toi. Tu ne me reverras plus. François », elle décide de se couper les cheveux pour ressembler à un garçon et rejoint le front. En chemin elle croise une troupe de soldats censée regagner un régiment. Elle va réussir à se faire accepter au sein du groupe…

    Encore un film ovni dont le but, les tenants et aboutissants resteront obscurs. Un road movie pédestre par temps de guerre, mais de la guerre nous ne verrons rien. A quatre reprises, les militaires sortiront d’étranges instruments de musique bricolés dans des casseroles et chanteront des comptines tristes et absconses. C’est joli, c’est surprenant, la campagne est belle (ça se passe dans le Nord…), Pascal Greggory à la diction parfaite et aristocratique est à la fois déplacé et curieusement à sa place en lieutenant qui couve ses ouailles. Sylvie Testud boudeuse et obstinée ressemble à un garçon. L’arrivée de François, à la fin est une ‘apparition’ (oui, encore un acteur que j’aime…).

    Ce film est comme égaré, surprenant, déroutant, anachronique et théâtral, on en sort déconcerté mais pas mécontent.

  • Les deux mondes de Daniel Cohen *(*)

    Photos de 'Les Deux mondes'
    Photos de 'Les Deux mondes'

    Rémy est transparent aux yeux de tous. Chez lui, au travail, dans la rue, dans sa famille, tout le monde l’ignore. S’il se fait bousculer, c’est lui qui s’excuse. Il profite d’un dérapage, d’une faille dans l’espace spatio temporel qui l’engloutit, l’aspire et le propulse dans un monde où on le prend pour le sauveur pour reprendre confiance en lui et sa vie en mains… en même temps, il en profite pour sauver les Bégaminiens du joug du tyran cannibale Zotan !

    Dire la moindre chose négative à propos de Benoît Poelvoorde est inconcevable en ce qui me concerne. Quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, il est excellent et c’est lui qui porte, emporte et soutient ce film très prometteur au début, qui s’essouffle dans la dernière demi-heure assez laborieuse et qui ne sait comment se conclure.

    Benoît Poelvoorde est un grand acteur qui n’a pas encore eu les films qu’il mérite (attendons le très prochain « Cowboy » de Benoît Mariage) mais il est complet. Il est drôle, émouvant et même en dictateur très con (pléonasme) il excelle. Il est ici ce qu’on appelle « en roue libre » mais il est un des rares acteurs que je connaisse qui balance ses répliques comme s’il improvisait et à chaque fois ça fait mouche. Benoît Poelvoorde est incroyable, drôle, charmant, délirant, énergique.

    J’aime Benoît Poelvoorde.

    Ce film c’est lui, et c’est pour lui qu’on peut le voir.

  • Voleurs de chevaux de Micha Wald ***

    Photos de 'Voleurs de chevaux'
    Voleurs de chevaux - Grégoire Colin et François-René Dupont

    Fin du XIXème siècle en Ukraine, Jakub et Vladimir, deux frères crève-la-faim, s’engagent chez les cosaques où Vladimir, très fragile et constamment défendu par son frère subit moult humiliations. Vladimir est tué par deux autres frères Elias et Roman, voleurs de chevaux. Jakub va les traquer et leur faire payer.

    Comment un petit film bricolé dans une forêt et une prairie et dont les costumes semblent avoir été tricotés par la grand-mère du réalisateur peut-il être une réussite ? Parce qu’il est beau, parce que les évènements dramatiques qui se succèdent créent un suspense qui fonctionne, parce que c’est inédit, nouveau, audacieux, parce qu’il en émane une sincérité impressionnante. Et puis surtout parce qu’il est porté par quatre acteurs fougueux, fiévreux qui, impossible d’en douter, partagent la même folie furieuse que leur jeune réalisateur pour s’être embarqués dans cette histoire ! Grégoire Leprince-Ringuet est beau et vulnérable, François-René Dupont naïf et innocent, Grégoire Colin furieux et brutal… mais celui qui accroche l’attention, c’est Adrien Jolivet. Epais comme un sandwich SNCF, fin comme une fille, il absorbe, emplit et s’approprie l’écran par sa belle et bouillonnante présence, son charisme, son énergie.

    Un film rare qui a la rage !

    Voleurs de chevaux - Igor Skreblin (de dos) et Adrien JolivetPhotos de 'Voleurs de chevaux'

  • La légende de Beowulf de Robert Zemeckis **

    La Légende de Beowulf - Ray Winstone
    La Légende de Beowulf - Ray Winstone

    En 500 et des poussières au Danemark une créature monstrueuse, Grendel terrorise et décime la population du Royaume du Roi Hrothgar. Seul un héros pourrait en venir à bout. Il se présente en la personne du Viking Beowulf qui ouvre les bras et pousse des gueulantes en hurlant « BEEEEEEEEEEOOOOOOOOOOOOOOWUUUUUUUUUUUUUUULF !!! ». Il combat la bestiole tout seul et tout nu comme un ver et lui fiche une sacrée raclée surtout dans l’oreille, parce que le monstre est fragile de l’oreille ! Après, il s’empare du royaume, devient calife à la place du calife pour conquérir la reine qui chante des chansons tristes et fait plein de bêtises parce que s’il est héros, le héros n’en est pas moins homme…

    Amateurs d’heroïc fantasy (j’en suis) ce film est pour vous. Evidemment tout le monde n’est pas Tolkien (même si cette œuvre l’a inspiré, paraît-il) et Zemeckis n’est pas Peter Jackson. Néanmoins ce film est vraiment plaisant, même s’il faut un temps d’adaptation à son étrange « design » qui le rend bizarrement hyper réaliste et franchement effrayant par moments. Et puis, on s’habitue. Il faut vous dire que le réalisateur a utilisé la technologie du performance capture qui permet de recréer à la perfection les expressions et les gestes des comédiens en infographie. Pour simplifier je dirai que les acteurs sont « dessins animéifiés » et ça surprend quand on n’est pas prévenu (comme moi). Sous les capteurs on peut donc s’amuser à re-découvrir Ray Winstone (comment ce géant de muscles de Beowulf peut être Ray Winstone ??? Demandez le au responsable de la « performance capture »), Anthony Hopkins (gras et libidineux), Robin Wright Penn (triste, comme d’hab’), John Malkovich (fourbe comme touj’), Angelina Jolie (sublime et nue pour une f’), Brendan Gleeson (spécialiste des films en costume).

    Donc si vous voulez voir un film peuplé de monstres, de sortilèges et de magie, où le héros n’est qu’un homme faillible et imparfait qui ne jure que par les burnes d’Odin, cornebouc, direction les contrées lointaines et sauvages du nord de l’Europe.

    Photos de 'La Légende de Beowulf'
  • LIONS ET AGNEAUX de Robert Redford **

    lions et agneaux - cinéma

    Pour évoquer la guerre en Irak, Robert Redford explore trois pistes :

    • à Washington, un sénateur accorde une interview à une journaliste de télévision pour lui exposer une stratégie militaire,
    • sur la côté Ouest, un professeur essaie de convaincre un étudiant de choisir un engagement,
    • en Afghanistan deux anciens élèves du même prof sont pris au piège…

    Commençons par ce qui ne va pas, mais alors pas du tout, du tout :

    I - Dans le bureau d’une université, un professeur idéaliste (Bob himself) convoque un élève et tente de le convaincre de son potentiel. Ce jeune homme nous est présenté comme un brillant sujet ce qu’à aucun moment nous ne découvrons car il semble équipé d’autant de réflexion qu’une huître. Que voyons-nous à l’écran ? Un petit branleur en short et chemise hawaïenne qui doit penser que la plus grande résistance est de poser ses pieds sur la table ! Quant à l’acteur, il est de cette espèce « tête à claques » qu’Hollywood nous sort régulièrement de son chapeau, et comme j’aime décerner des prix, je lui décerne sans hésitation l’Oscar de l’acteur le plus mauvais et le plus antipathique de sa génération. Retenez bien son nom… et puis non, oubliez.

    C’est là que je me dis : Bob, cesse d’enlever, puis de remettre, puis d’enlever, puis de remettre tes lunettes, cet acteur est nul, ça se voit à l’œil nu, et il gâche cette partie du film.

    II – A la suite d’un brillant exposé, deux étudiants du même prof. révèlent qu’ils se sont engagés dans l’armée : consternation du prof qui se sent responsable ! On retrouve les deux jeunes gens à 3 000 mètres d’altitude, seuls, blessés dans la neige, encerclés par des talibans. Cette partie spectaculaire et hautement dramatique… n’est pas mal ficelée et on ne peut que s’étonner et être consterné de découvrir que des jeunes gens (un afro et un latino américains… quand même !), intelligents, avec un avenir puissent s’engager volontairement pour aller combattre à 10 000 kms de chez eux.

    C’est là que je me dis : Bob n’a jamais réalisé de film de guerre, contre la guerre et il le regrette.

    III – Et voilà ce que Bob aurait dû faire et n’a pas osé : nous enfermer pendant une heure et demi dans un bureau avec Meryl Streep et Tom Cruise et les laisser débattre en un face à face clair, intelligent et efficace. Tom Cruise est parfait, effrayant en sénateur rongé d’ambition qui souhaite une fois encore « utiliser » les médias pour tenter de redorer le blason des politiciens aux yeux des citoyens et « vendre » une opération militaire censée régler le problème de la guerre. Il affronte Meryl Streep plus que parfaite en journaliste fatiguée à force de compromissions. Le rôle des médias et la manipulation politique sont traités sans manichéisme et renvoie dos à dos politiques et journalistes. « Mon objectif est de provoquer chez le spectateur une réflexion sur la démocratie » assure Redford. Une question, posée par la journaliste, reste néanmoins sans réponse : « Pourquoi a-t-on envoyé 150 000 soldats dans un pays qui ne nous a pas attaqués… et une poignée d'hommes dans un pays qui l’a fait ? ».

    C’est là que je me dis que Bob, à 71 ans, est encore un réalisateur militant écolo et démocrate, mais au final, un film un peu raté, un peu réussi, c'est un peu décevant.

    …………………………………………….

    En lisant un article à propos de Robert Redford, j’ai appris que le projet de film « A walk in the woods » qui retrace les voyages d’un homme avec un ami au travers d'une Amérique sauvage… était abandonné. Robert Redford qui était très attaché à ce projet a dû y renoncer car il devait y retrouver Paul Newman dont la santé se serait dégradée et que, vraisemblablement, ce dernier ne tournera plus… Certains savent que Paul Newman est un de mes amours de jeunesse et de toujours… alors, je suis triste (mais pas jalouse..).

     
  • De l’autre côté de Fatih Akin ***

    De l'autre côté
    De l'autre côté

    Yeter a été tuée, un peu par accident, beaucoup par bêtise par le père de Nejat (professeur de littérature), et le verdict du jeune homme semble sans appel : « Un homme qui a tué quelqu’un ne peut pas être mon père ». Il quitte Hambourg pour Istanbul à la recherche d’Ayten, la fille de Yeter. Ayten, jeune turque en révolte face au pouvoir en place est considérée comme une terroriste dans son pays qu’elle quitte pour l’Allemagne où elle rencontre Lotte, étudiante. Les deux jeunes femmes tombent amoureuses l’une de l’autre mais Ayten est reconduite à la frontière et incarcérée en Turquie. Lotte la rejoint…

    On sort de ce film ébloui et pourtant au cours des trois chapitres, deux drames surviendront à la fois prévus et inattendus. Fatih Akin a écrit un scénario exemplaire, irréprochable, audacieux et surprenant qui ne nous emmène jamais là où on l'attend. Cannes ne s’y est pas trompé en lui attribuant le Prix du scénario. Il parle d’amour, de sentiments, de deuil et c’est bouleversant car les personnages finissent par être emplis de larmes et de douleur. Deux parmi eux, à l’humanité lumineuse, et qui feront du pardon un moyen de survie, transcenderont leur chagrin qu’on aurait pu croire insurmontable… Le réalisateur achève son film par un plan de toute beauté qui nous aimante au générique et l’on rêve de voir apparaître le bateau tant attendu. C’est sur l’image apaisée, rassurante d’un fils qui attend son père, enfin pardonné, que l’on quitte la salle émerveillé.

    Quant aux acteurs, ils ne sont pas seulement magnifiques, intenses et fiévreux, ils sont inoubliables.

    De l'autre côtéDe l'autre côté - le réalisateur Fatih Akin

    **********************************************************************************************************

    Ce soir c’est sur France 3 que ça se passe à 20 h 55 :

    « Maman est folle » de Jean-Pierre Améris.

  • American gangster de Ridley Scott °/*

    Photos de 'American Gangster'Photos de 'American Gangster'

    Dans les années 70 à New-York, l’histoire vraie de Frank Lucas, son ascension, sa grandeur et sa dégringolade. A la mort de son ‘patron’, ce second couteau va discrètement prendre la relève et devenir leader dans le commerce de la drogue ! Un flic, LE seul flic non corrompu et incorruptible de New-York et du New-Jersey réunis est lancé à ses trousses.

    Pour en arriver à la dernière bonne (mais sans plus) demi-heure il faut endurer deux interminaaaaaaaaables heures d’un film qui piétine, tourne en rond et se regarde le nombril (les références sont tellement écrasantes que je n’aurai pas la cruauté de les citer) sans énergie ni invention. C’est un film où les truands ressemblent à des hommes d’affaires et les flics à des délinquants. Quoi d’neuf docteur ?

    Quelques scènes réveillent la spectatrice que je suis : une intervention musclée dans un logement social new-yorkais (une ruine) par exemple ou le désossage intégral d’un avion qui revient du Viet-Nam… et hop, on se rendort gentiment (mais un peu en soupirant quand même) en attendant la suivante, qui peine à arriver. C’est bien filmé, la reconstitution seventie a l’air nickel chrome et on apprend même (enfin, moi j’ai appris) que l’aviation US s’occupait du transport de la drogue lors du rapatriement des militaires morts au Viet-Nam sous le regard hypocrite de Nixon qui déplorait, la larme à l’œil dans le poste, que l’Amérique de ces années là soit devenue toxico. Le réalisateur insiste d’ailleurs lourdement en nous matraquant pas moins d’une bonne dizaine de seringues s’enfonçant dans des bras bien amochés et quelques overdoses bien craignos… C’est bon Ridley, on a compris : la drogue c’est pas bien !

    Ajoutons à cela quelques scènes bien ridicules. Celle de l’arrestation de Frank est un sommet. Le flic l’attend, sourire en coin à la sortie de la messe (oui messieurs dames, le truand est un bon chrétien et aussi un bon garçon (il aime sa maman) et un bon mari (il ne trompe pas sa femme, une ex miss sans cervelle épousée vite fait après une séance de drague très comique) et le truand répond par un sourire en coin, pareil le même !

    Une autre pour la route ??? Allez, je ne peux rien vous refuser. L’enquête piétine (faut dire aussi qu'elle semble se résumer à épingler des photos sur un tableau, j'vous jure !!!)… imaginez que les flics n’en sont encore qu’à pister des petits revendeurs sur le trottoir. Alors évidemment, ils sont encore loin de savoir qui est le grand manitou derrière tout ça. Et bien le super-cop, un jour il va voir un match de boxe au Madison Square Garden (ooops pardon, THE match de boxe, y’a même Woody Allen et Diane Keaton dans la salle dites-donc) entre Mohammed Ali et je ne sais plus qui. Il a son appareil photo. Il y a des milliers de personnes… Et bien le super flic trouve que le type noir avec un chapeau à poils laineux au deuxième rang n’est pas à sa place ! Et hop, c’est comme ça que le Franck Lukas a été démasqué : parce qu’il portait un chapeau et un manteau où c’était écrit dessus « arrêtez-moi ! ».

     Encore une ??? Oh la la, vous êtes gourmands ! Bon d’accord, mais rapide alors, juste un petit bout de dialogue. Le flic, qui a sa vie privée qui se barre en sucette (divorce, garde d’enfant et tout le toutim je vous passe les détails, on a même droit aux scènes de prétoire de la séparation…) n’en est pas moins homme pour autant. Donc, il saute sur tout ce qui bouge (avocate, hôtesse de l’air etc…) et l’avocate qui est en train de se faire besogner sur une table lui hurle : « va-z’y Johnny, baise moi comme un flic !!! ».

    Tout n’est pas ridicule, non, pas tout mais plutôt ennuyeux et looooooooooooong.

    Reste que j’attendais l’affrontement entre les deux fauves… et que même, encore plus fort je m’attendais à une espèce de choc du genre Bob/Al dans « Heat », j’étais folle… Chacun essaie de tirer la couverture en se passant une tasse de café (le voir pour le croire…).

     

    Photos de 'American Gangster'

     

    Sinon, quand même et HEUREUSEMENT, il y a Denzel, son visage, son sourire à 48 dents, son allure, sa démarche, son physique, sa classe, Denzel, Denzel, Denzel. Mais malgré cela, je trouve qu’il se fait chiper la vedette par Russel -Maximus ! Maximus ! Maximus ! – Crowe. Il paraît qu’il n’y a que Ridley Scott pour maîtriser la bête et il la maîtrise admirablement. Tout en sobriété, mal coiffé, mal sapé, mal rasé, le muscle gras (bien qu’il transpire des litres à pousser de la fonte en salle), il est magnifique même si, j’avoue, à tout moment je m’attends à ce qu’il annonce : « je vais tuer Commode ! ».

     

    Allez voir : "L'homme sans âge" de Francis Ford Coppola (un film qui invente...).