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Sur la Route du Cinéma - Page 509

  • MR 73 d’Olivier Marchal *

    MR 73 - Daniel Auteuil
    MR 73 - Daniel Auteuil

    Un serial killer de femmes commet des crimes épouvantables à Marseille. Dans le même temps, un ancien sauvage qui purge une peine à perpétuité « risque » d’être libéré pour bonne conduite après 25 ans d’enfermement. Au milieu de ces deux histoires (sans aucun lien l’une avec l’autre !!!) se trouve Schneider, flic brisé, ratatiné par un drame personnel mais qui tente, entre deux comas éthyliques de résoudre les énigmes.

    Ça commence plutôt bien. Se lancer sur les traces d’un serial killer au cinéma promet toujours une multitude de pistes et de mystères à résoudre. Et puis découvrir le fonctionnement d’un cerveau malade peut être un voyage fascinant. Hélas, on ne saura rien de ce qui se passe dans ce cerveau et nous assisterons abasourdis à une succession de plans indigestes et très insistants sur des corps de femmes martyrisées, torturées, violées alors qu’un expert ès crime nous explique (pour enfoncer encore bien le clou) comment l’assassin a procédé. Est-ce le moment d’employer le mot « complaisance » (oui, pour ceux qui me connaissent, ils savent que c’est un mot que je ne parviens jamais à caser, les autres auront raison de s’en foutre) ? Sinon, il me semble que le film pourrait se « voir » simplement, sans arrière pensée si l’on ne savait qu’Olivier Marchal est un ex flic et que donc, il est difficile de ne pas voir un aspect documentaire dans ce(s) film(s)… C’est là que ça devient réellement effrayant. Soit Olivier Marchal a des comptes à régler avec son ancien métier, soit il crache dans la soupe froide, soit… et c’est là qu’on tremble, sa peinture du milieu de la police municipale reflète la réalité ! En effet, alors que ce matin encore dans ma radio préférée un monsieur flic qui a écrit un livre nous implorait d’aimer la police, il se trouve qu’ici aucun flic n’attire la sympathie et qu’au contraire même, ils sont tous plutôt repoussants voire inquiétants et effrayants les uns que les autres, à l’image des squats miteux où ils ont leur bureau. Apparemment, ils exerceraient tous leur métier par dépit, pour se venger de la vie qu’est pas rose tous les jours, certains parleraient à leur flingue « c’est plus beau qu’une gonzesse ! », certains voleraient des objets de valeurs sur les lieux de crimes et traficoteraient pour arrondir les fins de mois, d’autres vendraient des photos à la presse, sans parler des règlements de compte, vengeances et autres meurtres entre flics, et aussi qui couche avec qui, qui veut la place de qui, que doit-on cacher aux supérieurs etc, etc… Quant à l’aspect « dossier de l’écran » du film qui va faire plaisir à Mâme Dati (pouh ! rien qu’écrire ce nom fout le frisson !) : un psychopathe peut-il être réinséré ? La réponse est « non ». Les tarés restent tarés surtout si entre temps ils ont rencontré dieu en prison (ça aide pas !) et ceux qui ne le sont pas le deviennent. A ce titre, ce qu’on fait faire à Daniel Auteuil dans la dernière demi-heure (qui part en vrille ni plus ni moins) est tout bonnement invraisemblable, inconcevable et honteux. Je me demande toujours jusqu’à quel point les acteurs peuvent TOUT accepter dès lors qu’ils ont signé un contrat ? Ajoutons à cela une image bien crade aux couleurs sursaturées ou désaturées (les spécialistes trancheront) et vous aurez une idée de l’ambiance !

    Alors pourquoi une étoile me direz-vous encore ? Parce que les acteurs, figurez-vous ! Des seconds rôles en pagaïe : Louise Monot (la fofolle des pubs « une seconde de bourjois ») que j’attends dans un vrai rôle, Gérald Laroche impeccable, Francis Renaud toujours au bord de l’implosion et Catherine Marchal grande classe. Olivia Bonamy hérite du rôle difficile de la victime collatérale chargée de chialer abondamment avec le nez qui coule à flot (il faudra aussi qu’on m’explique pourquoi les jolies brunettes acceptent parfois de se coller une serpillière jaune paille sur la tête ?). Reste Philippe Nahon qui après une incursion (hilarante et réussie dans la comédie « Vous êtes de la police » de Romuald Beugnon) reprend avec conviction et persuasion son costard de salaud débectant.

    Et enfin, le stradivarius… Daniel Auteuil, imbibé jusqu'au fond d'oeil, qui compose ici une épave, un débris, un homme en ruines absolument irrécupérable et qui le fait avec toute son envergure et son talent, sans excès, sans exubérance, avec classe et sobriété. Chapeau.

    Olivier Marchal peut lui dire merci !!!

  • Les femmes de l’ombre de Jean-Paul Salomé *(*)

     

    Photos de 'Les Femmes de l'ombre'
    Photos de 'Les Femmes de l'ombre'
    Photos de 'Les Femmes de l'ombre'

    Créé par Churchill, le SOE (Special Opérations Executive), service secret de renseignements a parachuté en France des femmes qui ont accompli des actions héroïques en 1944. Ici, elles doivent récupérer un soldat anglais tombé aux mains des allemands qui en sait beaucoup sur le très prochain débarquement. Cette mission accomplie, à l’arrache, elles doivent en accomplir une autre, encore plus suicidaire, éliminer un colonel nazi.

    Le principal mérite de ce film (qui a dit le seul ???) est que pour l’une des rares fois le cinéma évoque le combat et le sacrifice des femmes qui sont entrées en résistance pendant la guerre et n’ont connu aucune reconnaissance (ou si peu) par la suite, contrairement aux héros masculins ! Hélas, si le film se laisse voir sans déplaisir et avec intérêt même, il lui manque le souffle épique et l’émotion qu’il devrait susciter. Il manque d’ampleur et du je ne sais quoi en plus qui fait LE film de référence. Cela tient sans doute (peut-être) au casting. Julien Boisselier si sensible par ailleurs, ne convainc pas du tout en chef de réseau. Rarement hélas, on ne sent de réelle complicité entre les cinq femmes. Si elles sont emmenées tambour battant par Sophie Marceau, très autoritaire, sniper tireur d’élite, paupières mi-closes et mâchoires serrées à la Michaël Douglas, si Julie Depardieu confirme de film en film qu’elle est la Rolls Royce des seconds rôles et qu’on a toujours envie d’être sa copine (Julie si tu me lis…) et si Maya Sansa, beaucoup plus discrète crève littéralement l’écran… on ne peut en dire de même de Marie Gillain (toujours un verre à la main… ça se confirme donc) mais à sa décharge, elle a remplacé au pied levé Laura Smet (dépressive...). Quant à Déborah François, elle joue vraiment comme une savate et son sacrifice en crucifixion est d’un ridicule achevé.

    Multiplier à l’infinie les scènes de torture est également d’un goût hasardeux. Est-ce qu’on doute encore du sort réservé aux résistants lorsqu’ils étaient arrêtés par les nazis ? Lorsqu’on nous montre un gars ou une fille avec le visage défoncé, on se doute qu’on ne lui a pas fait des chatouilles… filmer les coups, les arrachages d’ongles, les écrasements de pied et j’en passe (sadiques, courez-y) n’est peut-être pas utile, en tout cas pas une dizaine de fois !

    Que reste t-il donc qui mérite les deux étoiles me direz-vous ? L’histoire qui mérite d’être connue. L’interprétation (et la présence, rien que la présence) de Sophie Marceau, de Julie Depardieu et Maya Sansa mais aussi, mais surtout celle de l’incroyable, époustouflant, magnifique, magnétique, phénoménal acteur allemand Moritz Bleibtreu. Il compose ici un officier nazi tour à tour cruel, bourreau implacable puis humain.

    Photos de 'Les Femmes de l'ombre'
  • L’heure d’été d’Olivier Assayas **

    L'Heure d'été - Jérémie Renier et Charles Berling
    L'Heure d'été - Charles Berling et Juliette Binoche

    Hélène fête ses 75 ans entourée de Frédéric, Adrienne et Jérémie ses enfants ainsi que leurs conjoints et leurs enfants dans la maison familiale. Elle a consacré sa vie à l’œuvre de son oncle et sa maison ressemble aujourd’hui à un musée où en plus des œuvres du peintre, trônent des toiles ou du mobilier de Corot, Majorelle, Daum… Hélène meurt soudainement et ses enfants se réunissent à nouveau pour envisager ce qu’il faut faire de cet héritage ainsi que de la maison de leur enfance. L’aîné Frédéric est persuadé que la maison et les œuvres seront transmises de génération en génération or, son frère vit en Chine, sa sœur aux Etats-Unis, ils reviendront peu en France et ont besoin d’argent…

    Olivier Assayas revient enfin à un cinéma plus accessible, plus compréhensible et surtout hyper sensible et nous pose cette question : objets inanimés, avez-vous donc une âme ? La réponse est oui, et tout le film est subtile et raffiné non parce qu’il parle beaucoup d’art mais aussi et surtout, en ce qui me concerne de sentiments, de racine, de transmission, d’héritage… et du moment auquel on est absolument jamais préparé, celui où l’on doit vendre la maison de ses parents. Les relations des frères et sœur entre eux, ceux avec leur mère ne sont pas décortiqués au scalpel mais effleurés en quelques scènes avec infiniment de délicatesse. Et si à un moment Charles Berling (magnifique) pousse un cri libérateur très impressionnant, il n’y a pas d’un côté le gentil qui veut garder la maison et de l’autre les méchants qui veulent vendre. Avec beaucoup d’intelligence et de lucidité, chacun expose ses (bonnes) raisons. A aucun moment ils ne sont les uns contre les autres. Le trio de tête, la fratrie de cinéma Berling/Binoche/Régnier fonctionne à merveille et éblouissent une fois de plus par leur naturel. Les scènes entre Jérémie Régnier et Charles Berling sont tout particulièrment réussies. Edith Scob, la mère, est magnifique dans un rôle vraiment sensible. Dominique Reymond, Valerie Bonneton et Isabelle Sadoyan très discrètes mais essentielles dans des rôles secondaires sont épatantes.

    Dommage que l’épilogue qui donne la part belle à la jeunesse (les enfants de Charles Berling, des ados) soit, selon moi, complètement ratée car elle nous éloigne totalement pour ne plus jamais nous en rapprocher du coeur vibrant du film.

     

    L'Heure d'été - Le réalisateur Olivier Assayas, Juliette Binoche et Kyle Eastwood sur le tournage
    Devinez qui est le jeune homme à droite ???
  • LA RONDE DE NUIT de Peter Greenaway ***

    la ronde de nuit,cinéma

    Rembrandt est consulté par la Milice d’Amsterdam pour faire un portrait de ses éminents membres. Le peintre méprise ces hommes arrogants et vaniteux. Il refuse d’abord cette commande mais finit par se laisser convaincre par la femme qu’il aime Saskia qui pense que cela assurerait l’avenir de leur enfant, financièrement.

     

    C’est magnifique visuellement chaque scène s’organise et s’agence comme un tableau, l’écran  d’abord noir s’éclaire peu à peu, certains coins restent dans l’ombre d’autres entrent dans une lumière tour à tour douce ou (rarement) plus violente. Autant dans un musée, j’ai envie de ne rien entendre et surtout de dire à tous les visiteurs de me faire grâce de leurs commentaires ronflants… autant ici, au cinéma en général je me régale littéralement des explications et du moindre détail que me propose le réalisateur. D’autant qu’ici Greenaway résout les points mystérieux d’une œuvre qui semble expliquer un meurtre et même en désigner les coupables, révéler l’homosexualité de certains, l’inceste d’autres… et en plein milieu du tableau, pourtant à peine visible, l’œil du peintre qui les observe et les accuse. Evidemment c’est passionnant et également révélateur d’une société où les hommes des riches familles utilisent les très jeunes filles pauvres comme esclaves sexuelles. La dernière partie après la mort de sa femme se concentre sur le côté fornicateur de Rembrandt. Il s’essouffle dans de multiples parties de jambes en l’air pour tenter d’oublier cette femme tant aimée, et c’est fait d’une façon complètement joyeuse et décomplexée plutôt rare au cinéma. Il est à noter que l’acteur Martin Freeman est un Rembrandt qui semble tout droit sorti d’un tableau du maître et que les scènes avec sa femme sont empreintes d’une émotion, d’une intelligence, d’un bonheur et d’un humour impressionnants.

  • Redacted de Brian de Palma °

    Redacted

    Des soldats américains s’emmerdent et crèvent de chaud à un check point en Irak, ça met les nerfs en vrac de certains. Un des soldats (futur étudiant en cinéma) filme non stop leur ennui, les contrôles qu’ils effectuent et aussi la mort d’un de leur copain qui saute en pleine rue sur une bombe. En représailles, certains d’entre eux vont violer puis assassiner une jeune fille de 15 ans ainsi que sa famille…

    Je suis en colère. Je n’ai pas aimé ce film. Je n’ai rien compris. Enfin si, j’ai compris que la guerre c’est moche, pas bien et on ne le répètera jamais assez. Là-dessus on est d’accord Brian, je crois que j’ai compris ce que tu voulais DIRE. Mais je n’ai pas compris comment tu l’as dit et surtout je n’ai rien compris à ce que tu m’as montré. Un film, un reportage (français avec en voix off des commentaires idiots balbutiés d’une voix indolente avec en fond sonore le Quatuor de Haendel rendu brusquement INSUPPORTABLE…), des images de caméras de surveillance, d’autres soubresautantes d’une caméra fixée sur un casque, d’autres encore issues de blogs ou de « chats » internautiques, des soldats au QI d’huîtres qui auraient accompli les mêmes horreurs dans leur pays (l’un deux le dit : « j’avais le choix, venir ici ou finir en prison… »), des soldats américains ou des civils irakiens traumatisés à vie par ce qu’ils ont vu ou fait lors de cette « busherie », des cadavres, des têtes qu’on coupe, des jambes ou des bras arrachés… tout ce salmigondis d’images ne font pour moi ni un film ni un pamphlet mais un machin simpliste qui permet malgré tout de se poser une nouvelle fois cette question : « que sont allés foutre les américains en Irak ??? ». Le summum de la volonté de créer un effet (mais lequel ???) est atteint lorsque sur des images d’enfants déchiquetés, amputés, brûlés… retentissent les notes d'un aria de Puccini !!! La musique classique est-elle censée adoucir l’atrocité de ce qu’on nous montre ou tenter de nous faire pleurer, comme si les images ne se suffisaient pas à elles-mêmes ! Pouah.

  • Le Pianiste de Roman Polanski ****

    Le Pianiste - Adrien Brody 

    C’est le moment où jamais, (n’est-ce pas TOI ?) Si vous n’avez jamais pu voir ce film, Palme d’Or à Cannes en 2002, n’hésitez plus, ce soir à 20 h 55, branchez-vous devant France 2. Et voyez comment Wladyslaw Szpilman pianiste juif polonais ne monte pas dans le train qui emporte toute sa famille dans les camps, comment il survit plusieurs années, plus seul et abandonné qu’un chien dans le Ghetto de Varsovie en ruines porté par un instinct de survie et un amour de la musique inconcevables. Découvrez ou redécouvrez le regard d’enfant affolé d’Adrien Brody (Oscar et César du meilleur acteur pour ce film) et puis (comme moi peut-être qui me la suis repassée en boucle…) soyez pétrifiés par cette scène de l’arrivée de l’officier nazi qui commence par un gros plan sur les bottes pour remonter lentement jusqu’au visage de Thomas Kretschmann (fascinant) et écoutez les notes qui sortent d’un piano orphelin !!!

    Le Pianiste