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Sur la Route du Cinéma - Page 506

  • Festival International du Premier Film d'Annonay (2008 - 1ère partie)

     

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    Le "Palais" du Festival...

    « Nous sommes en 2008 après Jésus-Christ. Toute la Gaule est envahie par la sortie d’ « Astérix ».

    Toute la Gaule ? Non. Un village peuplé d’irréductibles cinéphiles passionnés résiste encore et toujours au démantèlement culturel. Et la vie n’est pas facile pour les garnisons des camps retranchés de Capitalisum, Rentabilitum, Mediocritum et Consensuelitum ».

    Je reprends les mots de Gaël Labanti, directeur artistique du festival qui expriment à la fois sa passion partagée, sa rage de continuer. La culture en général et le cinéma en particulier sont entrés en résistance à Annonay, ils ne cèderont pas devant l’acharnement d’un gouvernement (tout sauf cultivé) implacablement décidé à voir disparaître ce genre de manifestations dont les maîtres mots ne sont ni profit ni rentabilité... On ne peut pourtant pas reprocher aux dizaines de bénévoles acharnés, enthousiastes de ne pas "travailler plus" pour que continue à vivre ce festival !!!

    En ce qui me concerne, je suis rentrée, je suis là mais je ne suis pas encore vraiment là. Le corps est ici, la tête et le cœur sont ailleurs. Comme chaque fois, il me faut du temps pour redescendre, pour atterrir, toucher terre à nouveau. Récupérer. Après 11 heures de sommeil (les nuits sont courtes à Annonay… demandez à ceux qui y étaient !), ma seule motivation pour me lever ce matin était bien de pouvoir m’immerger à nouveau dans ces quatre jours, au travers des photos, des textes que j’ai à rédiger et des souvenirs accessibles au fond du cœur mais délicats à exprimer en mots ! Le festival D’Annonay n’est pas comme les autres. Je peux le dire car j’en ai vécu d’autres. Il vous rend différents comme si la sensibilité, déjà à fleur de peau en temps ordinaire, s’exacerbait durant ces quelques jours hors du temps, hors de tout, au fil des rencontres, des discussions, de la découverte des films. Et cette année, je le clame haut et fort, la sélection, pourtant déjà magnifique les années précédentes, touchait l’excellence. Je rappelle qu’il s’agit exclusivement de premiers films dont deux notamment frôlent la perfection. C’est évidemment avec toute ma subjectivité et ma mauvaise foi exaltées par cette nouvelle expérience que je vous en parlerai, comme je pourrai…

    Chevauchant mon falafel fuyant au moteur réparé, décoiffée par un vent salé à faire rêver les poissons, je repartirai sur la trace d’Igor dans l’espoir de retrouver ces petits dieux aux dents d’amour…

    Pour vous faire patienter, quelques photos…

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    6 membres du jury, 3 réalisateurs, 1 actrice...

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    Le Jury au grand complet et son président, le réalisateur Jérôme Boivin
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    A Annonay, on peut aussi voir la vierge...
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    On croise des V.I.P...
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    Quelques nourritures terrestres...
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    que l'on déguste ici !
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    Après l'acteur flou... l'acteur incognito qui a oublié ses lunettes noires !
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    Une soirée de clôture arc en ciel... (ah ah ah !)
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    La visite de la fanfare...
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    Marine la Bretonne, Marine la Chinoise et Camille... je vous l'annonce devant témoins : nous sommes d'accord pour vous adopter !
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    Un film, un choc, une révélation, une histoire, un réalistateur, des acteurs... :
    l'évidence !
    A SUIVRE...
  • Festival International du Premier Film d’Annonay

    fête son 25ème anniversaire et j'y serai, pour la troisième fois.

    Ceux qui me suivent depuis deux ans (déjà) savent à quel point il est cher à mon cœur, et cette année j’y serai « accréditée » en tant que « journaliste blogueuse ». Dès mon retour je vous raconterai tout ce qui fait de ce festival un moment particulier dans ma vie de cinéphile. Je vous parlerai des films et des rencontres. Je ne vous cacherai rien, photos à l’appui. Soyez patients, et en (m’)attendant, n’hésitez pas à aller au cinéma…
    La sélection du Festival, internationale donc, propose cette année des films Italien, Polonais, Libanais, Belge,  Irlandais, Brésilien, Québecois et Chinois… et j’en salive d’avance.  Pour en savoir plus, pour TOUT savoir, vous pouvez cliquer ici.
    Mais je peux aussi vous répéter que le Festival d’Annonay est un festival qui repose  sur la passion d’une équipe de bénévoles, le seul à avoir son jury composé de spectateurs cinéphiles sélectionnés dans la France entière sur candidature. Ce jury est présidé par un réalisateur (Manuel Poirier, Jacques Fansten, Paul Comoli, Hélène Sanders, Bernard Stora, Jean-Pierre Ameris, Sophie Fillières, Manuel Pradal…) et cette année Jérôme Boivin et Bernard Blancan pour le jury des lycéens. Il est aussi un lieu de rencontres, d’échanges et de convivialité car les réalisateurs dont les films ont été sélectionnés acceptent de venir à Annonay et de  rencontrer le public. Cest passionnant et le mot est faible tant le coeur vibre et palpite.
    Sachez encore que des films qui étaient sélectionnés l’année dernière « Mouth to Mouth » d’Alison Murray et « L’audition » de Luc Picard sortiront en salle prochainement.
    Bon, ce n'est pas que je m'ennuie mais j'ai des films à voir moi !
  • Les liens du sang de Jacques Maillot **

     

    Les Liens du sang - François Cluzet et Guillaume Canet
    Les Liens du sang - Guillaume Canet
    Les Liens du sang - François Cluzet

    François est flic et va tout tenter pour aider son frère Gabriel qui sort de prison après avoir purgé 10 ans pour meurtre et tente de se réinsérer. Hélas la trajectoire des deux hommes, leurs différences et leur singularité vont les faire s’opposer à nouveau malgré l’amour incontestable qui les unit.

    La complicité de Guillaume Canet et de François Cluzet est évidente et apparaît clairement à l’écran. Guillaume Canet tout en intériorité, parfait quand il souffre, apporte à son personnage une part d’ombre qu’on lui connaissait peu jusqu’ici. François Cluzet passe comme toujours du rire aux larmes, du calme à l’excitation avec une aisance déconcertante. La reconstitution des années 70 semble inattaquable, les rouflaquettes, les cheveux longs, les (horribles) moustaches, les 2 chevaux, les Renault 5, tout y est. On entend même en fond sonore le générique de la mythique émission « Les dossiers de l’écran » (elle me faisait peur cette musique, c’était celle du film « L’armée des ombres »). C’était aussi l’époque où tous les hommes avaient en permanence une « gitane » vissée au coin des lèvres. Les seconds rôles ont tous des tronches idéales comme s’ils étaient restés coincés en 1979, mention spéciale à Luc Thuillier et Marc Chapiteau (trop rares). Les femmes (Clotilde Hesme, Marie Denarnaud, Carole Franck) ont un vrai rôle à tenir, ce qui est rarement le cas dans un «policier » généralement centré sur les hommes. Elles occupent toutes sans exception une place centrale. Les rapports, les relations entre les deux frères et le reste de la famille, leurs enfants, la sœur, le père, les beaux-frères, les embrassades, les engueulades, les déceptions… tout semble criant de vérité comme si le réalisateur avait placé sa caméra dans une « vraie » famille. L’histoire réaliste, touchante, et pas banale se suit avec beaucoup d’intérêt et d’attention.

    Et pourtant il manque à ce film, un peu paresseux, un petit supplément d’âme pour le rendre définitivement captivant. Etrange et dommage !

  • Le fils de l’épicier d’Eric Guirado ***

    Photos de 'Le Fils de l'épicier'
    Le Fils de l'épicier - Nicolas Cazalé

    Le père est victime d’une crise cardiaque. Antoine le fils, absolument pas fait pour le commerce, reprend néanmoins le camion, épicerie ambulante pendant que la mère reste à la boutique. Il embarque dans la campagne paradisiaque du sud de la France son amie Claire qui passe son bac par correspondance.

    Voilà bien un film résolument et sans doute délibérément optimiste car tous les problèmes d’amour, d’amitié, de filiation, les doutes, les querelles, les rancunes, les erreurs… tout, absolument tout sera résolu avant le générique. C’est sans doute un tantinet naïf mais le réalisateur semble tellement magnifiquement spontané et confiant en l’espèce humaine qu’on prend un plaisir fou à se laisser conter cette histoire de famille toute simple sans doute tiré à des milliers d’exemplaires, avec ses tracasseries et désaccords qui font plus ou moins de dégâts.

    Et puis, Eric Guirado plante et promène sa caméra dans des lieux tellement idylliques de la Drôme provençale qu’on se dit qu’il ne peut rien arriver d’irréparable dans cet endroit. On sourit énormément à des dialogues qui ne sentent pas le renfermé. Lorsqu’Antoine évoque son père (Daniel Duval idéalement grincheux comme il sait si bien faire…), il dit : « si on lui greffe un cœur d’homme ça va lui faire tout drôle ». Lorsque Claire lui réclame de la cancoillotte au petit déjeuner, il dit « la cancoillotte, c’est une anecdote dans l’histoire du fromage », etc… Et oui, moi ça m’amuse !

    Mais évidemment de cette promenade rustique et champêtre en camion on retient surtout les deux acteurs principaux. Nicolas Cazalé, ténébreux, taciturne, introverti (et beau comme un Dieu !!!) et Clotilde Hesme, la tornade tourbillonnante, divine, aérienne, angélique, magnifique, chargée de dérider le ronchon…

    P.S. : voilà, miraculeusement ce film sorti en salle en août dernier, que je n'avais pu voir non plus à Cabourg au Festival pendant que j'y étais (pour cause d'occupation jury-esque), est ressorti en salle pour deux séances dans mon cinéma... Plus personne (elle et elle et encore lui, si vous voulez savoir) ne pourra me reprocher de ne pas l'avoir vu. Je ne regrette pas, c'est un film formidable. A présent, excepté deux ou trois documentaires, j'ai vu TOUS les films en compétition pour les Cesar ! Non mais !

    Photos de 'Le Fils de l'épicier'
  • Battle for Haditha de Nick Broomfield ***

     

    Battle For Haditha
    Battle For Haditha

    En novembre 2005, 1 marine américain est tué, deux autres blessés grièvement dans un attentat commis par des « insurgés » irakiens à Haditha. En représailles immédiates les marines survoltés vont assassiner 24 riverains de l’attentat, hommes, femmes et enfants, dont le seul tort est d’habiter à proximité !

    Difficile d’en parler, c’est un choc qui donne la nausée et qui démontre encore et toujours que la haine est entretenue de toute part. L’autre certitude est que cette saloperie de guerre (comme toutes les autres) est l’une des pires aberrations connues. Mais que foutent les américains là-bas ? Personnellement, je n’ai toujours pas compris ! Les marines interrogés confirment aussi, une fois de plus, qu’ils n’ont pas vraiment la moindre idée de ce qu’ils font là. Il semblerait, comme nous l’a déjà prouvé Michaël Moore dans ses documentaires il y a quelques années, que les recrues, bien jeunes sont issues de quartiers défavorisés et que s’enrôler dans l’armée est pour eux un moyen d’y échapper (entre autre)... Si au début ils ont envie d’en découdre et de « dégommer du turban », rapidement ils s’aperçoivent que le but ultime est de rester en vie un jour de plus… La scène du massacre dont George Bush assurera qu’il sera puni est une épreuve et ce qui achève de rendre cet épisode odieux, écoeurant et révoltant c’est la place des civils. Coincés entre les terroristes d’Al Qaïda, les « insurgés » qui au nom de la défense de leur pays font aussi bien des dégâts « collatéraux » (c’est à la mode !) et les marines qui ont parfois leurs nerfs, ils n’ont aucune chance. Vivre en permanence dans la terreur est leur quotidien.

    Ce qui relie tous les acteurs et témoins de cette tragédie, c’est leur humanité… mais à les regarder pendant une heure et demi, on se dit que vraiment, elle est mal barrée dans cette impasse !

  • Arizona dream d’Emir Kusturica ***

    Arizona Dream - Johnny Depp
     

    Parfois il faut le reconnaître je suis bien obligée de vous parler de la télé car ce soir Arte à 21 heures propose cette pépite de Kusturica. Si vous ne l’avez pas vu précipitez-vous et si l’univers foutraque et totalement barré de l’ensemble vous rebute, tenez bon jusqu’à la performance d’anthologie de Vincent Gallo, fou furieux suicidaire, malade de cinéma (ça existe ???), qui réalise le mime (incompris) d’une scène non moins d’anthologie d’un film d’Hitchcok… inoubliable, fabuleuse, zarbi et époustouflante ! Sinon, laissez vous embarquer comme Emir qui à l’époque rêvait d’Amérique comme ses personnages rêvaient d’un ailleurs différent où ils pourraient décoller dans de drôles de machines volantes.

    Je crois que c’est le premier film de Kusturica que j’ai vu. Je suis entrée sans difficulté et avec ravissement dans cet univers fantasque où des personnages décalés désespérément poétiques nous faisaient croire à la liberté. Plus tard, je me suis offert toutes les séances de rattrapage possible de cet auteur qui délire et nous fait trépigner de joie avec lui.

    Pourtant, ici, les personnages ne sont pas simples, ils sont même souvent suicidaires et parfaitement désenchantés. Ils se relèvent et rechutent. Lily Taylor (adorablement timbrée) avec son accordéon et ses tortues, éperdue d’amour pour Axel qui l’ignore, lâche cette réplique, mine de rien : « deux perdus font pas un trouvé » et c’est ce qui se passe dans ce délire protéiforme, les personnages se cherchent, se trouvent, se trompent. J’ai le souvenir d’un film brillant, bruyant, survolté et d’une tristesse infinie, d’un énigmatique poisson qui le traverse, de Faye Dunaway folle à lier, de Jerry Lewis doux dingue, tous deux follement pathétiques et refusant de vieillir, de Lily Taylor douce et douloureuse, de Vincent Gallo marginal, désorienté et cinéphile (il imite Robert De Niro, récite par coeur des passages entiers de films...) et de Johnny Depp (encore tout jeune acteur) blessé et plein d’espoir qui prouvait déjà qu’il serait un acteur différent !

    Je n’oublie pas non plus qu’à l’époque Emir Kusturica et Goran Bregovic s’aimaient encore et qu’il nous offrait une partition insensée, exaltée et mémorable. Depuis, aux concerts de Goran, des salles combles de fans énamourés entonnent doucement :

    « A howling wind is whistling in the night

    My dog is growling in the dark

    Something's pulling me outside

    To ride around in circles

    I know that you have got the time

    Coz anything I want, you do

    You'll take a ride through the strangers

    Who don't understand how to feel

    In the deathcar, we're alive

    In the deathcar, we're alive”

    Ceci vous donnera une bonne idée de la loufoquerie de l'ensemble

  • LE VOYAGE DU BALLON ROUGE d’Hou Hsiao Hsien ***

    le voyage du ballon rouge,cinéma

     
    Le Voyage du ballon rouge

    Suzanne est marionnettiste. Elle vit seule à Paris avec son fils Simon et attend le retour de sa fille aînée qui vit avec son père à Bruxelles mais envisage de revenir faire ses études à Paris. Suzanne engage Song Fang, une étudiante en cinéma comme baby-sitter pour Simon.

     

    Ah oui, j’oubliais, le petit Simon est « suivi » par un ballon (réel ou imaginaire ?), un beau gros ballon rouge !

     

    L’histoire tient sur un ticket de métro mais je me suis laissé embarquer par ce film doux, mélancolique, gai et volatile qui nous conte le quotidien, rien de plus, rien de moins, d’une maman. Evidemment elle a un métier étrange et mystérieux mais le quotidien c’est le même que le mien, que le vôtre peut-être, on s’y retrouve et on s’y perd. C’est magnifique et lors de certaines scènes je me surprenais dans la salle à être toute béate de ravissement, un sourire accroché d’une oreille à l’autre. C’est délicieux, c’est rare, appréciable et précieux. Evidemment, il faut accepter de se laisser conquérir, cueillir par ce film atypique, espiègle qui s’insinue délicatement, durablement, un film exquis et original où un ballon rouge qu’on a du mal à quitter du regard tant il est facétieux, tient un rôle essentiel. Il nous promène dans les rues de Paris ensoleillé comme jamais, sur les toits, dans les jardins, dans un musée, dans le métro… Il paraît qu’aucun dialogue n’est écrit, que les acteurs improvisent. Bénie soit donc Juliette Binoche, qui sourit, qui éclate de rire, qui virevolte ou s’effondre, qui joue de sa voix et de son énergie communicative comme rarement on l’a vue faire. Toujours surprenante. Et puis surtout, surtout Gloire à Simon Iteanu, petit bonhomme à qui on a dû oublier de dire qu’il tournait dans un film tant il rayonne, pétille et déborde d’un naturel époustouflant et inespéré comme je l’ai peu vu jusqu’ici chez un acteur et encore moins chez un acteur/enfant !

     

    La dernière scène dans laquelle une instit "décortique" avec quelques enfants (dont Simon) ce tableau est passionnante et magique...

     

    Le ballon de Félix Valloton (1899) - Musée d'Orsay, Paris,

  • Cortex de Nicolas Boukhrief **

    Cortex - André Dussollier
    Cortex - André Dussollier

    Charles Boyer est un flic à la retraite. Il intègre une clinique qui accueille des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer dont il souffre également. Les prétendues morts accidentelles qui perturbent l’établissement alertent Charles qui ne croit pas à la version expéditive et rassurante du personnel de l’hôpital. Muni de son cahier, il va mener sa propre enquête.

    Il s’agit un peu de la version (pas drôle) du récent et excellent « Vous êtes de la police ? » de Romuald Beugnon, où un pensionnaire (ex-flic) se chargeait également de résoudre l’énigme de morts suspectes. Ici, le lourd handicap de la perte de mémoire de l’enquêteur lui complique particulièrement la tâche.

    Je n’ai jamais vu de malades souffrant d’Alzheimer mais on a parfois davantage l’impression d’être dans un hôpital psychiatrique tant les pensionnaires ont l’air absent et drogué et, si ce n'est quelques accès de violence, agissent pour la plupart comme de « doux dingues »... Cette réserve étant faite, j’ai par contre trouvé que la description du personnel médical était en tout point conforme à ce que j’en connais : faussement bienveillant, blasé par la souffrance, infantilisant, rongé d’ambition et convoitant la place de l’autre…

    La plus grande réussite de ce film-enquête paranoïaque et anxyogène réside évidemment dans son casting. Quelques « malades » font « leur numéro » : Aurore Clément et Marthe Keller, douces, magnifiques et solaires mais c’est André Dussolier qu’on ne quitte pas d’une semelle qui est magnétique. Son regard inquiet, parfois inquiétant, d'autres fois affolé lorsque le piège commence à se refermer sur lui, son beau visage comme taillé à la serpe, son obstination, son désarroi valent le déplacement pour ce film qui curieusement manque un peu de mobile…

  • 4 minutes de Chris Kraus ***

    4 minutes - Hannah Herzsprung

    Frau Krüger enseigne le piano à des détenues pas très douées et pas très concernées. Jenny est différente, virtuose mais agressive et suicidaire. Elle a du mal à se plier aux contraintes de l’apprentissage mais en nouant une relation artistique et passionnelle avec la jeune fille (incarcérée pour meurtre), la vieille femme va l’amener à se présenter au Concours d’entrée du Conservatoire.

    La peinture de l’univers carcéral est le premier choc visuel de ce film qui ne ressemble à aucun autre. Tel est le renouveau bienvenu et formidable du cinéma allemand : montrer des films, raconter des histoires qu’on n’a jamais vus ; ici, la musique et la prison. Les conditions de détention sont tellement déplorables, désolantes qu’on a parfois l’impression d’être au moyen-âge. Seul un téléphone portable indiquera qu’on est bien au XXIème siècle. Les détenues sont entassées à 4 ou 5 dans des cellules minuscules aux lits superposés et leur agressivité, leur violence physique ou verbale les unes envers les autres est vraiment effrayante.

    La relation qui s’installe entre Jenny et sa prof est d’abord elle aussi teintée de méfiance et d’hostilité. Jenny refuse puis accepte de devenir l’esclave d’une prof intransigeante et autoritaire. Quant à la prof, elle répétera à plusieurs reprises à Jenny qu’elle n’est absolument pas intéressée ou touchée par sa personne et sa situation mais uniquement par son talent exceptionnel. Petit à petit les deux vont évidemment s’adoucir en s’apprivoisant et en partageant la même dévorante passion pour la musique, et les scènes de répétition (Schumann, Schubert, Mozart… un festin !) élèvent le film vers des sommets.

    Dommage que le réalisateur ne se soit pas contenté d’en rester à la relation intense et palpitante entre les deux femmes, du coup il alourdit son film d’évènements dramatiques en cascade pas toujours indispensables, les circonstances de la rencontre et la situation des deux femmes l’étant déjà suffisamment.

    Les deux actrices Monica Bleibtreu et Hannah Hertzsprung sont épatantes.

    Les quatre dernières minutes emportent le tout dans un tourbillon époustouflant, inattendu et grisant.

  • Nos souvenirs brûlés de Suzanne Bier °

    Nos souvenirs brûlés - David Duchovny et Benicio Del Toro
    Nos souvenirs brûlés - Benicio Del Toro et Halle Berry
    Nos souvenirs brûlés - Benicio Del Toro

    Steven est un homme exemplaire, un mari irréprochable, un père parfait, un ami infaillible. Les cathos doivent appeler ça un saint mais comme je n’ai aucune religion, j’appelle ça un moudujnou, du genre qu’on a envie de secouer pour savoir s’il y a quelqu’un à l’intérieur ! Hélas la perfection n’est pas immortelle et, alors qu’il porte secours à une fille qui se fait tabasser par son mec en pleine rue (un saint je vous dis !), il se prend une balle perdue dans le buffet et meurt. Audrey doit faire face à ce deuil. C’est parti mon kiki !

    Je ne sais ce que la réalisatrice danoise Suzanne Bier a perdu en traversant l’Atlantique mais je me suis précipitée lorsque j’ai vu son nom à l’affiche de ce film, ayant encore bien en tête les vibrants et bouleversants « Open hearts » et « After the wedding ». Qu’en reste t’il à part le thème du deuil qu’elle n’en finit pas de disséquer et quelques très gros plans insistants sur des regards qui s’embuent ? Dès la scène d’ouverture où le père (David Duchovny, très mortel) explique à son fils (tête à claques et à bouclettes) que fluorescent signifie « éclairé de l’intérieur… oui… comme toi, fils ! », on a envie de crier au secours… ça ne va pas s’arranger. Tout devient hollywoodien, plat, convenu et prévisible ! Lorsque la police vient annoncer à Audrey (Halle Berry, actrice très surestimée lisse et sans aspérité) que son mari est mort, elle dit : « je suis mère de famille et mes enfants attendent que leur papa leur rapporte des glaces !!! », on hésite entre la fuite et le fourire. Il est évident qu’à l’annonce d’une telle nouvelle dévastatrice, les réactions ne sont pas toujours celles qu’on attend ou suppose… mais là, on a vraiment envie de faire répondre au policier : « z’inquiétez pas ma p’tite dame, on vous a ramené les glaces !!! ». La suite vaut son pesant de beurre de cacahuète. Que faites-vous lorsque vous êtes confronté à l’une des situations les plus traumatisantes de votre vie ??? Et bien vous allez sonner à la porte de la personne que vous détestez le plus au monde et vous l’installez dans votre maison cte bonne blague… je n’irai pas jusqu’à dire dans le lit encore chaud du mort, mais pas loin !

    En l’occurrence, il s’agit de Jerry, le meilleur ami du défunt, héroïnomane invertébré qui a gâché quelques soirées de madame quand monsieur (le saint, vous vous souvenez ?) la délaissait pour tenter de sortir l’épave du caniveau ! Heureusement, Jerry accepte de s’installer chez Audrey, sinon il n’y aurait pas de film et surtout il n’y aurait pas Benicio Del Toro***. Jerry va tenter de « décrocher » puis rechuter. Audrey va l’aider à s’en sortir (c’est le principe des vases communicants : un deuil/une désintox), le récupérer dans le ruisseau, l’enfermer pour qu’il se torde de douleur, en manque. Dans ses moments de lucidité, Jerry va à son tour régler bien des traumas familiaux, avec les enfants notamment. Grâce à lui le fils va réussir à mettre sa tête (à claques et à bouclettes) sous l’eau, ce que le Saint n’avait jamais réussi à lui faire faire… la fille (tête à bouclettes aussi, mais UN PEU moins à claques) va cesser de sécher les cours pour aller voir des Hitchcock au cinéma. Audrey va réussir à entrer dans le bureau de feu son époux... jusque là, quand elle avait besoin de quelque chose qui se trouvait dans le bureau… elle le pointait du doigt en tremblotant et en murmurant « c’eeeest làààà baas »… comme moi quand je vois une araignée et que je grimpe sur une chaise en hurlant : « mygaaaaaaaaaaaaaaale !!!!!!!!!!!!!! ». Vous voyez ? Non ! Tant pis.

    Alors évidemment Benicio Del Toro*** (béni soit-il !) est doux, fragile et fort et sexyssime mais il ne parvient pas à lui tout seul, bien qu’il soit absolument extraordinaire en junkie, à sortir l’histoire et ce film paresseux de la torpeur, de la fadeur dans lesquelles ils sombrent irrémédiablement. Sans doute aurait-il simplement fallu une actrice capable d’exprimer et de faire ressentir un minimum d’émotions et des situations et des dialogues un peu moins prévisibles… j’en sais rien et ça fait quand même beaucoup pour un seul film !

    P.S. : vous ne le savez peut-être pas encore mais Benicio Del Toro*** sera très prochainement Ernesto Che Guevara dans le prochain film de Soderbergh. On y sera, hasta siempre...

     

    *** Benicio Del Toro c'est du ***