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Sur la Route du Cinéma - Page 513

  • Maman est folle de Jean-Pierre Améris

    Voilà six mois que je vous parle de ce film sur lequel je suis allée pendant une journée (de rêve) pendant le tournage. Je ne vous ferai pas l’affront de vous proposer d’aller relire

    En tout cas, cette fois, vous pouvez réserver votre soirée de jeudi soir, car ce film sera diffusé

    le 22 novembre à 20 h 55 sur France 3.

    Je ne l’ai pas encore vu mais il a été plébiscité en septembre au Festival de la fiction TV de la Rochelle où il a obtenu ces prix : le Grand Prix, le Prix de la meilleure interprète féminine, le Prix du meilleur scénario, le Coup de coeur de la meilleure fiction - Prix du jury jeunes - Conseil Général de la Charente Maritime.

    Pour vous mettre encore un peu plus l’eau à la bouche, voici quelques extraits de ce qu’en dit Emmanuelle Bouchez dans Télérama :

    « Maman est folle » est un téléfilm atypique. Et même mieux encore : un conte qui frappe au cœur mais ne fait pas pour autant la morale. Le sujet, d’actualité, s’y prêterait pourtant : Sylvie, une jeune mère au foyer, fragile et dépressive, découvre, dans sa ville (Calais ?) un monde à part. Celui des bénévoles qui tentent de soulager la cruelle précarité des deux à trois cents migrants qui s’y relayent en permanence pour frapper aux portes de l’Angleterre…

    En endossant le manteau rouge de Sylvie, Isabelle Carré illumine le personnage. Elle est devenue une héroïne de conte. Car il n’y a pas de moralisme lourd : cette fable sait naviguer entre gravité et légèreté. Son personnage s’est trouvé un destin à accomplir et il fonce. Sans la pudeur de la caméra et l’engagement total et sensible de la comédienne, on aurait pu ne pas y croire. On est bien au contraire touché d’emblée par une réalité que l’on sait sans l’appréhender vraiment. Les scènes de fiction, entrecoupées d’images d’exilés saisies (avec leur consentement) dans la lumière pâle du Nord, ont une force dont ne font pas toujours preuve les reportages ».

    Jean-Pierre Améris, parlant de son co-scénariste Olivier Adam dit : « on l’a rêvée ensemble, cette histoire, mais nos désespoirs sont différents ».

     

  • Faut que ça danse de Noémie Lvosky *

    Faut que ça danse ! - Valeria Bruni Tedeschi et Jean-Pierre Marielle
    Faut que ça danse ! - Valeria Bruni Tedeschi et Jean-Pierre Marielle

    Salomon a plus ou moins 75 ans, il vit seul mais est encombré d’une ex-femme folle et dépendante, d’une fille qui l’idolâtre et tremble à l’idée de le voir mourir. Salomon, plein de vitalité devient vieux dans le regard des autres alors qu’il rêve de Fred Astaire et d’amour encore, du dernier.

    D’une comédie qui s’appelle « Faut que ça danse », on est en droit d’attendre que ça pétille, que ça sautille, que ça frétille… or ici, on reste constamment au niveau du dance-floor sans jamais décoller et à aucun moment on n’a de fourmis dans les jambes. Que reste t’il 24 heures après la projection d’un film qui brasse la transmission, la Shoah, la peur des enfants de voir leurs parents mourir, la vieillesse, la maternité… sans s’attarder sur aucun thème ? Peu de choses, si ce n’est quelques échanges touchants et savoureux entre un père et sa fille mais aussi une scène d’accouchement INTERMINABLE la plus grotesque, débile et jamais vue à l’écran… même si au cinéma, les scènes d’amour et d’accouchement sont celles qui ont souvent, selon moi, la palme du ridicule, celle-ci remporte la mise haut la main. Reste les comédiens que la réalisatrice aime et qui le lui rendent bien. Valéria Bruni Tedeschi est épatante. Bulle Ogier, pourtant condamnée à répéter indéfiniment la même scène et à traîner en moon boots et robe de chambre matelassée (pour signifier la folie douce…) est délicieuse. Arié Elmaleh en mari attentif est touchant. Bakary Sangare en ange gardien est un rayon de soleil. Reste « le cas » Sabine Azema, la seule actrice connue qui « régresse » de film en film et sera bientôt capable d’interpréter une gamine de 12 ans.

    Mais largement et très haut dessus de tout, des autres et du film, il y a Jean-Pierre Marielle, impérial, magnifique, jamais ridicule quelles que soient les situations, touchant, maladroit, de mauvaise foi, élégant… Il a une classe inouïe et il est LA raison d’être de ce film raté.

     

    ALLEZ VOIR LE FILM DE FRANCIS FORD COPPOLA :

    "L'HOMME SANS ÂGE"...

  • Once de John Carney ***

    Once - Markéta Irglová et Glen HansardOnce - Glen Hansard et Markéta IrglováOnce - Glen Hansard et Markéta Irglová
    Once - Glen Hansard et Markéta Irglová

    Un garçon chante avec sa guitare pourrie dans les rues de Dublin. Il a eu le cœur brisé par une irlandaise à fossettes. Il rencontre une fille avec un aspirateur qui vend des fleurs dans la rue et qui joue du piano chez un marchand de musique parce qu’elle n’a pas les moyens d’avoir un instrument chez elle. C’est l’histoire d’une rencontre avec beaucoup de cœur et beaucoup de chansons dedans.

    Sur le papier, ça a l’air de ne pas valoir un kopek ! En plus, ça a manifestement été tourné avec deux euros six cents et alors pourquoi, dès la scène d’ouverture, forte et drôle, est-on emporté pour ne pas dire transporté ? Simplement parce que si le mot générosité a jamais eu un sens au cinéma, c’est ici qu’il trouve sa raison d’être. C’est simple, naïf parfois mais jamais niais et les personnages ont des misères, des malheurs, des bonheurs et des responsabilités. C’est rare. Ils se parlent, ils s’écoutent, ils se regardent et ils chantent. C’est Irlandais, c’est pop, c’est folk, c’est délicieux, plein d’humour et de petites attentions qu’on distingue à peine (le père qui vient déposer un plateau avec du thé…) mais qui font un bien fou. Je l’ai déjà dit mais combien de fois cette année êtes-vous sortis d’une salle avec un sourire banane d’une oreille à l’autre J ???

    J’ajouterai que les acteurs Glan Ansard et Marketa Irglova au charisme XXXL sont auteurs compositeurs des chansons qu’ils interprètent dans ce film en-chanté !

    Ce film est fait pour les amateurs de musique, de sentiments, pour les musiciens, les mélomanes, les romantiques, c’est un bijou plein de frissons et c’est précieux des films comme celui-ci !

    Once - Markéta Irglová, Glen Hansard et le réalisateur John Carney
  • Darling de Christine Carrière *

    Darling - Marina Foïs

    De son enfance mal aimée à son mariage avec Roméo, un routier débile, violent et alcoolique… le parcours de Darling, femme martyrisée par la vie et par pratiquement toutes les personnes tarées et sadiques qui croisent sa route !!!

    Difficile d’affirmer que je n’ai pas aimé ce film et de ne pas passer pour une sans cœur, mais tant pis, je le dis, je n’ai pas aimé. Et cela ne tient évidemment pas à Marina Foïs, elle est absolument extraordinaire et le grand intérêt du film est (pour moi) sa prestation. Tout sonne juste chez elle, jusqu’à sa voix off omniprésente et irrésistible. Mais je n’ai pas compris, le but et l’intérêt, d’autant que la réalisatrice se permet des traits d’humour assez insupportables dans ce portrait qui va jusqu’au bout de l’horreur et même au-delà. Devons-nous la remercier que tous les coups soient assénés hors champ ? Non, car cela fait travailler l’imagination. Que le sort, la bêtise et la méchanceté s’acharnent sur une seule et même personne qui s’applique consciencieusement à écarter de sa route toutes les personnes qui auraient pu l’aimer, cela laisse complètement KO. Amateurs de misérabilisme, de malheurs en chaîne, de tortures morales et physiques, ce film terrifiant est pour vous !

  • La chambre des morts d’Alfred Lot ***

     

    La Chambre des morts - Mélanie Laurent
    La Chambre des morts - Mélanie Laurent

    Sylvain et Vigo, deux chômeurs jouent aux chauffards une nuit sur le parking désert d’une usine désaffectée près d’un champ d’éoliennes. Ils renversent un homme qui meurt sur le coup et découvrent un sac contenant deux millions d’euros. Ils décident de garder l’argent et de faire disparaître le corps. Parallèlement, une fillette retrouvée morte dans les parages, une autre enlevée le jour suivant font démarrer l’enquête menée par une équipe dont fait partie Lucie, jeune et douce « profileuse ». Les deux affaires vont rapidement avoir un rapport l’une avec l’autre.

    La référence est écrasante mais loin d’être indigne et dès le départ (et la scène finale où Lucie est seule dans le noir à parcourir des couloirs...) on ne peut s’empêcher d’évoquer « Le silence des agneaux » car même si Hannibal Lecter est absent de ce polar parfois horrifique, nul doute que Lucie (Mélanie Laurent, exceptionnelle) a la fragilité, les névroses, les casseroles, la ténacité et le flair de l’agent Clarice Starling. De rebondissements en péripéties, un scénario malin, impressionnant et palpitant nous balade jusqu’au dénouement, pas clairement explicite sur tout, mais peu importe, les deux heures d’enquête qui nous mènent aux portes de la peur sont captivantes. La faiblesse de ce premier film très réussi vient de l’historiette d’amour entre Lucie et son collègue, qui arrive comme un veuch sur la soupe sans convaincre… il faut dire, et j’en suis désolée, qu’Eric Caravaca en fantasme masculin : NON ! Heureusement, ce n’est qu’anecdotique mais ralentit sans intérêt l’action et plombe le film d’un gros quart d’heure de trop. Cette réserve faite, je déconseillerai aussi le film à ceux qui ne supporteront pas de voir des enfants et des animaux souffrir… mais ce cauchemar, d’une noirceur totale est un véritable ovni dans le paysage cinématographie français il me semble. La multiplication des personnages inquiétants et bien barrés (ah ! Jean-François Stévenin…) ne nous égarent jamais même si elle embrouille et met les enquêteurs sur de fausses pistes, et permet à quelques acteurs de faire de jolis numéros tarés ou borderline (Laurence Côté est méconnaissable).

    Cerise sur le clafoutis, c’est tourné à Dunkerque et à Lille… la mer du Nord… men plater land, tout ça.

    La Chambre des morts
  • Dans la Vallée d’Elah de Paul Haggis ***

     

    Dans la vallée d'Elah - Tommy Lee Jones
    Dans la vallée d'Elah - Charlize Theron

    Alors qu’il est de retour d’Irak, Mike est porté « absent » par son unité. Retraité de la Police Militaire, son père Hank enquête sur cette absence avec l’aide d’Emily Sanders, officier de police exemplaire et motivée du Nouveau Mexique où Mike a été vu pour la dernière fois. Ce que Hank et Emily vont découvrir au cours de leur enquête qui multiplie les zones d’ombre de plus en plus mystérieuses est indicible.

    Scénariste du « Million Dollar Baby » de Clint Eastwood, réalisateur du très voyant et démonstratif « Collision », Paul Haggis choisit cette fois la sobriété pour dévoiler l’horreur d’une guerre sale, d’une sale guerre avec une rigueur époustouflante. On est étourdi par tout ce qu’on découvre sur ce conflit, sur les séquelles des jeunes militaires de retour au pays égarés, abrutis et pratiquement déshumanisés par ce qu’ils ont fait et vu là-bas et maintenus avec la bénédiction de leur état-major dans le sexe, la drogue, l'alcool et donc, la violence. Certains ne rêvent même que de retourner en Irak ! Hank trouve des vidéos dégradées dans le portable de son fils qu’un champion de l’informatique va peu à peu réussir à décrypter. On découvre le contenu de ces vidéos au fur et à mesure de l’enquête et Hank y perd quelques certitudes. Ce que Mike a fait là-bas est au-delà de ce qu’un père peut croire de son fils. Ravagé de chagrin, rempli de larmes, Tommy Lee Jones, sobre comme jamais, n’en versera pas une. Sa présence imposante et magistrale à l’écran fait de sa prestation un modèle de retenue et d’évidence (et le concurrent numéro un à Brad et Casey pour les Oscar). Face à lui Charlize Theron est admirable, tout en retenue et en détermination.

    Hors de tout sensationnel, ce film est poignant et s’il se termine, comme c'est souvent dans les films américains par un gros plan de la bannière étoilée,  c’est pour une fois important et hautement symbolique car ce drapeau est en train de perdre beaucoup d’éclat… D'ailleurs, Hank le hisse à l'envers ce qui est un S.O.S. signifiant "au secours, la patrie est en danger...".

    INDISPENSABLE.

  • Les promesses de l’ombre de David Cronenberg ***

    Les Promesses de l'ombre - Viggo Mortensen
    Les Promesses de l'ombre - Viggo Mortensen

    Une jeune fille russe de 14 ans meurt en mettant au monde une petite fille. Ana, la sage femme (d’origine russe) qui l’a accouchée découvre un journal intime dans son sac et se met en tête de le faire traduire pour découvrir qui était l’adolescente Elle se retrouve plongé dans l’univers de la mafia russe de Londres, autant dire que la brebis se jette dans la gueule du loup en rencontrant Semyon propriétaire d’un restaurant, son fils Kirril et leur chauffeur Nikolaï !

     Au bout d’une heure ma moitié accompagnante avait découvert un aspect à la fois secondaire mais primordial et assez déconcertant d’un des personnages. Moi j’ai dit « pfff, mais non, voyons, c’est n’imp’… », j’avais tort mais comme je le dis souvent, j’entre toujours pure et innocente dans chaque salle. La même moitié pense que si l’on découvre ce genre d’éléments c’est qu’il y a de grosses ficelles qui dépassent et ça fait désordre ! Peut-être mais néanmoins, on ne peut réduire ce film-ambiance à ces faiblesses car c’est du grand Cronenberg, fascinant. C’est une enquête et la lecture en voix off, sans cesse interrompue du carnet intime de la jeune morte où l’on découvre au fur et à mesure le calvaire qu’elle a vécu, l’a fait avancer. On plonge dans l’univers mafieux avec stupeur et tremblements tant les codes qui y sont érigés sont faits de faux-semblants, de trahison, de vengeance. Dès qu’on met les pieds dans cette machine de guerre impitoyable, il est difficile d’en échapper. Comment va s’en sortir la brebis ?

    Naomi Watts, avec son visage de boxer triste (le chien, pas le sportif) est trop fade, transparente voire absente par moments. Elle n’est pas à la hauteur. Quel dommage de passer à côté d’un aussi beau rôle ! Par contre, elle est entourée d’un casting haut de gamme et en forme. Armin Mueller-Stahl en patriarche séduisant et inquiétant fait de son regard de glace un atout et une arme implacable. Vincent Cassel, en fils dégénéré, alcoolique, violent mais perdu, très attiré sexuellement par Nikolaï est parfait et se régale visiblement à jouer les timbrés. Un jour il utilisera son visage véritable livre ouvert sans excès ni grimace et obtiendra c’est sûr SON rôle tout en sobriété ! Et évidemment, il est inconcevable de passer sous silence la prestation remarquable de Viggo Mortensen avec sa « gueule » véritablement taillée à la serpe, couturée de cicatrices, inquiétant, ambigu, énigmatique, raide et strict dans son costume. Il a la classe un peu vulgaire des mafieux, la présence imposante et impassible de l’homme à tout faire sans état d’âme. Il est l’atout numéro un du film et on ne se lasse pas de le voir évoluer, faire la moue, lever les sourcils imperceptiblement à chaque manifestation débile et furieuse de Kirril. Par ailleurs, il parle ou plutôt il chante et roucoule le russe et dans l’oreille se glisse comme un doux tvorog sucré une nouvelle chanson elfique… La désormais déjà célèbre (et culte ?) scène du hammam où il affronte seul et uniquement paré de ses tatouages deux sbires armés de cutters est une épreuve et un moment où l’on est littéralement scotché à l’écran. Inutile de préciser que pour Cronenberg la violence n’a rien de ludique, comme chez Tarantino par exemple, et que la chair et les jolis dessins qui couvrent le corps de Nikolaï souffrent, et nous aussi ! L’autre scène initiatique où Nikolaï doit renier ses parents pour entrer dans le « cercle de l’étoile », véritable rite au cours duquel d’autres tatouages lui seront gravés sur le corps est aussi un grand moment. Le film, mélancolique, dense et épuré est une succession d’instants tranchants comme des rasoirs.

    Ne ratez pas le Retour du Roi Mortensen !