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francis renaud

  • LES LYONNAIS de Olivier Marchal °

    Les Lyonnais : photo Gérard Lanvin, Olivier Marchal

    Les Lyonnais : photo Olivier Marchal, Tchéky Karyo

    Lorsqu'il n'est encore qu'un petit gitan dont on se moque à l'école, Edmond Vidal, dit Momon fait la connaissance de Serge Suttel. Ils deviennent instantanément amis et inséparables. Alors qu'ils ont à peine 20 ans ils écopent assez injustement de 6 mois de prison pour un vol de cerises. A leur sortie les deux lascars plongent illico dans l'illégalité jusqu'à devenir les truands les plus célèbres des années 70 du fameux Gang Des Lyonnais. Quelques années plus tard, ils sont arrêtés, jugés et emprisonnés. Aujourd'hui rangé des voitures et menant une vie pépère de bon père de famille, Momon est soudainement rattrapé par son passé et par Serge qui refait surface 15 ans après avoir disparu. Les ennuis commencent lorsque Serge se fait arrêter et que Momon décide qu'il ne peut le laisser tomber et organise son évasion...

    Pendant les dix premières minutes Olivier Marchal essaie de nous la raconter à la mode "Parrain". Mais n'est pas Coppola qui veut et Gérard Lanvin a beau en faire des tonnes, que dis-je des mégatonnes... il n'est pas Marlon Brando. Donc, l'affaire commence par un baptême et une grande teuf dans le jardin du nabab. Momon Lanvin distribue des claques amicales sur les joues des convives, invite langoureusement sa femme à danser, passe de table en table, s'étonne qu'une telle ne soit pas là, s'émeut jusqu'aux larmes (qu'il retient, quand même faut pas pousser) quand son fils, un grand dadais d'une bonne trentaine lui annonce qu'il n'aurait pas voulu d'un autre papa, s'attendrit en regardant ses petits enfants, fume le cigare et se la pète, grave ! Ensuite, ça part en vrille. Momon et sa bande de bedonnants aux cheveux blancs n'a plus l'énergie de tenter un coup aussi sportif que de faire évader le copain alors ils délèguent à de jeunes fougueux qui vont faire un beau carnage.

    Manifestement il y a un traître dans la bande et personne ne se doute de qui il s'agit. Et comme on s'en fiche un peu, Olivier Marchal décide de nous raconter en flash-back l'histoire de comment qu'elle a commencé ! C'est facile de voir quand c'est le passé, parce que l'image devient grisounette et sépia et les personnages sont plus jeunes. Pour qu'on reconnaisse bien Momon, on lui a collé une verrue poilue sur la joue gauche alors, qu'il ait 10 ans, 30 ou 60 ans... on le reconnaît. Et au cazou, l'acteur (ben oui c'est pas Lanvin qui fait Momon à 10 ans et à 30, ni même à 20, mais à 60, si !!!) se tourne toujours du bon côté comme ça on peut dire : "ah oui, là c'est Momon jeune". Au début, j'avais compris Momo, mais en fait non, c'est Momon comme pour Edmond, parce que Eded ça va moins bien.

    Momon est contrarié et ne rit jamais parce qu'il y a un flic qui ne le lâche pas (c'est Patrick Catalifo et il est très joli merci) même quand il fait semblant d'aller à la pêche, le flic le suit. Collant le mec. Et puis il ne sourit pas non plus parce qu'il trouve que son copain Serge a bien changé, mais qu'en même temps il n'a pas évolué. Il est toujours un truand prêt à dégainer alors que lui il est gentil avec sa femme. C'est la preuve qu'il est devenu un mec bien. D'ailleurs il dit à un mec qui bat sa femme : "si tu bats encore ta femme, je te fais bouffer tes couilles" ou un truc comme ça. Parce que oui, les truands, et les flics aussi d'ailleurs, ils font rien qu'à parler de leurs zizis et de leurs couilles et de faire des jolies phrases comme "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre", ou "on leur bouffe le cul" (ça c'est quand ils suivent une voiture) et plein de trucs de garçons fichtrement couillus, ou encore "j'avais le choix entre me faire poser des implants ou me faire raccourcir la queue... je me suis fait raccourcir la queue sinon les femmes portaient plainte". Quand ils ne cherchent pas à savoir qui a la plus grosse, ils s'entretuent en faisant des gros yeux et en s'insultant...

    Bon, je n'en jette plus la cour est pleine. Je n'ai RIEN compris. Pourquoi ce film ? Olivier Marchal a mal choisi son camp du temps où il était flic. Il voue un véritable culte idolâtre à tout ce qui porte un flingue (mais pas d'uniforme) et s'en sert. Qu'est-ce que c'est que cette façon de glorifier sans recul ni le moindre humour ces types qui tuent comme ils respirent et de nous asséner comme un mantra le fameux code de l'honneur du bandit qui n'a qu'une parole ? Pendant ce temps ces ex collègues nous sont présentés comme des malades fous furieux qui appliquent des méthodes nazies dans les sous sols de la PJ !!!

    Beurcke, à fuir à grandes enjambées !

  • Joueuse de Caroline Bottaro ***

     Sandrine Bonnaire, Caroline Bottaro dans Joueuse (Photo) Kevin Kline, Sandrine Bonnaire, Caroline Bottaro dans Joueuse (Photo) Francis Renaud, Caroline Bottaro dans Joueuse (Photo)

    Hélène est dévouée. A son mari Ange, à sa fille de 15 ans Lisa, à sa patronne Maria. Elle est femme de chambre dans un hôtel d’un petit village de Corse et pour arrondir les fins de mois de sa modeste famille, elle fait le ménage chez le professeur Krüger, un être énigmatique, solitaire et bougon.

    Pour Hélène la question du bonheur ne se pose pas. Comme un brave petit soldat digne et loyal, elle mène sa vie, accomplit ses taches quotidiennement, monotonement sans état d’âme, sans amertume avec un sens quasi instinctif du devoir et des responsabilités. Jusqu’au jour où elle aperçoit derrière un voilage, sur la terrasse d’une chambre dont elle est en train de faire le ménage, un couple amoureux qui joue aux échecs.

    Séduite et fascinée par l’attitude épanouie de la jeune femme (Jennifer Beals, rayonnante) qui gagne la partie, Hélène va tenter d’en savoir plus sur ce jeu inconnu qui l’intrigue. Elle tentera d’abord d’initier son mari qui renoncera rapidement devant la complexité des règles puis après avoir découvert un jeu d’échecs chez le mystérieux Professeur Krüger, elle demandera à ce dernier de lui apprendre à jouer.

    Quelle surprise, pour cette femme simple, réservée, introvertie, l’opposée d’une « working girl » battante, parfaite et ambitieuse de découvrir peu à peu que sa « condition » n’est pas un obstacle au rêve et à son accomplissement !

    L’intérêt pour le jeu va rapidement se transformer en passion qui ne sera pas destructrice mais au contraire élèvera Hélène au lieu de l’abattre. Elle n’assumera pas d’abord cet envol inattendu, vers une forme nouvelle de dignité, de confiance en elle qu’elle ignorait jusque là.

    Son entourage déconcerté commencera par se moquer, mais la nouvelle Hélène tiendra bon et acceptera d’être incomprise, rejetée, reniée. Stupéfaite et étourdie de maîtriser un jeu dont la pièce maîtresse est une femme, la Reine, elle franchira toutes les étapes lui permettant de transcender sa condition sociale et parvenir à être une femme qui dit « non ».

    Mais c’est en douceur, sans prosélytisme, avec beaucoup de finesse, d’élégance, de subtilité et une grande économie de mots que Caroline Bottaro fait de son personnage une héroïne tout en choisissant l’optimisme.

    Les affrontements/face à face/vis-à-vis/tête à tête de Sandrine Bonnaire et Kevin Kline sont les points forts de la mutation de cette chenille en papillon. L’acteur a le charme inné du monolithe de séduction… ça ne veut rien dire, mais je me comprends : il n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour être beau et attirant.

    Quant à Sandrine Bonnaire, elle reste de toute évidence l’une des actrices les plus naturelles qui soit. Malgré une apparence frêle elle a, jusque dans sa démarche la force brute de cette « femme du peuple » qui se révèle. Fragile mais énergique et déterminée, elle peut aussi, comme toujours et dans la même scène passer de l’expression la plus butée ou de l’inquiétude totale au sourire le plus désarmant. Toujours imprévisible et magnifique, elle met dans chacun de ses regards interrogateurs, ainsi que lui fait remarquer le professeur Krüger, une intensité telle qu'on croit que sa vie dépend de la réponse.

    Je n’oublie pas Francis Renaud dans le rôle d’Ange, le mari qui apporte toute la tension, l’ambiguïté qu’on lui connaît. Par crainte du jugement des autres, il résistera d’abord au changement de sa femme qu’il ne reconnaît plus. Cet acteur TROP RARE, subtil et mystérieux est absolument magnifique.

    C’est donc bien aussi pour les comédiens, sublimes, qu’il faut voir ce beau film ensoleillé.