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maurice bénichou

  • OMAR M'A TUER de Roschdy Zem ***

    Omar m'a tuer

    Est-il utile de rappeler les faits ? En juin 1991 une femme est assassinée dans sa villa du Sud de la France. Sur le mur de la cave où le massacre de la dame a eu lieu, écrit avec le sang de la victime les enquêteurs découvrent une inscription : "Omar m'a tuer" avec cette somptueuse faute d'orthographe que seuls les journalistes relèveront. Quelques jours suffisent à la police pour arrêter Omar Raddad, le jardinier de Ghislaine Marchal la victime. Cet "arabe de service" fait un coupable idéal. Néanmoins, malgré un procès et un verdict sans appel, condamné à 18 ans de réclusion criminelle Omar Raddad sera écroué et ne cessera de clamer son innoncence. Il ne devra son salut qu'à Jacques Chirac qui lui accordera la grâce présidentielle. Grâcié 8 ans plus tard mais toujours pas innocenté à ce jour, il ne cesse de se battre pour être réhabilité et laver son honneur souillé. Malgré Jacques Vergès, l'avocat des causes perdues qui, selon ses propres mots trouve en Omar Raddad son premier innocent, cet homme reste la victime d'une erreur judiciaire pendant qu'un assassin court toujours.

    En effet, Roschdy Zem ne laisse pas de place au moindre doute, Omar est innocent et son film est un procès à décharge qui fait apparaître les innombrables zones d'ombre, les irrégularités, les preuves abandonnées ou détruites qui démontrent l'innocence de l'accusé. Ces indices sont tellement nombreux que je n'en cite aucun et vous les laisse découvrir.

    Le réalisateur ne s'acharne pas contre la justice et n'enfonce pas non plus le clou d'une enquête et d'un procès bâclés voire truqués à grand renfort d'effets de manches et de sous-entendus qui laisseraient supposer un acharnement raciste. Il se concentre davantage sur son personnage, un homme tranquille qui dégage une sorte de pureté, une douceur et une indéniable gentillesse, sans omettre quelques "travers" de l'homme telle que son addiction aux jeux de casino ou la fréquentation des prostituées (ce qu'il démentira toujours). Bien qu'en France depuis de nombreuses années Omar Raddad ne parle ni n'écrit le français ce qui fait atteindre aux interrogatoires lors de l'arrestation des sommets d'incompréhension où l'homme ne sait même pas de quoi on lui parle.

    C'est lors de sa détention qu'Omar trouvera le plus de bienveillance et d'humanité de la part des co-détenus de sa cellule. Malgré cela, l'homme entamera une grève de la faim pour tenter de se faire entendre. Est-ce cette grève de la faim ou l'enquête parallèle d'un écrivain grand bourgeois (la partie du film totalement ratée avec un Podalydès tellement mou et peu concerné qu'il semble complètement à côté du sujet, du rôle et du film) manifestement plus préoccupé de l'opportunité d'écrire un best-seller que par l'homme accusé à tort qui ont alerté Chirac ? En tout cas, Omar Raddad est sorti de prison en 1998 mais n'a toujours pas obtenu la révision de son procès.

    Sans emphase et presque classiquement Roschdy Zem clame l'innocence d'Omar Raddad. En cela il est aidé par l'interprétation hallucinante qu'en propose l'immense Sami Bouajila qui sans outrance non plus offre toute l'humanité et la compassion possibles à son personnage.

  • LE CHAT DU RABBIN de Joann Sfar et Antoine Delesvaux **

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    Le chat du Rabbin Sfar n'a pas de nom, alors on l'appelle "le chat du Rabbin". Je trouve qu'il est plutôt moche et qu'il ressemble à un kangourou. Mais il a une particularité : en plus de savoir lire, il parle et c'est tant mieux. Surtout depuis qu'il a avalé un perroquet qui lui tapait sur le haricot. Il considère que sa vraie maîtresse est Zlabya, la fille du Rabbin dont il est fou amoureux. On le comprend, elle est le portrait craché et elle a la voix d'Hafsia Herzi. Mais le Rabbin veut éloigner ce chat qui cause de son ado de fille influençable selon lui, mais surtout très cultivée. Le chat décide de faire sa bar-mitsva... Alors pourquoi avec ce démarrage en fanfare dans une Alger belle comme dans un conte, le réalisateur choisit-il d'embarquer le Rabbin, le chat, un arabe ami et un soldat russe du Tsar (parachuté là de manière absolument incongrue) vers une Jerusalem rêvée en Ethiopie où les juifs sont noirs et vivraient en harmonie avec les autres religions et de laisser Zlabya seule à Alger avec son oncle ??? On ne sait pas. Le road movie d'animation serait une riche idée si un des personnages essentiel n'était pas cloué sur place et s'il y avait davantage d'enchaînement logique entre chaque scène. Ce qui n'est pas le cas. Le voyage censé être initiatique j'imagine, se transforme en une succession de vignettes où il s'agirait évidemment de combattre le racisme et la religion mais sans fluidité. Dommage.

    Cette réserve faite (l'absence de scénario solide et cohérent) il reste néanmoins d'excellentes choses. Visuellement c'est magnifique. Paysages, décors et costumes sont soignés et de toute beauté. Idéologiquement c'est un régal de voir que les trois religions (principales) en prennent plein leur grade, que l'une ne vaut pas mieux que l'autre dans son étalage souvent aberrant et contradictoire de doctrines et de croyances simplistes souvent à la limite de la superstition. Le racisme est subtilement évoqué par ce café en plein Alger "interdit aux Juifs et aux Arabes". Et aussi par l'union au-delà de toute barrière et de tout préjugé d'un russe blond juif aux yeux bleus avec une africaine chrétienne. Mais où Joann Sfar s'en donne à coeur joie c'est en affichant en une scène cruelle et ridicule le racisme petit bourgeois de Tintin au Congo qui croise la route de nos héros !

    Mais ce qui fait une grande part de la réussite du film (très beau visuellement je le répète) est le casting de voix absolument irréprochable et délectable : Maurice Bénichou, Afsia Herzi, François Morel (dans le rôle du chat : GENIAL !), François Damiens (en Tintin abruti), Mathieu Amalric, Fellag, Jean-Pierre Kalfon, Eric Elmosnino, Wojtek Pszoniak, Daniel Cohen.

    Quant à la 3D, gadget une nouvelle fois pas dérangeante, elle n'a toujours strictement rien de convaincant ni d'indispensable.